Non seulement Yuli est noir et pauvre. mais il est cubain. Autant dire qu’il était mal parti pour devenir danseur étoile au Royal Ballet de Londres! Et pourtant… C’est son parcours vers les étoiles que retrace Iciar Bollain.
Danseur étoile cubain
Comment un jeune cubain pauvre et sans aucune relation s’est-il retrouvé danseur étoile du Royal Ballet de Londres? Grâce à son talent bien sûr mais aussi à la volonté inébranlable de son père. Lui était un camionneur descendant d’esclaves, porteur d’une revanche viscérale sur la vie.
Carlos Acosta dit Yuli est né en 1973, dans un quartier de pauvre de Cuba. Quand sa famille maternelle émigre à Miami, sa mère est anéantie par ce départ. Elle ne s’en remettra pas. Le jeune garçon grandit dans la rue et au sein d’une famille aimante. Enfin, à sa façon. Dans le film, il est le benjamin de deux sœurs, dont une est malade. Dans la vie, il était le plus jeune d’une fratrie de 11 enfants.
Du talent et des revers
Son talent pour la danse – il faut être allé à Cuba pour savoir combien la musique et la danse sont partout, dans chaque coin de rue – saute aux yeux. Ses copains de jeu l’insultent et c’est tout de même ce qui compte le plus à ses yeux.
Son père ne l’entend pas ainsi et le force à intégrer l’Ecole nationale de ballet de Cuba. Il l’intègre mais en est chassé pour indiscipline. Il est alors envoyé en pension, contraint d’apprendre à danser.
Du monde entier à Cuba
Invité par le monde entier à 16 ans, il devient à 18 ans le premier jeune danseur du National Ballet de Londres. Mais son pays, ses amis, sa famille lui manquent. À la faveur d’une blessure, il rentre à Cuba et constate le chemin parcouru. Là-bas, les plus motivés s’embarquent sur n’importe quelle embarcation pour émigrer aux Etats-Unis. Au périple de leur vie.
Si Carlos Acosta reprend sa destinée étoilée, – à Houston puis à nouveau à Londres – il garde conscience aigüe de la pauvreté des siens et un goût immodéré pour Cuba. Quand il devient chorégraphe et permanent du Royal Ballet de Londres, il fait venir sa troupe dans son île.
Biopic politique
Il finit par monter un spectacle sur sa vie, Tocororo, en première mondiale à La Havane, puis par s’impliquer localement en créant sa propre compagnie, Acosta Danza et en fondant la Fondation internationale de danse Carlos Acosta, qui aide sur de jeunes talents cubains.
C’est sur la base de son autobiographie, No way home- a cuban dancer’s story, publiée en 2007, que Paul Laverty a construit ce scénario. Primé au Festival de San Sebastian, il mélange le destin extraordinaire de ce danseur magnifique avec les évènements politiques qui ont marqué son île natale. L’un n’allant jamais sans l’autre.
Retour à Cuba
Et c’est justement la force de ce biopic original signé de la réalisatrice espagnole Iciar Bollain. Bien plus qu’elle ne resitue l’action dans le contexte, elle explique comment cet environnement a toujours compté pour faire de Carlos Acosta ce qu’il est devenu.
Un homme bien, un danseur exceptionnel et un authentique amoureux de son île, de sa culture, de sa famille, de ses amis. C’est à eux qu’il se consacre désormais maintenant que son sacre est acquis. Une leçon de vie pleine de grâce et d’intelligence qui est la marque constante d’Iciar Bollain.