Perfect mothers
D’Anne Fontaine
Si le paradis sur terre existe, il ressemble sans doute à la magnifique baie qu’habitent Lil et Roz depuis leur enfance. C’est autour de cette plage magnifique, accueillant une mer idéale pour surfer ou pour s’y baigner, déserte autant qu’elle est bordée d’une luxuriante végétation que leur vie s’est construite. A l’abri des regards.
A quatre
Amies inséparables depuis leur tendre enfance, ces deux très belles femmes se rapprochent encore quand le mari de l’une d’elle décède et que celui de l’autre est muté dans une autre ville. Elles finissent par élever leurs fils du même âge, Ian et Tom, quasiment ensemble. A tel point que devenu adulte, l’un des fils tombe amoureux de la mère de son meilleur ami. Ils débutent une liaison… L’autre couple ne tarde pas à se former. A quatre, dans un îlot idyllique, ils entretiennent une sorte d’inceste d’un nouveau genre, non pas basé sur les liens du sang mais sur une promiscuité amicale, quasi familiale.
Adapté d’une courte nouvelle de Doris Lessing, au titre qui laisse présager de la suite, Les grands-mères, elle-même inspirée d’une histoire vraie racontée par un jeune australien envieux dans un bar, ce nouveau film d’Anne Fontaine est d’une ambiguïté remarquable. Elle commence par envoûter le spectateur par la magie des lieux, par la beauté de ses acteurs : les mères sont idéales, blondes, riches, sportives, élancées et se ressemblent un peu, incarnées par Robin Wright et par Naomi Watts, les jeunes hommes de superbes Apollon, l’un blond, l’autre brun, au corps d’athlète, de surfeur.
Paradis sulfureux
Puis, naît ce désir, irrésistible, qui devient hors norme quand il se démultiplie à l’autre couple. Presque naturellement… On ne porte donc pas de jugement moral sur cette double relation, sur cette cellule close dans laquelle ils sont tous enfermés volontaires et vivent épanouis, semble-t-il, sans qu’aucun des quatre ne voient l’intérêt d’en sortir. Comme si ce rêve parfait était trop beau pour être accessible à d’autres avec cette certaine arrogance propre au bonheur qui semble inatteignable (aux autres).
Grâce à la subtilité de ses deux interprètes féminines, à la beauté des jeunes Dieux qui leur redonnent goût à la vie, et à la nature prolifique qui les accueille et qu’elle filme abondamment, Anne Fontaine parvient à jouer de la sensualité des relations sans jamais juger ses personnages. On parierait même qu’elle les envierait même, avec le goût de la transgression qui l’anime toujours, mais encore plus cette fois-ci.
Avec Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel, James Frecheville
2012 – Australie/France – 1h51
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