Fatih Akin confie à Diane Kruger, le rôle d’une femme devant faire le deuil de son mari et de son fils, tués par un attentat. In the fade est un film d’actualité mais mineur, le premier que l’actrice joue dans sa langue.
Dans le Carré 35 est enterrée la sœur d’Eric Caravaca. Il ne l’a pas connue. Pourtant, il lui consacre un documentaire qui dépasse de loin l’histoire de famille.
La réalisatrice Kathryn Bigelow reprend sa caméra pour ressusciter une page tragique de l’histoire contemporaine des Etats-Unis : les émeutes de Détroit en 1967. Jusqu’à en faire un cas d’école. Brillant!
One kiss est la traduction littérale du titre original Un bacio. Dommage… car elle banalise une belle surprise et un film très touchant dans une veine inhabituelle au cinéma italien. A découvrir donc.
Rares sont les films de cinéma médicaux alors que la TV en regorge. En adaptant Réparer les vivants, le livre ultra-primé de Maylis de Kerangal, Katell Quillévéré franchit ce nouveau cap et s’affirme comme une réalisatrice résolument moderne.
Le cinéma peut-il être visionnaire? Bertrand Bonello répond directement à cette question avec Nocturama, une sorte de 13 novembre sans idéologie. Presque pire.
Entre mémoire des vivants et des morts, entre Chine et Hong Kong, le premier film de Fabianny Deschamps est une expérience sonore et visuelle au sein de ces New territories. Pas facile mais émouvant.
It follows de David Robert Mitchell a reçu le Grand Prix du 22e festival du film fantastique de Gérardmer. Déjà très plébiscité à Toronto et à Deauville, l’opus s’annonçait comme le film le plus fort de la compétition. Les prédictions ont donc eu raison.
A la faveur de ses 7 César, Timbuktu ressort dans 300 salles ce mercredi 25 février.
En 2012, Tombouctou, ville érudite et tolérante du Nord-Mali, est tombée aux mains des djihadistes. Sous leur menace, la vie a changé du tout au tout : obligation pour les femmes de se couvrir entièrement, interdiction de fumer, de jouer au ballon, d’écouter de la musique…
Chronique de l’obscurantisme ordinaire
Le 22 juillet 2012, à Aguelhok, toujours au nord du Mali, un jeune couple, parents de deux enfants, est lapidé pour ne pas s’être uni devant Dieu. C’est ce fait divers, tragique, peu relaté par les médias internationaux qui a finalement décidé Abderahmanne Sissako à prendre sa caméra pour dénoncer l’obscurantisme imposé aux habitants du coin.
Dans sa subtile chronique d’une région affectée, infectée, il s’oppose avec tact et en prenant soin de multiplier les angles de vues et les personnages concernés, et montre comment une poignée de désespérés vont semer la terreur sur des citoyens lambda. Pour rien, si ce n’est pas ignorance et par besoin d’exister.
Terreurs
Par la force, le poids des armes et sous couvert d’une religion que le responsable de la mosquée leur dénie, ils vont brutaliser cette ville, imposer des règles idiotes, terroriser les unes et les autres et sévir au travers d’un tribunal régi par on se sait quelle loi.
Toute occasion est bonne pour imposer leur diktat. Que cet éleveur Touareg ait tué un pêcheur parce que celui-ci avait supprimé sa vache préférée, prise dans ses filets, que ce couple vive sans le savoir dans le péché, que ces jeunes se détendent en chantant chez eux un soir… Eux, en revanche, abusent de leur pouvoir en toute impunité : ils fument, menacent les filles qui refusent de les épouser etc…
Défis
Ils sont pourtant bien faibles, ces « connards » comme les interpelle la folle du village. Il suffit souvent de les défier sur leur propre terrain pour qu’ils abandonnent la partie : l’imam les chasse de la mosquée, la vendeuse de poisson refuse de se couvrir les mains etc.
Sissako décrit ainsi avec douceur et sans ostentation la vie telle qu’elle est ici imposée. A tous. Même au Touareg qui vit sous sa tente dans le désert. Chronique d’une ville sous influence malsaine, il décrie cet enfer, cette terreur inutile, ces résistants en s’inspirant de cas réels tout en se moquant de la bêtise de ces pauvres types que le désespoir a conduit au pire.
Témoignage salutaire
Le film, très calme, superbement filmé, est salutaire, indispensable, parce qu’il exprime, représente ce que fut, ce qu’est toujours le quotidien atroce de milliers de gens. Au Mali ou ailleurs.
Pour cet exemple, pour ce qu’il dit au moment où il le dit, ce film aurait dû figurer au palmarès du Festival de Cannes 2014. Ce n’est pas le cas. Une occasion manquée qui malheureusement, risque de ne pas se représenter de sitôt. Sissako a su témoigner. Dommage de ne pas l’avoir mieux entendu. Voilà pourquoi aller voir ce film reste un acte militant. Allez-y!
D’Abderrahmane Sissako, avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara…
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