Je suis un soldat
Quand Louise Bourgoin change de registre et devient l’héroïne d’un drame social sur fond de trafic d’animaux, ça donne Je suis un soldat, le premier long métrage de Laurent Larivière.
Quand Louise Bourgoin change de registre et devient l’héroïne d’un drame social sur fond de trafic d’animaux, ça donne Je suis un soldat, le premier long métrage de Laurent Larivière.
Dans les quartiers pauvres de Bradford, au nord de l’Angleterre, Arbor et Swifty, deux ados renvoyés de l’école pour violence, se mettent à voler des métaux pour un ferrailleur.
Arbor est attiré par l’argent et l’interdit, Swift par les chevaux que Kitten, le ferrailleur crapuleux, possède et dont il se sert pour des courses clandestines. Quand Kitten propose à Swifty de participer à l’une d’entre elles, Arbor dont le comportement est souvent incontrôlable, est jaloux. Il accepte alors d’aller voler du métal dans un endroit plus que dangereux…
Ancré dans la veine du réalisme social du cinéma anglais, ce premier film signé Clio Barnard reprend à son compte le titre et le thème général d’un conte d’Oscar Wilde en le réactualisant. Le géant égoïste est ce Kitten (chaton en anglais), une figure paternelle de substitution pour ces enfants marginalisés par la pauvreté, qui les autorise à fréquenter son domaine (la ferraillerie et les chevaux) à condition qu’ils travaillent pour lui.
Il est aussi la seule autorité à laquelle ils se soumettent, eux qui ne connaissent que des rapports familiaux débridés, peu aimants et surtout des pères soit absents, soit démissionnaires, puisque sans argent, ni travail. Rien d’aimant là non plus, mais au moins, avec Kitten le rapport de force est clair : ils volent des métaux, ils gagnent un peu d’argent, de quoi aider leurs familles dans le besoin.
Evidemment, à cause de sa fougue, de son absence de self control et bien sûr du fait que Swift est bientôt préféré par le géant, Arbor, 13 ans, n’a pas les armes nécessaires pour gérer cette mise en compétition avec son meilleur ami. Sans limite, ni repère, il accepte tout et n’importe quoi et le paiera au prix fort, lui qui n’est qu’une boule de sensibilité à fleur de peau.
Un portrait très fin et jamais moralisateur d’un enfant brisé malgré ses 13 ans, potentiellement dangereux pour lui et pour les autres, relégué à expulser sans cesse sa colère contre et dans un monde finalement plus proche du Moyen-Âge que d’un XXIème civilisé. Perturbant.
Le film, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, a obtenu le Hitchcock d’or au Festival de Dinard 2013 (et deux autres prix).
2013 – Royaume-Uni – 1h31
Les autres sorties 18 décembre critiquées par cine-woman :
© agatha a. nitecka