Tout s’est bien passé
Un père âgé et en fin de vie demande à l’une de ses filles de l’aider à mourir. Avec Tout s’est bien passé, François Ozon signe son 22ème long métrage et sa 5e sélection en compétition officielle. Plombant.
Mourir dans la dignité
André, 85 ans, a fait un AVC et sa santé ne va pas fort. D’hôpital en hôpital, il traîne sa carcasse tout en améliorant régulièrement son état de santé. Il demande toutefois à une de ses filles, Emmanuelle, de l’aider à mourir. Elle l’en dissuade. Il persiste. Elle finira par organiser sa prise en charge par une association suisse puisque le suicide assisté est interdit en France.
Il faut d’ailleurs être à la fois discret et très déterminé pour y parvenir. Car n’importe qui peut s’y opposer et dénoncer celles et ceux qui l’ont organisé.
Tout s’est bien passé : une mort clinique
C’est ce qu’on apprend dans Tout s’est bien passé, véritable pas à pas vers le suicide assisté. Aucune étape ne nous est épargnée. On nous somme de regarder la mort en face avec ce qu’elle a de dégradant et de difficile à accepter pour ceux qui restent.
Est-ce violent? Même pas. Émouvant? Pas vraiment tellement le traitement est méthodique. François Ozon n’est pas Mickael Haneke qui avait su être plus touchant avec son film Amour. Ni Stéphane Brizé qui avait su incorporer plus de tensions entre une mère et son fils dans Quelques heures de printemps sur le même sujet.
Un trio d’acteurs remarquable
Si ce n’était cette froideur clinique qui manque d’empathie, il n’y a rien à redire sur la mise en scène qui privilégie la simplicité en insufflant un grain de suspense. Les interprètes sont impeccables. En premier lieu, André Dussolier. Il se délecte manifestement de jouer les vieux malicieux. Il se plait à imposer ses volontés et désirs à ceux qui ne peuvent rien lui refuser. En cabotinant par moment.
Face à lui, Sophie Marceau, dont c’est l’inattendu retour, tient parfaitement son rôle de fille préférée/détestée tandis que Géraldine Pailhas est parfaite en soeur un peu effacée (pourquoi l’effacer autant d’ailleurs? ) On ne comprend pas tout à fait les vieilles rancœurs familiales malgré les flash-backs. La mère, jouée par Charlotte Rampling, est à cet égard désespérément amère, triste… glaçante. Dans l’énergie familiale, cela n’a pas vraiment d’importance. On saisit juste qu’André n’a été ni un père, ni un mari exceptionnel (loin de là! ) et que ses filles n’ont d’autre choix que de l’accompagner dans son projet. Que ça leur plaise ou non.
Tout s’est bien passé – phrase évidemment finale et définitive du film- porte la signature d’Emmanuelle Bernheim, qui a écrit le livre dont le film est inspiré et qui est elle-même décédée quelques temps plus tard. L’adapation est fidèle à son histoire, jusqu’au nom des personnages.
De François Ozon, avec Sophie Marceau, André Dussolier, Geraldine Pailhas. Charlotte Rampling…
2021-France- 1h53
© Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz
Tout s’est passé de François Ozon était en compétition officielle au Festival de Cannes 2021.