Avec Vendanges, Paul Lacoste se perd dans son ambition de parler des gens, de la précarité du travail et de la vigne. Un deuxième long métrage pour le cinéma hors-sujet!
Vendangeurs, un emploi d’avenir?
Le titre est trompeur. Vendangeurs aurait été plus approprié, puisque c’est aux gens que Paul Lacoste s’intéresse ici. A peine à leurs gestes.
Son premier long métrage, le très sensible Entre les Bras, racontait la passation d’un très grand restaurant gastronomique d’un père à son fils. Ici, Paul Lacoste plonge dans les vignes. Non pas pour y raconter comment on fait le vin, mais plutôt comment un groupe de travailleurs précaires s’engagent à ramasser le raisin. Par goût? Par nécessité surtout.
Un autre visage de la précarité
Il y a peu, ses saisonniers venaient de loin, d’Espagne, d’Afrique ou de Pologne. Encore avant, ils étaient étudiants et gagnaient un peu d’argent en attendant d’entrée à la fac. Désormais, la main d’œuvre est à portée de main, la précarité ayant gagné toutes les strates de notre société et tous les recoins du territoire français.
On suit donc un groupe de femmes et d’hommes qui vont, un mois durant, former une communauté soudée, presque solidaire. En tous cas, impliquée vers un objectif commun : ramasser le raisin, le porter au pressoir pour que le propriétaire du Domaine de Plageoles, à Gaillac dans le sud-est de la France, tire le vin.
Vendanges : un temps fort de travail
Paul Lacoste ne s’intéresse pas à tous -ils sont une vingtaine- mais se concentre parfois sur les uns, parfois sur d’autres sans que l’on sache bien pourquoi. Il part même en filmer certains chez eux, hors vendanges, pour tenter de comprendre ce qui les a amenés à participer cette année à la récolte du raisin. A part un ou deux retraités qui luttent ainsi contre l’isolement (et encore), tous en ont besoin pour vivre. Certains ont choisi ce mode de vie, la plupart le subit.
En ne s’attachant à personne, en ne suivant ni aucune tâche, ni aucune chronologie, ni aucun personnage, Paul Lacoste signe un documentaire très décousu. Du coup, on mélange ces travailleurs qu’on n’identifie jamais. On ne connaît le nom que de un ou deux, par hasard en plus, et seulement dans la deuxième partie du film, quand ils ne sont plus aux vendanges. Dommage car si parler de la précarité de ces travailleurs pauvres pouvait être un sujet pertinent, ne lui donner ni visage ni consistance joue plutôt contre le propos.
L’équipe a, paraît-il, trouver la « matière » filmée décevante (même s’il y a quelques beaux plans). Une fois montée et finie, elle ne s’améliore malheureusement pas. On ne peut que leur donner raison.
De Paul Lacoste
2016 – France – 1h16