Spartacus et Cassandra
Spartacus et Cassandra sont deux enfants Rom mal paris mais qu’une main tendue va sauver. Un documentaire sensible et pertinent, hors clichés.
Spartacus et Cassandra sont deux enfants Rom mal paris mais qu’une main tendue va sauver. Un documentaire sensible et pertinent, hors clichés.
En 1942, Yoram Fridman, 8 ans, réussit à s’échapper du Ghetto de Varsovie. Seul. Sa famille a disparu et il doit désormais tenter de survivre.
Jusqu’à la fin de la guerre, sa vie sera une longue errance à travers la campagne polonaise. Il parvient à louer ses bras dans les fermes contre une soupe et du pain. Mais, la répression allemande est si forte qu’il se retrouve toujours en danger.
Il bénéficie parfois de l’aide et de la bienveillance de la population locale, est à d’autres moments trahi par ceux qui semblaient lui vouloir du bien ou abandonné par ceux qui devraient prendre soin de lui.
Yoram Fridman survivra à la guerre et c’est son histoire qu’a choisi de retracer ici le réalisateur allemand Pepe Danquart, en adaptant le livre qu’Uri Orblev lui a consacré.
Rebaptisé Srulik, puis Jurek pour faire plus polonais, Yoram Fridman est même parvenu des études et à enseigner les mathématiques après guerre.
Témoignage évidemment très fort sur la persécution des juifs, ce film a la délicatesse de rester très fidèle aux évènements de cette survie extraordinaire. Il se méfie tellement des émotions qu’il peut même paraître un peu froid, un peu distant.
Mais, il soulève judicieusement quelques thèmes forts : la perte d’identité, l’instinct de survie, la dualité humaine, l’incroyable mise en danger de certains pour sauver un inconnu…
2013 – France/Allemagne – 1h47
En partenariat avec Grains de Sel
Trois films sont produits en Bosnie, les années les plus fastes. En voici, une rareté donc, bon, très bon même. Djeca, enfants de Sarajevo raconte le quotidien d’une jeune femme, Rahima, 23 ans, qui a la charge de son petit frère, Nedim, 14 ans. Tous deux ont perdu leurs parents durant la guerre et ils doivent s’assumer seuls, comme ils peuvent.
Pour gagner leur vie, Rahima travaille dans un restaurant où l’ambiance est aussi explosive qu’affectueuse. Le jour où son frère, en pleine crise d’adolescence, se bat avec le fils d’un ministre à l’école, leur fragile équilibre familial menace de basculer.
En filmant au plus près son héroïne, en adoptant son point de vue, la réalisatrice Aida Begic, à qui l’on doit déjà le très remarqué Premières neiges, prend le parti d’un film singulier, intimiste et à la dynamique calquée sur l’énergie inépuisable de son héroïne.
Elle revient de loin Rahima : une enfance durant la guerre, un séjour à l’orphelinat puis une adolescence rebelle, difficile, sans doute un peu (beaucoup ?) junky… Elle a vécu l’enfer et a dû batailler pour trouver sa place dans la société. La religion (elle porte le voile) l’a sans aucun doute aidée. Bref, elle sait de quoi elle parle et cherche à tout prix à protéger son petit frère de cette pente dangereuse. A l’énergie, à la volonté, bravant tous les entraves qui se retrouvent sur leur route, elle leur trace à un destin dont elle a de quoi être fière, même si ce n’est jamais ce qui la motive.
Ce portrait tout en finesse reste un témoignage puissant de la vie aujourd’hui à Sarajevo, près de 20 ans après le siège de la ville et mérite amplement la mention spéciale que le film a obtenu dans la sélection Un certain regard lors du Festival de Cannes 2012.
2012 – Bosnie-Herzégovine/ Allemagne/ France/ Turquie – 1h30
Au Moyen-Âge et à la Renaissance, la licorne a été l’animal merveilleux le plus représenté. C’est d’ailleurs en se remémorant des tapisseries d’époque, que Peter S. Beagle, l’auteur du livre, a eu l’idée de cette heroic fantasy, l’une des premières à avoir été adaptée au cinéma, en 1982.
Une licorne comprend qu’elle est sans doute la dernière de son espèce. Pour en avoir le cœur net, elle quitte sa forêt et rencontre un jeune magicien, pas très sûr de ses pouvoirs, qui dit connaître son histoire. Il la convainc de rejoindre le château du roi Haggard où un redoutable taureau de feu aurait conduit toutes les licornes… Evidemment, la route sera parsemée d’embûches et ce qu’elle va découvrir sur place changera à jamais le sens de son existence.
Ce dessin animé américain au look très années 80 rappellent immédiatement l’univers des séries japonaises pour la télévision d’alors : les couleurs sont criardes, les personnages masculins très émaciés et féminins vaporeux et candides. Normal, puisque l’ancêtre du studio Ghibli contribua largement à le dessiner. Il n’empêche que cette aventure est merveilleuse, dans tous les sens du terme, bien rythmée et mérite qu’on s’y attarde, même si son design et sa musique sont franchement datés.
1982 – USA – 1h32
En partenariat avec Grains de Sel
Albert Einstein aurait dit que si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. Sans envisager une échéance aussi radicale, ce documentaire suisse tente justement d’établir un bilan sur la situation des abeilles dans le monde.
Et il est catastrophique : entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis 15 ans sans réelle explication. Or, un tiers de ce que nous mangeons nécessite leur intervention, puisque les fruits et légumes n’existent que par la pollinisation. Nous avons donc besoin des abeilles, c’est ce qu’il faut retenir du message brouillon de ce film. En passant d’une exploitation à une autre, en multipliant les exemples et les contre-exemples à travers le monde, on finit par perdre le fil du discours. Car, si l’auteur explique que les abeilles sont vitales, il reconnaît aussi à plusieurs reprises qu’elles sauront muter et s’adapter pour survivre, comme elles l’ont déjà fait au Brésil et aux Etats-Unis, quitte à devenir dangereuses pour l’homme. Restent que les images sont très réussies (on plonge à plusieurs reprises au cœur d’un essaim ou d’une ruche), que certaines situations sont très éloquentes – en Chine notamment, où la pollinisation se fait à la main humaine, fleur par fleur- et qu’il semble y avoir un espoir.
2012 – Suisse – 1h28
En partenariat avec Grains de Sel
Voilà plusieurs années que bruissait l’éventuelle adaptation du best-seller de Yann Martel, pourtant réputée impossible. Jean-Pierre Jeunet s’y était cassé les dents et c’est donc Ang Lee (Tigre et dragon) qui s‘y colle. Pi, un jeune indien de Pondichéry, a grandi heureux dans le zoo de son père. Jusqu’au jour où celui décide d’émigrer par bateau au Canada. Le navire fait naufrage et Pi se retrouve sur un canot de sauvetage, seul avec… un tigre du Bengale.
Et c’est évidemment cette incroyable confrontation au beau milieu de l’océan pacifique qui est conté ici. Mais, plus qu’une fable sur la survie, le film est conçu comme une confession du survivant à un auteur fictif et se perd dans un discours religieux, très appuyé, et par moment vraiment embarrassant. Sinon, Ang Lee profite de la 3D pour filmer de près les animaux, la nature sauvage et surtout deux tempêtes en mer dans lesquelles on est plongé sans répit. C’est spectaculaire, certes, mais classique et même trop plan-plan pour qu’on adhère sans réserve. On ne comprend d’ailleurs pas que le film ait récolté autant d’Oscars 2013, dont celui du meilleur réalisateur. Aberrant.
2012 -USA – 2h05
En partenariat avec Grains de Sel
Dans le bayou, au sud de la Louisiane, vivent Hushpuppy, 6 ans et son père. Leur maison est de bric et de broc, leur vie est un rafistolage.
Pourtant, pour rien au monde, ils ne quitteraient cet endroit maudit de dieux où la tempête fait parfois rage jusqu’à inonder leur village. Mais, ils sont d’ici et ne se voient pas vivre ailleurs. Même quand la terre se dérobe sous leurs pieds, quand elle est inondée ou envahie par des hordes d’aurochs. Ils y sont nés et y mourront.
Véritable ode à la forte personnalité et à la puissante culture des gens du Bayou, cette tranche de vie qui mêle réalité, légendes, force de caractère, sens de la fête et fait fi de toute rationalité oppose un père à sa jeune fille ou plutôt propose une passation, celle d’une manière de vivre unique qui ne résiste au temps qui passe et au temps qu’il fait que par la volonté de ses protagonistes. Et ils ont la tête et le cœur durs.
Fable parfois réaliste, ce film a été bardé de récompenses dans les festivals, recevant le Grand prix du Jury à Sundance et la Caméra d’or à Cannes. Si on peut difficilement l’originalité de son propos, il faut accepter de se laisser aller dans cette aventure pas toujours aimable, au filmage tremblé et à l’onirisme parfois un peu plaqué.
2012 – Etats-Unis – 1h32