Inside Llewyn Davis
En boucle
d’Ethan et Joel Coen
Depuis que son duo musical a pris fin, Llewyn Davis, un guitariste et chanteur folk, tourne en rond. Sans argent (son album solo n’a pas marché), il se produit toujours dans le même bar du Village à New York (on est au début des années 60), erre de canapés en plans foireux, à la recherche d’un sens à sa vie et pourquoi pas d’une issue à ce cercle infernal. La trouvera-t-il ?
En rond
Le nouveau film des frères Coen a ceci d’étonnant : il pourrait difficilement être mieux écrit, mieux filmé, mieux interprété, mieux centré sur son personnage qu’on ne quitte pas une minute et pourtant, il est loin d’être enthousiasmant, passionnant. Sans qu’on s’y ennuie vraiment. Le rythme, lent, semble d’abord un atout quand les deux réalisateurs prennent le temps d’écouter leur héros chanteur, en le filmant en gros plan…
Mais, ce personnage qui n’évolue pas – ce qui est normal, vu qu’il tourne en rond, empêtré dans une situation que l’on découvre au fil du film et dont il ne peut se sortir – qui est constamment pris dans ses propres contradictions (d’où le titre), qui enchaîne sans cesse les mêmes (petites) erreurs, les mêmes mauvais choix, qui accumule les mêmes rancoeurs, finit quand même par le rendre énervant, voire lassant.
Non pas qu’il faille absolument un héros positif à un film, mais ici, sa constante indécision, son refus de l’engagement et du dépassement de ses paradoxes finissent par avoir raison de l’intérêt qu’on lui porte, et par ricochet que l’on porte au film.
Fabuleux Oscar Isaac
Rien à reprocher non plus aux acteurs. Oscar Isaac, à peine croisé dans « Sucker Punch, Drive » ou « W.E » de Madonna, est excellent : il parvient à traîner sa langueur en gardant son charme, qui s’éveille à chaque fois qu’il prend sa guitare. On devrait le revoir très vite, dans un ovni baptisé Thérèse, inspiré de Thérèse Raquin, dans Mojave aux côtés de Louise Bourgouin, dans « Two faces of January » donnant la réplique à Viggo Mortensen et à Kirsten Dunst, dans un film de science-fiction « Ex-Machina ». Carey Mulligan, Justin Timberlake sont méconnaissables, mais convaincants, dans des rôles plus mineurs toutefois.
Le film a reçu le Grand prix au Festival de Cannes 2013.
Avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, John Goodman, Garret Hedlund, Justin Timberlake…
2012 – USA – 1h45
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