Avant l’hiver n’est évidemment pas un statut météo (même s’il est de circonstance). Non, le titre suggère cette phase où la vie commence à décliner et où l’on se demande insidieusement : l’ai-je bien vécue ?
Des roses, une épine
Paul, 60 ans, est un neurochirurgien établi dont on peut dire qu’il a réussi sa vie. Il partage avec Lucie, fidèle et présente, une maison splendide au jardin immense qu’elle entretient vaillamment et avec goût. Entre eux, l’harmonie et l’amour règnent depuis plus de 30 ans, et rien ne devrait venir perturber cette union paisible.
Rien, sauf peut-être des bouquets de roses rouges qui sont déposés au cabinet, à l’hôpital où Paul travaille et opère, et chez lui. Et puis, il n’arrête pas de croiser cette jeune femme étrange, Lou. En plein questionnement sur lui-même et sur son existence, Paul finit par s’attacher au mystère de la belle et à vouloir en savoir plus. Même si pour cela, il doit arrêter de travailler et mentir à sa femme.
A la Sautet
Incontestablement, Philippe Claudel, le réalisateur, a été élevé en regardant des films de Claude Sautet, donc il reprend plusieurs éléments : l’ancrage dans la bourgeoisie à l’aise socialement et financièrement, le tournage dans une ville de province, quelques scènes de confrontation familiale lors de grandes tablées aux discussions enlevées, la séparation assez drastique du rôle des sexes et un acteur, Daniel Auteuil. Il lui manque toutefois l’essentiel : la dynamique d’un groupe aux personnalités bien tranchées et le recul critique face à cette choralité qui se nourrit d’elle-même.
Chez Claudel, on suit les méandres existentiels d’un seul homme qui n’est évidemment pas en révolte contre ses semblables, mais seulement contre lui-même. C’est plat et beaucoup moins intéressant que du Sautet, d’autant que la menace vient vraiment d’ailleurs, de cette jeune fille auquel on peine un peu à s’attacher. On ne croit pas beaucoup aux rebondissements narratifs du destin de Paul. Auteuil n’est même pas surprenant. En revanche, Kristin Scott Thomas, et plus étrangement Richard Berry, sont impeccables. Mes leurs atermoiements nous importent peu. Peut-être parce qu’on n’a pas encore l’âge de s’y plonger.
De Philippe Claudel, avec Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Richard Berry et Leïla Bekhti
2013 – France – 1h42
Les autres sorties du 27 novembre critiquées par cine-woman :
Que faire ? Alors que sa vie a toujours été organisée autour de son mari, de sa famille et de son travail très prenant, Caroline a brusquement décidé de prendre sa retraite. Du coup, elle est débordée par son temps libre.
Ses filles l’inscrivent dans un club où elle est censée s’occuper et rencontrer des gens de son âge. Là-bas, elle séduit et est séduite par un homme plus jeune, Julien, un homme à femme avec qui elle va entretenir une relation sexuelle et amoureuse…
L’amour-repère
Ce qui est bien maîtrisé dans le film de Marion Vernoux, adapté avec Fanny Chesnel, son auteur, de « Une jeune fille aux cheveux blancs », c’est justement à la fois la banalité et la singularité de cette relation, qui, loin d’être une quête absolue de rajeunissement, est surtout une façon de franchir une nouvelle étape de la vie. Caroline aime son mari, mais la brutalité de sa décision (prendre sa retraite), quoique motivée, la laisse pantoise. Dans une sorte de lévitation par rapport à son existence dont elle a bousculé les repères. Et finalement, en entamant cette nouvelle histoire d’amour, qui ne menace même pas son mariage mais redonne un intérêt à sa vie, un intérêt pour elle-même, elle finira par retrouver sa structure et un sens véritable..
Pas de mélodrame ici, pas d’effusion massive d’émotions qui n’existent pas vraiment. Non, on est dans le vrai, du côté de l’intelligence des sentiments, pas dans leur démonstration. Mais, il faut nécessairement avoir un peu vécu pour appréhender la joliesse de cette relation loin d’être passionnelle mais tout de même fascinante et troublante.
Troublant Laurent Lafitte
Pas de doute sur le fait que Fanny Ardant (Caroline) était « taillée » pour le rôle. Elle porte en elle la distinction et la distance de ce rôle de femme qui se laisse aller à ce qui lui fait du bien, sans calcul ou manipulation inutile. Mais, la vraie révélation est Laurent Lafitte, qu’on a toujours vu dans des registres plutôt comiques, où il faisait plus ou moins le malin. Rien de cela, ici, il joue un homme très séduisant, un peu immature qui comprend pourtant assez vite que cette relation va enfin réussir à lui mettre un peu de plomb dans l’aile. Pour un temps, au moins.
Avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais…
1h34 – France – 2013
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