Wallay (Wallah? Dieu?) de Berni Goldblat raconte, sans les clichés habituels, l’initiation d’un jeune de banlieue à la culture du bled.
Retour aux sources
A 13 ans, Ady est en train de basculer dans la délinquance. Dans sa cité de Vaulx-en-Velin, il organise des larcins et est au fait de tous les trafics. Son père n’a plus l’autorité nécessaire pour le remettre dans le droit chemin.
Pour le sauver, il décide de l’envoyer au bled, le village du Burkina-Faso dont il est lui-même originaire. Et cela, afin que son oncle le prenne en charge. En Afrique, on prétend qu’il faut un village pour élever un enfant. Et toute la famille va se sentir concernée et se souder pour l’aider à grandir.
Le bled, ce n’est pas toujours le paradis
Ady, lui, prend cette décision comme une bonne nouvelle. Il est ravi de découvrir d’où il vient, lui qui revendique ses origines mixtes ici. Il pense partir en vacances. Mais, là-bas, il va déchanter. Très vite, il se rend compte que les codes ne sont pas ceux qu’il connaît. Que les traditions sont strictes et qu’on ne rigole pas avec les rites d’initiations. Et surtout que les décisions ne se discutent pas.
Après des débuts enjôleurs, Ady va devoir prouver qu’il est capable de s’opposer pour de bonnes raisons aux décisions qu’on lui impose. Et en cela, son éducation occidentale va l’aider.
Wallay, loin des clichés
La principale qualité de Wallay est d’éviter les clichés habituels sur la banlieue ou sur le retour au bled, souvent présenté comme une panacée. Ici, le réalisateur, suisse devenu burkinabé après son installation au Burkina Faso, propose une vraie immersion au cœur de la double culture : occidentale et africaine. Chacune a ses faiblesses mais chacune est aussi porteuse de valeurs.
C’est évidemment cette synthèse qui enrichira le jeune Ady. Le récit de cet été initiatique rompt avec les idées toutes faites mais valorise la chance que représente le mélange des cultures. Un bémol, toutefois : le jeu faux du jeune acteur. Dommage qu’il n’arrive pas à se hisser à la hauteur de l’ambition du réalisateur. Mais, cela ne devrait pas imputer la qualité de son message auprès du jeune public.
De Berni Goldblat, avec Makan Nathan Diarra, Ibrahim Koma, Hamadoun Kassogué, Joséphine Kaboré, Mounira Kankolé…
2016 -France/Burkina Faso/Qatar – 1h24
Wallay de Berni Goldblat a été sélectionné à la Berlinale 2017, section Génération, au Fespaco, au Festival de Cannes, section Cannes écrans Juniors et au Champs Elysées Film festival.
© Nina Robinson – Bathysphère