El clan
Avec El clan, le réalisateur argentin Pablo Trapero revient sur l’affaire Puccio, un fait divers qui a marqué son enfance. Avec brio.
Avec El clan, le réalisateur argentin Pablo Trapero revient sur l’affaire Puccio, un fait divers qui a marqué son enfance. Avec brio.
Marjane Satrapi restera-t-elle comme la cinéaste d’un seul film? La question se pose alors qu’elle propose The Voices, son quatrième long métrage et son premier film américain.
Andy Mulligan a écrit Trash pour séduire ses élèves adolescents que les classiques barbaient. Désormais, ils pourront en voir l’adaptation, Favelas, au cinéma. L’histoire est donc fictive mais traitée avec un réalisme confondant.
Rafael (Rickson Tevez), un jeune garçon d’un bidonville brésilien, trouve un portefeuille à la décharge où il travaille. Il doit contenir des informations de première importance tant la police est prête à tout pour le retrouver.
Avec ses copains Gardo (Eduardo Luis) et Rato (Gabriel Weinstein), et l’aide involontaire du père missionnaire (Martin Sheen) de son bidonville, Rafael décide de mener l’enquête et de révéler pourquoi la police se fait si menaçante. Ce qu’il va découvrir est au-delà de tout…
Véritable thriller pour enfants déjà grands – il y a quelques scènes de violences particulièrement éprouvantes- , Favelas est un film haletant, le meilleur que signe Stephen Daldry depuis Billy Elliot.
Même s’il ne peut s’empêcher d’être manichéen et simpliste quand il s’attaque à la police et aux politiciens, ni de doper son récit aux bons sentiments.
Son polar parvient pourtant à rester spontané et riche en rebondissements quand il colle à ses héros et à son histoire. Les trois jeunes interprètes, tous débutants, sont formidables de dynamisme et de débrouillardise.
Mené à un rythme d’enfer, ce film, proche, dans l’esprit, de Slumdog Millonaire, devrait être une des belles surprises de cette fin d’année.
2014 – Etats-Unis – 1h53
En partenariat avec Grains de Sel
© Universal Pictures
Pour leur cinquième anniversaire de mariage, Amy et Nick Dunne sont loin d’être à la fête. Leur couple bat sérieusement de l’aile. Le temps de s’épancher auprès de sa soeur en buvant un café, et Nick découvre en rentrant chez lui que sa femme a disparu.
Pendant que la police enquête, et par un savant jeu de flash-backs désynchronisés, sa femme raconte leur vie commune, depuis leur rencontre coup de foudre, leur image de couple idéal jusqu’au délitement de leur mariage. Nick pourrait-il l’avoir tuée? Tout semble l’indiquer…
La vraie bonne idée de ce film, adapté des Apparences de Gillian Flynn, qui signe elle-même le scénario en en ayant semble-t-il radicalement modifié la fin, est d’avoir fait du mariage le centre même du thriller. Immédiatement, tous les éléments sont posés. Il y a un bon, un voire des méchants, un twist et un superbe point de départ : on n’épouse jamais celle ou celui qu’on croit. Evidemment, cette proximité, cette universalité du propos font qu’on adhère immédiatement au sujet du film.
En revanche, et malgré un bon méchant, bien cerné et vraiment odieux, gage de la réussite et du suspense selon le maitre Hitchcock, il manque malheureusement un motif indiscutable. On suit donc pendant 2h30 les soubresauts d’un couple à la dérive, en changeant à mi-course radicalement de point de vue en se demandant constamment : mais pourquoi agissent-ils ainsi? Qu’est-ce qui les pousse, les motive?
Une telle faiblesse – la folie, la rancoeur, la psychopathie ne pouvant pas tout expiiquer – affadit d’emblée ce film, qui soufre en plus, de quelques invraisemblances, surtout dans sa seconde partie : un meurtre non puni, même pas enquêté; un témoin croisé puis oublié…
En revanche, David Fincher scrute ici à la loupe la société américaine et son manichéisme spontané: l’hyper-médiatisation qui définit d’emblée les bons et les méchants, qui condamnent sans savoir et sans jamais se poser de question est montré avec une insistance qui pourraient même flirter avec la lourdeur.
Sa réalisation, comme toujours froide mais élégante, sied parfaitement au thriller et valorise ses deux principaux interprètes irréprochables : Ben Affleck et Rosamund Pike. Mention spéciale au montage inventif, qui malgré les flash-backs non chronologiques et les ellipses, garde une parfaite fluidité au récit en lui donnant un relief inédit.
2014 – USA – 2h29
©20th Century Fox 2014
Samedi 5 avril, à 20h, sera projeté « Le loup derrière la porte » de Fernando Coimbra, lors du 16e Festival du cinéma brésilien de Paris. Cine-Woman l’a vu en avant-première aux Rencontres ciné-latino de Toulouse, et le recommande chaleureusement.
Voici une occasion rêvée et sans doute unique de le découvrir à Paris, puisque sa sortie n’est pas encore datée en France, alors que sa carrière en festival est déjà bien entamée, le film ayant été primé à la Havane, à Rio de Janeiro… Pourquoi pas à Paris où il est en compétition ?
Sylvia est dévastée. Elle vient d’apprendre que sa fille, Clarinha, âgée de 4/5ans, a été kidnappée, à l’école. Au cours de l’interrogatoire policier, son mari, Bernardo, révèle sa liaison avec Rosa qu’il finit par soupçonner d’être à l’origine du rapt. Rosa est alors convoquée au commissariat et donne sa version des faits.
Inspiré d’un fait divers qui secoua le Brésil, ce premier film est haletant comme un thriller grâce à une construction en flash-backs qui révèle les points de vue divergents mais complémentaires des différents protagonistes. L’une est dans le déni, l’autre offre une version très relative, la dernière détruite. L’intrigue, pleine de suspens et de rebondissements, s’enrichit peu à peu sous nos yeux, obligeant à prendre partie pour l’un puis pour l’autre.
Judicieusement, le réalisateur évite toutefois toute surenchère, privilégiant l’émotion et la puissance des sentiments dans cette histoire d’adultère qui aurait dû rester banale. Ici, il est plus question de vie, d’amour, de violence aussi mais bien plus que de manipulation à proprement parlé
A quelques imperfections près – des personnages secondaires inconsistants, une scène de rencontre plate etc…-, ce premier film bien ficelé, maitrisé laisse présager un talent émergent, celui du réalisateur Fernando Coimbra, acteur de théâtre et vidéaste reconnu, déjà réalisateur de 9 courts-métrages.
2013 – Brésil – 1h40
S’il n’y avait qu’une bonne nouvelle pour le cinéma en ce début d’année –outre les nominations de Jane Campion et de Pierre Lescure à Cannes – , ce serait ce film des frères Larrieu.
Chacun de leur opus est un petit événement en soi, rappelez-vous « Un homme, un vrai », « Peindre ou faire l’amour » et le sublime « Les derniers jours du monde », au titre toujours prometteur et à l’originalité non revendiquée mais pourtant affirmée.
Voir un film des Larrieu est une expérience, de celles qui vous grandissent et vous font mûrir, réfléchir un peu sur votre propre vie et surtout vous émouvoir. Car, encore plus qu’à l’intellect, c’est à votre capacité à ressentir qu’ils s’adressent à vous. En adulte, ce qui est rarissime ces temps-ci au cinéma.
« L’amour est un crime parfait » s’inscrit dans cette ligne. C’est un thriller qu’ils qualifient volontiers de suisse, adapté du roman « Incidences » de Philippe Djian. Mathieu Amalric, leur acteur fétiche, y joue Marc, un prof d’université au verbe haut qui passe son temps à séduire ses étudiantes en littérature. Pas toutes. L’homme, beau parleur, est conscient de la puissance de son langage et de son sex-appeal, moins de ses tourments qu’il a profondément enfouis.
Barbara, une de ses étudiantes a disparu sans laisser de traces. Une enquête est en cours. C’est alors que se présente Anna, la belle-mère de Barbara, qui veut comprendre cette disparition. Marc ne va pas rester longtemps indifférent au charme particulier d’Anna…
Peintres des sentiments vrais, de l’amour et du sexe, qui n’est jamais absent de leur film, Jean-Marie et Arnaud Larrieu sont aussi et avant tout peut-être des cinéastes de l’espace. Le film se passe à Lausanne et ne pourrait s’imaginer nulle part ailleurs.
Ils filment avec une aisance inouïe des paysages et des bâtiments qui s’enchaînent avec une limpidité extraordinaire. L’université de Lausanne, tout d’abord, magnifique Rolex Learning Center réalisé par l’agence japonaise d’architecture SANAA, aux parois de verre et aux circulations fluides devient, grâce à eux, un personnage à part entière de l’histoire, celui de l’ambiguïté entre ce qui est montré et ce qui se cache. La mise ne scène de la prégnance des montages et du lac, lorsque Mathieu Amalric tire le rideau de la salle où il enseigne est à cet égard très révélatrice.
Le chalet de Megève ensuite et le long cheminement à travers des routes de montagne enneigées qui semble aboutir au bout d’un monde et de ce qui s’y joue, la maison de Denis Podalydès encore, architecture brute et froide, ou celle nouveau riche de la piscine de Sarah Forestier, et enfin, le magnifique hôtel du dénouement, bâtiment fragile en surplomb d’un lac qu’Amalric n’aurait jamais dû perdre de vue.
Il y aurait tant à dire sur ce polar suisse, riche d’ambivalences, de caractères complexes, d’acteurs géniaux, double ou triple, de scènes provocantes, de dialogues éloquents, de réflexe animal dans un monde qui se voudrait ultra-sophistiqué… que le mieux est encore de se limiter à deux mots : Allez-y ! Vous n’en reviendrez pas…
2013 – France – 1h50
Jane Campion mérite une exception. Que Cine-Woman délaisse le cinéma stricto sensu pour parler d’une série TV, « Top of the lake » diffusée désormais en VOD sur la plate-forme d’Arte. Mais, du cinéma, « Top of the lake » en regorge. Bien plus que certains films.
Jane Campion, seule réalisatrice à avoir remporté une Palme d’Or à Cannes, n’est pas l’unique réalisatrices de « Top of the lake » mais elle en est l’inspiratrice, la productrice, la co-scénariste auprès de Gérard Lee… Elle l’a bel et bien dirigé un épisode sur deux confiant les autres à un certain Garth Davis. Et sa « patte » ne fait aucun doute : les paysages de Nouvelle-Zélande sont sublimés par sa camera et l’intrigue volontiers teintée d’un féminisme très original lui ressemble parfaitement.
L’ensemble de la série est une longue intrigue policière particulièrement retors et complexe. Mais, c’est aussi beaucoup plus que cela. L’histoire débute par une image, vécue par Jane Campion. Tui, une jeune fille de 12 ans, habillée en uniforme d’école, s’enfonce lentement dans un lac glacial. On découvrira par la suite qu’elle est enceinte. Robin, une policière de la brigade des mineures est justement dans le coin –elle en est originaire, y a grandi et venait rendre visite à sa mère malade -. Pour elle, c’est un cas d’espère qu’il faut absolument résoudre (on comprendra pourquoi plus tard). Elle s’y emploiera hors de toutes limites.
Et Robin (Elisabeth Moss, l’ambitieuse de Mad Men) aura fort à faire : non seulement le commissariat est peuplé d’hommes plutôt rustiques, managé par un chef raffiné mais à la moralité douteuse, mais Tui est la fille de Matt (Peter Mullan), un baron local de la drogue qui a un étrange rapport aux femmes (à sa mère et à sa fille notamment) et règne en maître sur un monde qui lui est dévoué. Et puis, Robin doit s’occuper de cette mère malade, mère qui a une ample connaissance des moeurs locales sans les révéler à sa fille. Et Robin renoue aussi avec des vieilles connaissances…
Enfin, il a cette immense domaine, Paradise, situé en bordure du fameux lac, bordé par des montagnes majestueuses qu’une communauté vient d’acquérir au nez et à la barbe de Matt qui revendique un droit de propriété absolue sur cette terre où sa mère est enterrée.
La communauté de Paradise a une particularité : elle n’est composée que de femmes brisées par la vie. Des femmes violentées, désaimées, qui tentent ici de se reconstruire grâce à l’étrange sagesse de leur gourou : la mystérieuse GJ, une sorte de sorcière aux longs cheveux blancs qui économise ses mots mais s’avère fin psychologue. Elle est interprétée avec distance par une Holly Hunter (La leçon de piano) méconnaissable.
L’histoire commence vraiment lorsque Tui va y chercher refuge. Le lendemain matin, elle a disparu et personne ne sait ce qu’elle est devenue…
Outre la réalisation qui est vraiment spectaculaire – les paysages crèvent littéralement l’écran, la nature s’imposant à cette communauté rurale jusque dans leurs réactions entre humains, les personnages sont tous d’une originalité troublante, d’une consistance épaisse, l’intrigue est machiavélique à souhait- , ces six épisodes, parfois un peu âpres à avaler d’un seul coup, interrogent tout du long le rôle, la place de la femme dans la société. Et pas seulement là-bas dans les montagnes. Ici aussi.
« Ce n’est pas une manifeste féministe », déclare Jane Campion, et elle a raison. Mais, « L’identification, c’est une porte d’entrée dans cet autre monde créé par le cinéma. Donc cela m’est naturel de raconter des histoires du point de vue d’une héroïne. Il y a tellement peu de réalisatrices, alors si en plus il faut faire des films sur des hommes… Mais peut-être le ferai-je un jour, qui sait ? La sous-représentation des femmes dans le cinéma, c’est un sujet qui donne envie de bâiller et de grincer des dents à la fois. Que rien n’ait changé depuis tout ce temps, c’est d’un tel ennui ! À mon avis, ce qu’il faudrait, c’est qu’Abraham Lincoln revienne et en fasse un décret : « Que la moitié des films dans le monde soient mis en scène par des femmes.» Mais ça ne risque pas d’arriver ».
Tout est dit. Et la manière dont elle s’intéresse avec humour à cette communauté de femmes malmenées par la vie, elles qui sont hors des canons de beauté habituelles et dont elle les confronte à la grossesse d’une toute jeune fille, d’une enfant même, est d’une subtilité bien plus intéressante que ne l’aurait été un manifeste plus revendicatif. Et que l’enquête soit menée de bout en bout par une jeune femme en plein questionnement sur sa filiation et ses engagements affectifs est d’une portée vraiment passionnante.
Diffusion sur Arte des trois premiers épisodes le jeudi 7 novembre, des trois derniers le jeudi 14 novembre à partir de 20h50.
Dans une banlieue banale d‘une ville américaine, le soir de Thanksgiving, Anne et Joy, deux amies de 6 et 7 ans disparaissent. La police arrête très vite un coupable idéal qu’elle relâche faute de preuves. Le père d’Anna décide de prendre les choses en main. A sa manière… La police, elle, continue son travail de fourmi.
Faire vite quitte à mal faire. Voilà à peu près la devise de Keller, le père d’Anna, interprété toute en puissance par Hugh Jackman. « Au bout d’une semaine, les chances de retrouver un enfant disparu diminuent de moitié, au bout d’un mois, il n’y en a pratiquement plus aucune de le retrouver vivant. Alors, excusez-moi de faire tout ce qui est en mon pouvoir » est une des vindictes qu’il adresse au policier, l’inspecteur Loki, joué par Jake Gyllenhaal, un type brillant mais introverti qui, bien évidemment, enquête en restant dans les clous de la loi.
Le nouveau film du québécois Denis Villeneuve, réalisateur chic qui a marqué les esprits avec « Polytechnique » et surtout « Incendies », est d’abord celui de ce duo, de ces deux hommes unis par hasard sur une même cause mais avec des méthodes opposées. Ils se détestent ou à peu près et ne pourront sans doute jamais se comprendre, ni s’apprécier. Mais, il faut faire avec.
C’est aussi un thriller sombre, presque glauque qui surfe sur les thèmes délicats des enlèvements d’enfants, de la pédophilie, des angoisses parentales etc… avec comme volonté d’impliquer le spectateur en lui disant : « ne jugez pas mais demandez-vous plutôt ce que vous auriez fait à leur place».
Eux, ce sont les parents ou plus exactement les pères de deux fillettes. Les mères, elles, se sont réfugiées dans le silence ou au fond de leur lit, complètement groggy aux barbituriques, complètement incapables qu’elles sont de réagir à une telle tragédie. Bizarre… Le père de Joy fait à peu près confiance à la police, même s’il assiste un peu involontairement Keller, un croyant impulsif, sûr de son bon droit, prompt à se faire justice lui-même, quitte à pulvériser ce qui lui reste de famille et à se détruire lui-même. Une tête brûlée aux intuitions pourtant assez justes.
On erre donc avec eux et ce policier solitaire au gré de leur enquête dans le rayon très limité d’une petite ville de province américaine, entre son commissariat, les maisons des uns et des autres et la forêt voisine.
L’ambiance est immédiatement campée. Quasiment toute l’enquête se déroule la nuit, dans le noir et sous une pluie battante. Quand ce n’est plus le cas, l’atmosphère est glaciale (il neige même parfois) et les maisons de banlieues semblent toutes un peu mal entretenues, un peu délaissés et filmées sans espace, frontalement. De même, la solitude quasi totale du policier fait face à l’isolement des familles dans la douleur, comme si, plus rien ne pouvait les atteindre. Et petit à petit l’étau se resserre autour d’un possible meurtrier, au gré de fausses pistes et de rebondissements qui finissent par se succéder dans une surenchère contre-productive.
A force de vouloir dissimuler puis retarder la résolution, le film n’en finit plus – il dure 2h33 !- et perd en réalisme, en émotion en nous forçant à supporter l’énième étape d’une intrigue à tiroirs. On en sort rincé, essoré même avec cette sensation intense que moins de surenchère dans l’horreur et dans les multiples personnes impliquées à tort ou à raison aurait été bénéfique à cette histoire. La pluie, le froid en moins, Incendies, le film précédent de Denis Villeneuve avait déjà ce défaut.
S’il s’est un peu calmé dans le léchage de l’image qui le caractérisait à ses débuts (Maelström ressemblait à une longue pub pour parfum), il compense désormais par une accumulation de situations, de sous-énigmes. Dès qu’il apprendra l’art de l’épure, Denis Villeneuve sera un grand réalisateur.
2013 – USA – 2h33
Les autres sorties du 9 octobre sur cine-woman : La vie d’Adele d’A Kechiche, la Palme d’or de Cannes 2013, Vandal film frais pour ado d’Hélier Cisterne, le dernier Disney, Planes et la magnifique reprise Sidewalk Stories de Charles Lane.
Ce qui est bien, avec les films d’horreur, c’est qu’ils font (presque) toujours la part belle aux filles. Pour de mauvaises raisons, certes, mais ça reste sans doute le genre cinématographique où les femmes sont les plus nombreuses au casting et peuvent même se disputer les rôles principaux.
Dans « Conjuring, les dossiers Warren », les femmes sont effectivement en surnombre : la famille Perron compte cinq filles, en plus de la mère évidemment. Mais, là, n’est pas la différence principale. C’est une femme, Lorraine Warren, qui va résoudre l’énigme terrifiante traitée dans ce film, grâce à ses talents de médium bien sûr mais aussi grâce à sa sensibilité de mère. Et là franchement, c’est un parti pris inédit.
Soit donc une famille américaine moyenne, les Perron, qui décide dans les années 1970 de déménager dans une vieille ferme isolée du Rhode Island pour y élever tranquillement leurs cinq filles. Très vite, des phénomènes bizarres autant qu’étranges vont troubler ses nuits et bientôt ses jours. La maison semble hantée. Par chance, Carolyn Perron , la mère, assiste à une conférence des démonologues, Ed et Lorraine Warren, et parvient à les convaincre de venir faire un tour chez elle. ce qu’ils découvrent est terrifiant…
La construction de ce pur film d’horreur est extrêmement habile. Ce que l’on suit n’est justement pas les désordres de cette maison à l’histoire très lourde, mais l’enquête que mène le couple Warren, et en particulier Lorraine qui a la vision de ce qui s’y ait passé plusieurs dizaines d’années auparavant. On suit donc le film et sa succession de phénomènes puis de révélations comme un vrai thriller. Tout le catalogue des meilleurs films d’horreur y est pourtant représenté : fantômes, présences inhabituelles, bruits étranges, possession, exorcisme etc etc…
L’autre point intéressant est justement que ce qui motive Lorraine Warren à résoudre ce cas difficile est justement la raison qui a poussé la famille Perron à s’installer dans cette maison. Si elle n’avait pas été une mère concernée, sans doute ne se serait-elle jamais impliquée dans cette énigme.
Enfin, les rôles principaux sont confiées à des actrices connues et reconnues ( ce qui est encore plus rare dans ce genre cinématographique) : Vera Famiga (Lorraine Warren) et Lili Taylor (Carolyn Perron).
Alors, prêt(e)s pour une partie de cache-cache?
2013 – Etats-Unis – 1h50
Le film commence sur une fausse piste et se dénoue dans un labyrinthe. Donc, tout ce que vous lirez à partir de maintenant le concernant sera vrai ou peut-être faux. Inutile de s’attarder sur la trame, puisqu’il faut la vivre pour l’apprécier et en digérer les nombreux rebondissements.
Sachez simplement qu’il est question d’un escroc (Frank) et d’un commissaire-priseur (Simon) qui s’associent pour voler un tableau de Goya, Le vol des sorcières lors d’une vente aux enchères à Londres. Le vol réussit, le tableau disparaît.
Dans sa fuite, Simon reçoit un très violent coup à la tête et sombre dans le coma. A son réveil, il est incapable de se souvenir où il a caché le tableau. Les menaces, les coups, la torture n’y feront rien. Franck songe alors à l’envoyer en séances d’hypnose pour retrouver trace du tableau… A Elisabeth, la thérapeute d’exercer ses talents.
Le film commence donc comme un film noir, un film de gangster banal pour devenir une sorte de thriller psychologique à plusieurs étages. Et si le début de l’énigme est séduisante à décrypter, les méandres infinis qui suivent avec force rebondissements finissent par lasser. Du coup, on perd la finalité du film, le vrai sujet pour une surenchère de découvertes qui n’ont plus rien d’étonnantes tant elles finissent par se neutraliser entre elles.
Un mois après avoir vu le film et avoir ressenti une certaine satisfaction en le voyant – on passe un bon moment : la mise en scène est brillante, le rythme du récit haletant, les acteurs au top etc- on a complètement perdu de vue la trame du récit et finalement le pourquoi du comment d’un tel film. C’est dommage… et cela n’enlève rien au talent de Danny Boyle, sans doute trop préoccupé par la mise en scène de la cérémonie des JO de Londres pour se concentrer sur la limpidité de son récit. Next film, please.
2012 – Angleterre – 1h35