Un road-movie désabusé en Bosnie, voilà le sujet du très plaisant premier film, Take me somewhere nice de la réalisatrice Ena Sendijarevic. Il est présenté à l’Acid 2019 lors du Festival de Cannes, et sortira au cinéma le 14 juillet 2021.
Retour en Bosnie
Alma, une jeune fille élevée par sa mère bosniaque aux Pays-Bas doit partir seule voir son père en Bosnie. Elle s’ y prépare très bien, révise la langue et s’achète tout ce qu’il faut avant de partir.
Mais comme les voyages forment la jeunesse, il est rare qu’ils se passent comme prévu. Prise en charge sans tact par Emir, un cousin récalcitrant, Alma est laissée à sa solitude.
Take me somewhere nice in Bosnia
Alma se reprend plutôt vite pour trouver un moyen d’arriver jusqu’à son père hospitalisé à l’autre bout du pays. Ces difficultés qu’elle rencontre, les prouesses qu’elle doit déployer pour parvenir à ses fins la motivent et la font grandir.
Elle reste toutefois sans illusion sur le pays de ses origines, dont il ignore tout ou à peu près. Il faut dire qu’il ne se présente pas sous son meilleur jour. Mais, elle ne l’a jamais idéalisé non plus.
Un été mémorable
Finalement et malgré les obstacles, Alma aura passé un été inoubliable, loin de celui qu’elle avait imaginé. Elle aura surtout compris que son identité est multiple, néerlandaise, bosniaque, femme, jeune et qu’elle devra faire avec.
Que son statut d’émigrée dans un pays riche ne fait pas rêver tout le monde même s’il est envié par certains.
Road-movie réussi
Inspirée de l’héroïne de Stranger than paradise de Jim Jarmusch et de la vie de la réalisatrice, ce road-movie réinvente la relation au pays de ses origines et questionne de nombreux sujets avec pertinence. Comment acquiert-on et gère-t-on son indépendance? Que disent de nous les relations amoureuses? Le sexe est -il différent selon les cultures? Les stratégies amoureuses aussi ? Qu’est-ce qui prime : se sentir chez soi ou profiter des opportunités ? La pauvreté pousse t-elle nécessairement au départ? Que garder de ses origines?
Take me somewhere nice a aussi l’atout d’être fort bien réalisé, dans un format 4/3 original mais parfaitement maîtrisé. Le soin apporté au cadre et au rythme est vraiment intéressant, les situations décrites pertinentes. Une des belles découvertes de l’Acid 2019
D’Ena Sendijarevic, avec Sara Luna Zorić, Lazar Dragojević, Ernad Prnjavorac, Sanja Burić…
2018 – Pays-Bas/Bosnie – 1h31
Take me somewhere nice d’Ena Sendijarevic est présenté à l’Acid le vendredi 17 mai 2019. Le film a reçu le prix spécial du jury au Festival International de Rotterdam. Il sera dans les salles françaises le 14 juillet 2021.