Zaneta
Zaneta de Petr Vaclav est une plongée documentaire, sans concession au sein de la communauté rom de Tchéquie. Il met en vedette une jeune femme qui aspire à une vie normale. Intéressant.
S’en sortir, à tout prix
« Parce que je suis noir » n’arrête pas de s’excuser David. Noir, ça veut dire Rom, au fin fond de la Bohême, dans le nord de la Tchéquie. Dans ces banlieues et ces paysages délabrés où sa femme Zaneta et lui tentent de se construire une vie.
Le post-communisme est passé par là. Et on ne peut pas dire, une fois le capitalisme installé et la crise arrivée, que le sort de leur communauté s’arrange. Loin de là.
Pire qu’à l’époque communiste
Zaneta et David sont Roms, sédentarisés comme leurs parents et quelques générations avant eux. Ils ont une petite fille Sarah, habitent dans une HLM confortable et coquette, avec la petite sœur de Zaneta. Mais, David a perdu son travail et Zaneta n’a pu décrocher que quelques heures de ménage.
De galère aux services sociaux, qui s’adressent à eux avec une suspicion à peine dissimulée, Zaneta et les siens vivent une discrimination quotidienne. Il sont condamnés à rester aux marges de la société, dans une pauvreté, une précarité qui ne leur laisse espérer que des trafics, des plans D, de la prostitution…. Ils sont aussi victimes du racisme et des violences ordinaires. Impossible donc de se faire une place dans cette société qui ne veut pas d’eux.
Zaneta, victime du racisme ordinaire
Contrairement à David, qui peine à garder la tête hors de l’eau, Zaneta ne baisse pas les bras. Elle veut mener une vie normale, elle y croit, se bat… En reprenant un peu de force au sein de sa communauté, de sa famille élargie où elle n’est pas toujours la bienvenue.
Rarement, un film aura plongé autant au cœur de la communauté la plus paria d’Europe. Petr Vaclav s’y immerge avec un plaisir non dissimulé, mais sans chercher à dresser un catalogue des étapes les plus dures de leur vie. Non, il suit ce couple au quotidien dans leurs moments joyeux comme dans les plus difficiles.
Une plongée quasi-documentaire
Il parvient à Zaneta, du haut de ses bottes à talons, et David, maladroit et moins courageux, moins déterminé qu’elle, très attachants dans leur galère de fric, de reconnaissance sociale, de tentatives de se retrouver ou de faire avoir leurs bons droits.
Une plongée quasi-documentaire dans cette communauté maintenue à la marge de la société, des villes, des banlieues. Et même des bâtiments qui tiennent à peine debout mais que Zaneta s’applique à rendre propres et à décorer soigneusement.
De Petr Vaclav, avec Klaudia Dudova, David Istok, Natalie Hlavacova…
2014 – République Tchèque/France – 1h42
Le film était présenté à l’Acid, le 19 mai 2014 à Cannes.