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Un ciel bleu comme une chaîne

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En lisant un article du Monde sur une matonne devenue criminelle, Valérie Van Oost trouve l’héroïne et  le point de départ de son troisième roman, Un ciel bleu comme une chaîne. 

Une héroïne de séries TV

A force de rêver plus grand que sa vie de gardienne de prison, Cathy Chatelain – Kathy avec un K dans le roman- est devenue l’héroïne inspirante d’un film, Borgo de Stéphane Demoustier, et d’un roman, Un ciel bleu comme une chaîne, au titre emprunté à un vers de Guillaume Apollinaire. 

Un ciel bleu comme une chaîne de Valérie Van Oost

Elle n’en demandait pas tant et ne doit pas en revenir, Cathy derrière les murs de la prison de Riom  où elle est désormais incarcérée.Dans la (vraie) vie, Cathy vient d’être condamnée à une peine de 23 ans de prison pour avoir désigné par un baiser la victime d’un règlement de compte de la mafia corse, un matin à l’aéroport de Bastia. 

Une vie par procuration

Un ciel bleu comme une chaîne débute quand Kathy est mise en garde à vue et s’achève quand elle comprend que les griefs retenus contre elle la condamne à la prison dont elle connaît si bien les rouages. Mais cette fois, elle ne portera plus d’uniforme et sera derrière les barreaux. 

Le roman décrit avec un suspense très maîtrisé et de nombreux cliffhangers l’affaire dans laquelle elle s’est embourbée, – et il offre vraiment matière à un scénario différent de celui de Borgo, le film -. Valérie Van Oost a choisi de délocaliser l’affaire entre Marseille et Aix en Provence dont elle est elle même originaire, et gomme toute référence à la mafia corse. 

C’est d’ailleurs la personnalité de l’héroïne qui intéresse le plus Valerie Van Oost. La sienne et celle de son avocate commise d’office qui trouve dans ce cas judiciaire l’occasion d’assumer enfin qui elle est après l’avoir longtemps dissimulé. 

Sortie mai 2024

Selon l’autrice, toutes deux ont un point commun : un milieu plus que modeste auquel elles ont voulu échapper, l’une par la réussite scolaire et sociale en devenant avocate, l’autre en s’évadant dans le sport et surtout en vivant par procuration dans les séries télé qu’elle adore. Si l’une comme l’autre ont été bercé par La petite maison dans la prairie, Kathy se voit désormais jouer un rôle dans Mafiosa. 

La construction très habile de ce thriller psychologique, et encore plus psychologique que thriller, met d’ailleurs en exergue de chaque chapitre un extrait de dialogues de ces séries qui font toujours écho à ce qui va s’y révéler. C’est aussi un des points forts de ce roman que de ne jamais perdre l’angle choisi tout au long du récit. Et cela, malgré de longues descriptions des états d’âme de l’une et l’autre qui coupent un peu trop le rythme du récit.

L’autre parti pris et tenu de l’autrice est de s’intéresser à la psychologie des héroïnes, surtout de Kathy d’ailleurs, et moins à ses origines et à son environnement social qui, bien sûr, dictent sa conduite. Au contraire du film, l’approche sociologique n’est pas ici le propos principal. Non, ce que cherche à comprendre Valérie Van Oost, c’est comment l’ennui peut pousser à préférer la fiction et à s’y noyer quelles que soient les responsabilités qui nous incombent. Dans la vraie vie, Cathy a 5 enfants. Dans le livre, elle n’a plus que deux filles – et une seule dans le film-. Sans doute qu’il semble tellement improbable qu’une femme en charge d’une telle famille – et d’après diverses sources, elle restait concernée et aimante avec ses enfants- prenne autant de risques, se mette autant en danger. C’est dommage d’avoir eu peur de cette dimension-là ( c’est-à-dire de notre jugement moral sur elle) car justement, il explique, à mon sens, qu’on a beau avoir une vie pleine – 5 enfants c’est un réel investissement – ce n’est pas pour ça qu’on est comblée ! Cathy voulait plus, elle s’y est brûlé les ailes. 

Un ciel bleu comme une chaîne de Valérie Van Oost. Editions La Trace. 202p.

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