Monsieur
Un jeune indien riche tombe amoureux de son employée de maison. Monsieur, la première fiction de Rohena Gera, était en compétition à la Semaine de la Critique et a été primé. Sa sortie est prévue le 26 décembre 2018.
Un jeune indien riche tombe amoureux de son employée de maison. Monsieur, la première fiction de Rohena Gera, était en compétition à la Semaine de la Critique et a été primé. Sa sortie est prévue le 26 décembre 2018.
Entre mémoire des vivants et des morts, entre Chine et Hong Kong, le premier film de Fabianny Deschamps est une expérience sonore et visuelle au sein de ces New territories. Pas facile mais émouvant.
Comment un film contemplatif japonais du XXième siècle peut-il avoir une telle résonance avec un poème français du XVIIe siècle de Pierre de Marbeuf (cf.ci-dessous)?
Naomi Kawase signe ici, dans un style pur et avec des images magnifiques, une véritable ode à l’amour et à la mer, à l’amer de l’amour, en mettant en scène une adolescente qui perd sa mère au moment où elle devient une femme et découvre la vie.
Still the water, comme son titre l’indique, parle de mer. Le film débute sur une plage où a échoué un cadavre, un homme au dos tatoué. A cause de lui, la plage est interdite le temps de l’enquête. Ce dont Kyoko se fout éperdument, elle qui a pris l’habitude de nager toute habillée en rentrant de l’école.
Qui est donc cet homme? On l’apprendra incidemment, et finalement, cela n’a pas grand importance, le film ne maniant absolument pas le suspens. Non, ce qui passionne Kawase, c’est justement comment cet événement, comme d’autres bien plus nombreux et encore plus signifiants, vont pousser Kyoko et son jeune amoureux Kaito à devenir adultes.
Et comme tous deux ont une lourde histoire – la mère de Kyoko est gravement malade et sa fille va l’accompagner jusqu’à son dernier souffle, les parents de Kaito sont divorcés et il a besoin de se confronter à son père, qui vit à Tokyo, pour mieux comprendre la vie de sa mère -, Naomi Kawase va prendre le temps de filmer (à la perfection) leurs errances, leurs efforts pour se comprendre, les obstacles qu’ils devront dépasser pour enfin accepter de s’aimer.
Navigant entre tradition millénaire et post-modernisme tokyoïte, la réalisatrice se complet dans une certaine contemplation un peu barbante avouons-le, malgré la rupture de rythme apportée par le segment filmé à Tokyo. La longue agonie de la mère est, elle, interminable, et cela, bien qu’on saisisse, à ce moment-là, toute l’ambition du cinéma de Kawase : celle de traiter de la mort, de la vie, de la mer et de la mère, et de l’amour aussi.
En revanche, la beauté des images et des acteurs, beauté qui n’est pas qu’esthétique mais dépasse largement le simple aspect physique, est à couper le souffle. Le contempler aujourd’hui à la lecture du poème de Marbeuf reste un délice voluptueux. Une expérience poétique de toute beauté.
2014 – Japon – 1h58
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Bao est en CM2 à Taïpei (Taïwan) et ses résultats scolaires laissent à désirer. Il faut dire que ses parents très occupés par leur travail envisagent de divorcer, que sa petite sœur Algue l’insupporte. Enfant taiseux, renfermé sur lui-même, il ne s’intéresse qu’aux jeux vidéo.
On l’envoie chez son grand-père veuf à la campagne pour l’été. Le premier contact est rude, les règles de vie trop strictes.
Il s’y résout et commence même à s’y plaire quand il intègre l’école du village où il est accueilli chaleureusement et quand il se lie d’amitié avec Mingchuan. Un bonheur de courte durée, car si la vie est plus douce à Quchi quà Taïpei, elle va aussi avec son lot de drames, de deuils.
Film initiatique qui oppose la culture traditionnelle à la frénétique vie moderne des villes, « Un été à Quchi » est une chronique à la fois délicate et très dure de la vie d’un enfant asiatique aujourd’hui.
Délaissés par leur famille proche, obnubilée par la performance économique, les jeunes chinois, taïwanais ou coréens ont grandi loin de leurs racines et des valeurs ancestrales, dans un confort acquis mais qui ne suffit pas à leur épanouissement. Une génération sacrifiée qui va nourrir pendant plusieurs décennies l’inspiration des cinéastes de leur pays. A suivre donc…
2013 – Taïwan – 1h49
En partenariat avec Grains de Sel
Deux courts métrages d’une vingtaine de minutes chacun compose ce programme conçu pour les Fêtes. Deux courts-métrages très différents l’un de l’autre, et nos faveurs vont de loin au second.
Le premier, le Noël de Komaneko, est un film japonais de marionnettes, sans autre parole que des onomatopées. Un jeune ourson attend avec impatience la venue de ses parents pour Noël. Il a tellement hâte de les voir qu’il leur confectionne des poupées. Mais, ils ne viendront pas. Son ami Radi-bo décide de construire un véhicule pour les rejoindre… Etrange option que d’avoir choisi un film aussi triste comme introduction à Noël. Si les marionnettes sont adorables, l’histoire est trop dure pour attendrir les plus jeunes.
Heureusement, le second film est délicat et tiré d’une légende russe transposée en Savoie. Le Père Frimas est une sorte de Dieu de la neige qui vit en forêt. Sa tâche consiste à s’assurer que les arbres soient bien blancs, que le manteau neigeux soit bien réparti. Mais, quand une nouvelle venue au village force son mari à aller chercher du bois en plein hiver, il réveille Sylvain, l’esprit de la forêt, et plus rien ne se passe alors comme prévu ! Bourrés d’idées visuelles, ingénieux, ce film, très gracieusement dessiné, reprend quelques traditions savoyardes avant qu’elles ne soient complètement oubliées. Original et très mignon.
2009/2012 – Japon/ France – 0h46
En partenariat avec Grains de Sel
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