L’amour ouf
L’amour ouf de Gilles Lellouche oscille entre l’ode à l’ultra-violence et celle à l’amour culcul, entre un clip de rap et un film de Claude (Lelouch). En lice pour la Palme d’or.
L’amour ouf de Gilles Lellouche oscille entre l’ode à l’ultra-violence et celle à l’amour culcul, entre un clip de rap et un film de Claude (Lelouch). En lice pour la Palme d’or.
Papicha, son premier film, revient sur la décennie noire algérienne à travers une jeune étudiante qui veut organiser un défilé de mode. Mounia Meddour nous explique pourquoi elle a choisi de revenir ainsi sur ces années sombres.
Défigurée à l’acide par son ex, Jade tente de se reconstruire. Dirty god de Sacha Polak s’intéresse aux conséquences. Pas au geste. Etonnamment positif.
Une femme s’engage-t-elle dans l’armée pour Voir du pays? Et comment gère-y-elle la violence qu’elle voit, provoque, subit ? C’est le propos du deuxième film de Delphine et Muriel Coulin. Et c’est formidable.
Le cinéma peut-il être visionnaire? Bertrand Bonello répond directement à cette question avec Nocturama, une sorte de 13 novembre sans idéologie. Presque pire.
Quand un idéal généreux se frotte à la réalité du terrain… voilà le propos de Paulina de Santiago Mitre, grand prix Nespresso de la Semaine de la Critique 2015.
Après Félins et Chimpanzés, Grizzly est le nouvel opus de la collection Disney Nature. Comme à chaque fois, la caméra d’Alastair Fothergill et de Keith Scholey raconte une année d’une espèce animale dans son environnement naturel.
Plutôt que la prendre dans son ensemble, elle s’attache et suit une famille – ici, l’ourse Sky et ses deux petits, Scout et Amber – pour mieux nous faire comprendre leur stratégie de survie.
Ce documentaire met ainsi en lumière les dangers de la vie sauvage, la nécessité pour Sky d’être sans cesse sur le qui-vive. Ses petits représentent constamment une proie facile tant pour les autres ours affamés que pour les loups, alors qu’ils l’épuisent en se nourrissant de son lait.
Filmé à hauteur d’animal et avec une proximité réelle, ce film très scénarisé joue évidemment sur l’attachement que l’on ressent pour ces ours que l’on appelle par leur prénom, sur le suspense de leur quête de nourriture et bien sûr sur la beauté de l’Alaska.
Ce serait une très belle découverte si Terre des ours, réalisé au Kamtchaka russe par Guillaume Vincent et sorti le 26 février dernier, n’avait pas déjà raconté exactement la même histoire, dans un paysage volcanique encore plus spectaculaire. Du déjà vu… sauf pour une séance de rattrapage.
2014 – Etats-Unis – 1h18
En partenariat avec Grains de Sel
Attention ! Ce film est à mettre devant des yeux avertis. Bouboule n’est pas une comédie qui aurait pour héros un jeune obèse dont on se moque gentiment.
Non, ce film relate avant tout que la vie d’un enfant trop gros est une véritable école de l’humiliation, que le réalisateur, Bruno Deville, connaît bien pour l’avoir vécu pendant son enfance.
Bouboule a 12 ans, il pèse plus de 100 kg, mange mal et plus que de raison et évidemment, n’est pas très bien entouré : il a un seul ami, noir, des sœurs sveltes pas très gentilles, une mère maladroite et débordée et un père, récemment séparé, donc très absent.
Entre une consultation chez le médecin chargé de surveiller son poids et des séances d’aquagym, Bouboule se lie avec un maître-chien qui assure la sécurité dans le centre commercial du coin.
Une rencontre qui le fascine mais le rejette encore plus à la marge de la société. Elle s’avèrera toutefois être un passage nécessaire pour qu’enfin, on s’intéresse à lui, et pas seulement à ses kilos.
Pas vraiment drôle, mais pas tragique non plus, Bouboule relève plus du rite de passage d’un jeune adolescent mal dans sa peau et en quête d’une figure paternelle forte. Une expérience certainement salvatrice pour tous ceux qui ont des comptes à régler avec l’âge ingrat et qu’incarne avec beaucoup de justesse David Thielemans, dont c’est le premier film. Pas sûr que la leçon concerne suffisamment les autres.
2014 – Belgique-Suisse – 1h 24
En partenariat avec Grains de Sel
Blackbird (oiseau noir en français ou plutôt vilain petit canard) est un premier film canadien qui se reçoit comme un coup de poing dans le ventre. Pas tellement à cause de sa violence physique mais plutôt à cause de l’acharnement psychologique que subit Sean, un ado mal dans sa peau, justement parce qu’il est mal dans sa peau.
Sean (formidable Connor Jessup) a 15 ans au début du film, il vient de déménager chez son père depuis que son beau-père l’a chassé à cause de son look gothique. Des ongles noirs, un blouson à clou, un tatouage d’anarchiste… bref, un look de rebelle qui a le tort de déplaire à la petite communauté dans laquelle il vit.
Parce qu’il est nouveau, parce qu’il s’habille autrement, on commence à l’humilier et à l’accuser du pire. Il a le malheur de se défendre et s’embarque dans un engrenage kafkaïen.
Victime de la majorité bien pensante et surtout du fameux principe de précaution, il mettra plusieurs années à sortir de cet enfer, à faire entendre sa vérité.
Mais, puisque ce qui ne tue pas rend plus fort, il y trouvera aussi le chemin vers l’affirmation de sa personnalité. Une vraie leçon de vie qui rappelle à tous de ne jamais juger sur les apparences et que la majorité n’a pas toujours raison. Loin de là.
2012 – Canada – 1h 43
En partenariat avec Grains de Sel
Ce qui peut passer par la tête d’un adolescent échappe parfois à toute rationalité. Et même à toute réalité. Quand Xavier apprend que son petit frère Jacques va être scolarisé dans une école « spécialisée » (il ne sait pas en quoi, ni laquelle et on ne le saura jamais), son sang ne fait qu’un tour. Jamais, il ne laissera faire une telle infamie, il ne le laissera subir un tel affront.
Sans plus d’explications, sans poser aucune question, il part en rébellion contre ce qui lui reste de famille (contre son père violent en particulier) quitte à en payer le prix fort. Les dernières vacances d’été que les deux frères vont passer ensemble seront la preuve ultime de leur fraternité et la plus cruelle séparation.
C’est un film dur, « sec comme un coup de trique », revendique son réalisateur Gilles Martinerie. Un premier long métrage qu’il a voulu à la fois sombre et solaire. Solaire, parce qu’il se passe entièrement dans une belle campagne luxuriante, sur le plateau des Millevaches, sombre parce que ce que traverseront ces deux adolescents est atroce. Mais, ce que le film dit de l’entêtement jusqu’à l’absurde d’un adolescent, du fait que sa famille ne l’entende jamais et refuse de communiquer avec lui est si juste qu’il aura peut-être la vertu de délier des langues. Ce qui serait déjà extraordinaire.
2012 – France – 1h22
En partenariat avec Grains de Sel