Antigone
Sous la caméra de la québécoise Sophie Deraspe, Antigone quitte l’Antiquité pour devenir l’héroïne d’aujourd’hui, à Montréal. Une audace imparfait mais intéressante.
Sous la caméra de la québécoise Sophie Deraspe, Antigone quitte l’Antiquité pour devenir l’héroïne d’aujourd’hui, à Montréal. Une audace imparfait mais intéressante.
Après la tornade Mommy de Xavier Dolan, venez découvrir de quoi est vraiment capable le cinéma québécois .
Du 21 au 26 novembre, au Forum des Images à Paris, aura lieu la 18e édition de Cinéma du Québec. C’est une occasion unique de découvrir des longs métrages inédits en France, réalisés par de jeunes réalisateurs ou par des valeurs sûres.
Cine-Woman s’associe à l’évènement et est partenaire d’une soirée exceptionnelle de ce programme. La leçon de musique de Lewis Furey et Carole Laure, qui aura lieu le mardi 25 novembre à 19h30, et qui sera suivie à 21 h de la projection de Love project, le nouveau film, le quatrième, réalisé par Carole Laure.
Vous voulez participer? Cine-woman vous offre des places… Merci d’envoyer vos coordonnées postales à vlebris@cinewomapx.cluster026.hosting.ovh.net ou en message privé via la page facebook cine-woman ou le compte twitter.
Gabrielle et Martin font partie des Muses, une chorale professionnelle. Ils préparent un spectacle public où ils accompagneront Robert Charlebois. Et puis Gabrielle et Martin s’aiment.
Rien que de très normal, sauf que Gabrielle et Martin sont déficients mentaux. Ce qui signifie que leur quotidien est organisé par leurs proches ou par leur institution, leur intimité aussi. Même s’ils apprennent à s’autonomiser, leur entourage ne semble pas prêt à accepter qu’ils se fréquentent et qu’ils s’aiment. Au fur et à mesure qu’ils se croisent chaque semaine pour chanter, leurs sentiments réciproques deviennent tellement forts qu’il semble de plus en plus impossible de les séparer.
La mère de Martin décide de mettre un terme à cette relation en empêchant son fils de venir aux répétitions. Gabriele, qui est vraiment amoureuse, commence à dépérir sérieusement, et à multiplier les comportements dangereux. Car, dans son cas, les filtres à émotion n’existent pas.
Sur le papier, le pitch est typiquement tout ce qu’on redoute de voir au cinéma. Sur écran, c’est autre chose. En filmant cette histoire comme un documentaire, en s’attardant avec tendresse sur ses personnages et sur leur quotidien compliqué, Louise Archambault réussit à déjouer tous les pièges qui semblaient tendus.
Là, au contraire, on s’attache tellement à Gabrielle et à sa détermination à pouvoir aimer Martin, que sa bataille pour la reconnaissance de son intimité, de ses sentiments devient un combat dans lequel on la soutient. A fond. Sa volonté de vouloir simplement aimer, comme quiconque, devient une conquête émouvante dans laquelle, à défaut de pouvoir l’aider, on se surprend à se refuser de la juger, voire à l’encourager dans la recherche de son bonheur.
C’est si vrai qu’on se moque même de savoir si Louise Archambault a travaillé avec des professionnels ou avec des amateurs, issus du centre où le film est tourné. Sa démarche est si sincère, qu’elle évite le pathos et le larmoyant pour laisser place à l’émotion vraie, comme quand Robert Charlebois vient rencontrer la chorale pour répéter une première fois avec elle. Un petit gars ben ordinaire qui leur fait faire un spectacle extraordinaire. Et touchant.
2013 – Canada – 1h44
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Surtout ne pas se fier au titre. Il a la légèreté d’annoncer une comédie décalée (ce qui n’est pas du tout le cas), voire une bluette enfantine (ce qui l’est encore moins), sans parler de la référence animale qui pourrait faire songer à une fiction animalière (n’y pensez même pas !).
Vic et Flo est une tragédie, une vraie qui se passe au fond d’une érablière québécoise, dans et autour d’une cabane à sucre. Pour ceux qui l’ignorent, la cabane à sucre est un lieu de fête, très fréquentée au printemps quand on récolte la sève des érables pour en faire du sucre. Tout le monde y va, goûter au dernier crû, rouler des sucettes de sirop d’érable dans la neige, la fameuse « tire ». C’est une des traditions les plus vivaces du Québec et une des plus joyeuses, des plus familiales aussi.
Rien de tout ça ici. Vic, pour Victoria, sort d’une longue peine de prison et se réfugie dans la cabane à sucre de son oncle. Elle compte y finir ses jours, isolée de tout et de tous. Enfin, de presque tous, puisque Florence (Romane Bohringer), sa compagne, vient l’y rejoindre. Les deux femmes sont différentes (Vic est plus âgée par exemple) mais elles partagent toutes les deux un lourd passé judiciaire.
Vic pense pouvoir finir sa vie, ainsi, au calme, loin du monde et de la civilisation. Flo en est moins certaine, elle est plus instable aussi. Elle se verrait bien s’installer ailleurs.. Elles n’en auront pas le temps, car le passé va brutalement refaire surface.
Quasi huis-clos forestier, Vic + Flo… reste un film inabouti. Il souffre des mêmes défauts que « Tirez la langue , Mademoiselle » d’Axelle Ropert qui sort aussi ce mercredi 4 septembre 2013. A force de ne vouloir rien révéler des personnages, de leur passé pour ne pas que le spectateur les juge, on se désintéresse totalement de leur sort. On comprend mal ce qui les unit autant (notamment pourquoi Florence reste auprès de Vic), pourquoi Vic se retrouve isolée, abandonnée de tous et incapable de s’occuper de son oncle, comment elles vivent…
Même l’échelle du temps n’est pas suffisamment maîtrisée pour qu’on accorde une quelconque crédibilité à cette histoire. On s’ennuie donc rapidement, alors que un portrait sensible de ces deux femmes fortes et faibles à la fois, mais à la langue bien pendue (ce qui était l’ambition de Denis Côté selon ses propres dires) méritait vraiment que l’on s’y attarde. Surtout que le trio d’acteurs (Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, absente des écrans depuis longtemps, et Marc-André Grondin) fonctionne bien. Dommage même si le film a toutefois reçu l’ours d’argent au Festival de Berlin 2013.
2013 – Canada – 1h36