Cannes 2016 – Cafe Society
C’est donc avec Cafe Society, le 46e long métrage de Woody Allen que le 69e Festival de Cannes a ouvert ses portes mercredi 12 mai 2016. Un air de déjà vu, agréable certes, précis mais pas un très grand cru.
C’est donc avec Cafe Society, le 46e long métrage de Woody Allen que le 69e Festival de Cannes a ouvert ses portes mercredi 12 mai 2016. Un air de déjà vu, agréable certes, précis mais pas un très grand cru.
Ah les femmes, la femme ! Tout au long de sa carrière de réalisateur, Woody Allen leur a consacré régulièrement de très beaux portraits qui, aujourd’hui, rejaillissent comme ses oeuvres les plus intéressantes, les plus sincères et donc les réussies.
On se souvient, émue, d’ « Annie Hall », vraie ode d’un homme amoureux à sa femme d’alors, Diane Keaton, de sa période Mia Farrow, (« Hannah et ses sœurs », « Alice » etc…) et de tant d’autres héroïnes… Bref, chez Woody Allen, la muse est forcément féminine, et il restera sans doute l’un des réalisateurs américains à avoir confié à ses actrices les rôles les plus riches et dans des histoires beaucoup plus variées que la production courante.
« Blue Jasmine » s’inscrit dans cette lignée. Et c’est peu dire que c’est une excellente nouvelle tant les derniers films de Woody Allen n’avaient pas été très convaincants. Par pudeur nous ne mentionnerons ni « To Rome with Love », ni « Minuit à Paris », deux errances insignifiantes bourrées de clichés touristiques… Il faut revenir à « Vicky Cristina Barcelona », qui opposait la brune incendiaire Penelope Cruz à la blonde ultra sexy Scarlett Johansson pour retrouver la verve qui fut la sienne. Encore une histoire de femme…
Dans son nouveau film, Jasmine est une femme perdue. On fait sa connaissance juste après son divorce, quand elle est à la dérive complète d’une vie qui fut autre fois magnifique, pour ne pas dire luxuriante. Défaite, à terre, elle a quitté New York pour San Francisco où elle compte se refaire une santé (financière notamment) et retrouver une raison de vivre chez sa soeur, Ginger.
Elles n’ont pour ainsi dire aucun point commun, même pas l’affection qui pourrait les lier. Autant Jasmine est snob, superbe, anciennement riche et ayant appartenu à l’élite new-yorkaise, autant Ginger est une américaine moyenne, popu même, qui peine à joindre les deux bouts et qui se satisfait assez bien de sa condition, du moment qu’elle est aimée.
Jasmine, elle, aime le luxe, le style, l’épate, l’argent, les mondanités…. Son univers factice a beau s’être écroulé, elle ne changerait de repère pour rien au monde. Ginger, elle, a des enfants, des sentiments sincères qui la portent et c’est avec une bienveillance surprenante, une admiration sans borne et une patience hors norme qu’elle accueille sa sœur, chez elle. A durée presque indéterminée.
Pourtant, quand l’une et l’autre finissent par se rapprocher, par adopter quelques stigmates qui leur étaient auparavant étrangers, quand une éclaircie semble percer dans la grisaille de leur existence, Woody Allen s’amuse à déjouer nos pronostics les plus optimistes…
Sans rémission possible, Jasmine est condamnée aux artifices dont elle s’est toujours délectée et paiera cher son addiction au royaume de l’apparence. Sa sœur, plus sincère, s’en sortira forcément un peu mieux. Mais, c’est justement cette morale un peu facile qui condamne par avance le superficiel sur l’authentique qui est la faiblesse principale de cette fable, par ailleurs réussie. Woody Allen a autrefois été plus cruel (dans « Match Point » par exemple) et son film, son propos n’en étaient que plus fort.
« Blue Jasmine » est toutefois un film puissant. Grâce à la prestation absolument époustouflante de Cate Blanchett. Dans ce rôle de snob new yorkaise déchue, de femme à la dérive, l’actrice australienne livre une performance parfaite, un sommet d’interprétation comme il existe peu. Rien que pour elle, ce film est incontournable.
2013 – USA – 1h38
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