Willy 1er raconte l’histoire d’un renouveau, d’une résurrection même. Mais, sans toujours garder la caméra à la bonne distance. Ce premier film réalisé à 4 mains était présenté à l’Acid 2016.
Born again
En 2014, la sélection Un certain Regard s’était ouverte avec Party girl « un film mal élevé » avait dit Nicole Garcia qui lui avait tout de même remis le prix de la compétition en question. Le film avait même reçu la Caméra d’or. Il racontait la vie d’une entraîneuse sur le retour qu’un de ses clients voulait épouser. Elle hésitait et refusait au nom de sa liberté.
De la liberté, Willy le héros de ce premier film étrange, va aussi en avoir le goût. A 50 ans, il perd son frère jumeau suicidaire et décide d’envoyer sa vie valser, après une grosse déprime. Il veut habiter en ville, quitter ses parents, avoir un appartement, un scooter et des amis.
Willy 1er : devenir un homme
Ce portrait bancal d’un type qui n’était rien et envisage de devenir quelqu’un a d’autres points communs avec Party girl. Il a été réalisé par une pléiade de jeunes réalisateurs ( 4 contre 3), s’attache à un personnage d’un milieu très populaire, paysan ici, désocialisé, auquel les auteurs du film semblent viscéralement attachés – la Party girl était notamment filmée par son fils, ici ce sont des jumeaux qui ont déjà consacré à Willy un court-métrage -.
Enfin la forme est proche: mi-fiction, mi-documentaire mais sans qu’on sache définir, ni placer les frontières. Évidemment, l’émancipation de Willy ne sera pas un long fleuve tranquille.
Willy 1er : un portrait non achevé
Visionné dans une copie encore très inachevée, ce film tel qu’il est réalisé ne soulève aucune des ambiguïtés sur la manière d’aborder ce genre de portrait : il reste très inégal et à géométrie variable -donc mal maîtrisé- Parfois condescendant, parfois intéressant, souvent maladroit ou attendu.
Il paraît que Willy, héros involontaire d’une vie trop étroite, aurait grâce au film, appris être autonome, à lire et arrêter de boire. Tant mieux, mais si cela fait une belle vie, si cela prouve les meilleures intentions, cela ne fait pas pour autant un bon film.
Certains ont tendance à s’enthousiasmer sur ces portraits hors norme – Willy 1er a trouvé un distributeur dès l’annonce de sa sélection à l’Acid- mais comme Party girl, il restera un épiphénomène, par ce que ces deux films ont en commun : le fait d’avoir été fait plus par opportunisme que par sincérité.
De Hugo P. Thomas, Marielle Gautier, Ludovic & Zoran Boukherma avec Daniel Vannet, Noémie Lvovsky, Romain Léger
2016 – France 1h22
Willy 1er est présenté à l’Acid 2016.