Qui est la prisonnière de Bordeaux, puisqu’aucune des deux protagonistes n’est en prison ? Patricia Mazuy s’amuse à déjouer le propos mais sans son esprit punk habituel. Lisse malgré les actrices. A la Quinzaine des Cinéastes 2024.
En lisant un article du Monde sur une matonne devenue criminelle, Valérie Van Oost trouve l’héroïne etle point de départ de son troisième roman, Un ciel bleu comme une chaîne.
Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, tous deux documentaristes, ont obtenu l’autorisation de filmer la vie à la prison des Baumettes. Leur film, Des hommes, est sélectionné à l’Acid 2019, à Cannes.
C’est la toute fin de l’été dans cette petite ville perdue du nord des Etats-Unis. Il ne se passe rien, sinon la chaleur accablante et la rentrée prochaine… et l’évasion d’un certain Frank de la prison voisine.
Solitudes
A la lisière de cette ville, dans une grande maison un peu isolée et sombre vit Henry, un jeune ado, seul avec sa mère, Adèle. C’est lui qui va nous raconter l’histoire, inspirée de Long week-end, un best-seller signé Joyce Maynard.
Adèle est une femme triste, lugubre même depuis que le père d’Henry l’a quittée. Elle ne sait plus quoi attendre de la vie, elle qui n’existe que quand elle est aimée et amoureuse.
Rencontre
En allant faire des courses au supermarché du coin, Adèle et Henry tombe justement sur un homme, qui les force à le conduire chez eux. C’est Frank qui n’est évidemment pas aussi méchant que la réputation qui le précède. Au contact d‘Adèle, il va même s’adoucir totalement et commencer à la séduire.
Aucun doute, l’histoire est extrêmement téléphonée mais l’inverse nous aurait déroutés. Donc, Adèle et Frank s’apprivoisent et se séduisent mutuellement, l’un précipitant sa perte quand l’autre réapprend à vivre.
Vieillot
Mais pourquoi diable, avoir fait de cette comédie sentimentale un peu vaine une sorte de roman-photo vieillot, avec des images qui sentent la naphtaline alors que le film est sensé se passer dans les années 80 ?
Et que dire de ces flash-backs pleins de poussière qui viennent de temps à autre, expliquer la vie de l’un à l’autre (c’est d’une lourdeur !) en tant de lui faire comprendre qu’ils sont tous les deux victimes d’une erreur de jeunesse ?
Du chili et une tarte
En plus, le scénario est bourré d’anachronismes, de scènes inutiles (pourquoi l’attache-t-il à la chaise à part pour aggraver son cas ou booster l’érotisme de leur rencontre ?
Qu’y-a-il à sauver de ce cinquième opus de Jason Reitman – on lui doit Thank you for smocking, Juno ou In the air) – dont aucun n’était aussi daté ? Le couple Kate Winslet et Josh Brolin, assurément et deux recettes de cuisine : celle du chili con carne et surtout celle de la tarte aux pêches.
De Jason Reitman, avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith…
Tout commence lors un réveillon de premier de l’an au Palais de Justice de Paris. Ariane, une des juges appliquée, consciencieuse, un peu coincée même, est peu à peu aspirée par la spirale de la fête…On la retrouve quelques mois plus tard, au moment même où elle découvre, primo, qu’elle est enceinte, deuxio, que le père biologique de l’enfant qu’elle porte n’est autre que Bob, un criminel un peu bas de plafond, recherché pour un meurtre particulièrement atroce dont il se prétend innocent.
Par accident
Mais, comment auraient-ils bien pu se rencontrer ? Comment Ariane a-t-elle pu se laisser aller à ce point-là ? Par hasard, Bob décide de profiter de la situation pour faire reconnaître son innocence… A ce contact, la juge s’adoucit.
D’habitude, un film de Dupontel est toujours une épreuve de résistance. Non pas que ses sujets soient inintéressants, au contraire, ni que ce qu’il dénonce ne soit sans aucun fondement. Non, mais ses personnages d’exclus de la société, survoltés et plongés dans des intrigues invraisemblables menées à 100 à l’h, sont souvent épuisantes à suivre. Et comme ils incarnent toujours ses héros, en multipliant les cabrioles et en accentuant le côté burlesque en forçant le trait, une certaine lassitude avait fini par s’installer.
Une femme en tête
Ici, tout change. Pour une fois, la vedette n’est pas Dupontel, mais une femme aux antipodes de ses personnages habituels : elle est plus qu’insérée dans la société, c’est même elle qui fait respecter les lois, elle n’a ni problème de reconnaissance, ni de misère sociale à traîner.
Et comme il a choisi Sandrine Kiberlain pour l’interpréter, elle qui manie l’humour comme un décalage, un décadrage plus que comme une performance spectaculaire, le contraste est aussi innovant qu’intéressant. Du coup, non seulement son comique gagne en profondeur et élargit sa palette (et le film est par moment vraiment très très drôle), mais l’omniprésence fatigante de Dupontel à l’écran est savamment compensé par l’élégance un peu gauche de sa colistière.
A-pai-sé
Du coup, on a enfin la quiétude nécessaire pour apprécier ce qu’il dénonce, et en prenant même le temps de savourer un mot d’esprit, une bonne réplique, un gag récurrent (celui de l’avocat bègue par exemple), un cameo ou une outrance qui, là, sans surenchère, finit par être bienvenue. Comme si Dupontel s’était calmé et se laisse enfin déguster.
D’Albert Dupontel, avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Duquesne, Bouli Lanners…
2013 – France – 1h22
Les autres films du 16 octobre chroniqués sur cine-woman :
Madem, 17 ans, est en vacances avec son père, son jeune frère, ses cousins et cousines dans la maison familiale de l’ïle de Ré. Elle est adolescente, très mystérieuse et son père, sans être vraiment maladroit, n’arrive plus à communiquer avec elle. Repliée sur elle-même, elle passe son temps à scruter la boîte à lettres.
Grandir
Madem a un secret qu’elle partage parfois avec son jeune cousin Vadim : elle entretient une correspondance intime avec un prisonnier qui a le double de son âge et qui est justement détenu à St Martin de Ré. Autant les paroles de son père ne lui seront d’aucun recours, autant la vitalité de la cette fratrie sera un soutien bienvenu.
Pour son premier film, la réalisatrice Shalimar Preuss opte pour une sorte de huis-clos familial, assez silencieux mais parvient à filmer aussi bien l’ennui, la pesanteur des vacances, la difficulté de communiquer avec des adolescents que la joie de se retrouver entre cousins et l’énergie qui en ressort. Ses choix de mise en scène (en caméra portée et subjective) qui la pousse à filmer souvent ses personnages de dos sont contestables mais elle possède a un véritable don pour montrer la nature et la mer, écrasées par le soleil de l’été. Prometteur.
Avec Lou Aziosmanoff, jocelyn Lagarrigue, Nine Aziosmanoff, Manon Aziosmanoff
Surtout ne pas se fier au titre. Il a la légèreté d’annoncer une comédie décalée (ce qui n’est pas du tout le cas), voire une bluette enfantine (ce qui l’est encore moins), sans parler de la référence animale qui pourrait faire songer à une fiction animalière (n’y pensez même pas !).
Fausse piste
Vic et Flo est une tragédie, une vraie qui se passe au fond d’une érablière québécoise, dans et autour d’une cabane à sucre. Pour ceux qui l’ignorent, la cabane à sucre est un lieu de fête, très fréquentée au printemps quand on récolte la sève des érables pour en faire du sucre. Tout le monde y va, goûter au dernier crû, rouler des sucettes de sirop d’érable dans la neige, la fameuse « tire ». C’est une des traditions les plus vivaces du Québec et une des plus joyeuses, des plus familiales aussi.
Rien de tout ça ici. Vic, pour Victoria, sort d’une longue peine de prison et se réfugie dans la cabane à sucre de son oncle. Elle compte y finir ses jours, isolée de tout et de tous. Enfin, de presque tous, puisque Florence (Romane Bohringer), sa compagne, vient l’y rejoindre. Les deux femmes sont différentes (Vic est plus âgée par exemple) mais elles partagent toutes les deux un lourd passé judiciaire.
Faux espoirs
Vic pense pouvoir finir sa vie, ainsi, au calme, loin du monde et de la civilisation. Flo en est moins certaine, elle est plus instable aussi. Elle se verrait bien s’installer ailleurs.. Elles n’en auront pas le temps, car le passé va brutalement refaire surface.
Quasi huis-clos forestier, Vic + Flo… reste un film inabouti. Il souffre des mêmes défauts que « Tirez la langue , Mademoiselle » d’Axelle Ropert qui sort aussi ce mercredi 4 septembre 2013. A force de ne vouloir rien révéler des personnages, de leur passé pour ne pas que le spectateur les juge, on se désintéresse totalement de leur sort. On comprend mal ce qui les unit autant (notamment pourquoi Florence reste auprès de Vic), pourquoi Vic se retrouve isolée, abandonnée de tous et incapable de s’occuper de son oncle, comment elles vivent…
Faux rythme
Même l’échelle du temps n’est pas suffisamment maîtrisée pour qu’on accorde une quelconque crédibilité à cette histoire. On s’ennuie donc rapidement, alors que un portrait sensible de ces deux femmes fortes et faibles à la fois, mais à la langue bien pendue (ce qui était l’ambition de Denis Côté selon ses propres dires) méritait vraiment que l’on s’y attarde. Surtout que le trio d’acteurs (Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, absente des écrans depuis longtemps, et Marc-André Grondin) fonctionne bien. Dommage même si le film a toutefois reçu l’ours d’argent au Festival de Berlin 2013.
De Denis Côté, avec Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, Marc-André Grondin
On connaît sa silhouette, son profil, son diastème, sa coiffure afro, son engagement politique (mais lequel exactement ?) et évidemment son nom, présent dans de nombreuses chansons de Pierre Perret à John Lennon, en passant par les Stones… Mais au fait, pourquoi est connu Angela Davis ?
Qu’a-t-elle fait pour symboliser ainsi la rébellion contre le pouvoir et le militantisme dans tous les pays du monde ? Etait-elle Black Panther ou plutôt partisane de la non violence ?
Wanted
Ce documentaire signée Shola Lynch revient sur son parcours. Avec une simplicité qui l’honore. Angela Davies est une jeune et brillante professeure de philosophie qui enseigne à l’Université de San Diego. Issue d’une famille politiquement engagée, elle devient membre actif d’une organisation qui soutient la cause noire, alors en pleine effervescence à la fin des années 1970 aux Etats-Unis. Elle milite pour une association proche du Black Panther Party et du parti communiste. Quand elle adhère au comité de soutien des frères Soledad (trois prisonniers accusés d’avoir assassiné un gardien de prison en représailles au meurtre d’un co-détenu), son destin bascule à jamais.
Accusée d’avoir fourni les armes qui ont servi une tentative d’évasion des frères Soledad et une prise d’otages qui s’est soldé par la mort d’un juge et de quatre autres personnes, elle est renvoyée de l’Université, doit s’enfuir et devient alors la fugitive la plus recherchée des Etats-Unis.
Symbole mondial de liberté
Retrouvée deux mois plus tard à New York, elle est condamnée à mort, puis acquittée faute de preuve après 16 mois de prison, sous la pression d’un comité de soutien international, baptisé Free Angela. Et c’est alors qu’elle deviendra le symbole de la liberté, du pouvoir au peuple, de la cause noire, du féminisme bref l’incarnation du refus de toutes formes d’oppression, cause qu’elle continue à défendre encore aujourd’hui.
Bien documenté, regroupant à la fois des témoignages actuels et des documents d’archives rares, le deuxième film de la journaliste Shola Lynch dresse un portrait fidèle et complet de cette militante accomplie, toujours active aujourd’hui puisqu’elle a dédiée sa vie à de nombreux combat, tout en revenant sur une époque trouble, vivante, violente dont on a perdu le souvenir aujourd’hui. Passionnant.
Documentaire avec Angela Davis
2012 – France/USA – 1h37
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