Ma vie avec Liberace
Last dance
La boucle serait bouclée. Steven Soderbergh, réalisateur américain révélé à Cannes en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéos (Palme d’Or) achève sa carrière avec vingt-sixième et soi disant dernier film, lui aussi présenté à Cannes en 2013, Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra).
Biopic classique
Après une carrière prolifique, qui a traité de sujets aussi différents que la misère sexuelle, le combat d’une mère de famille contre la mafia de l’eau, les accords industriels occultes, qui a abordé le cinéma dans à peu près tous ses genres allant même flirté avec l’expérimental, Soderbergh finit son œuvre par un biopic des plus classiques, qui met en valeur dans des rôles à Oscar (mais complètement oublié du palmarès cannois) deux acteurs dont on connaissait déjà le talent : Michael Douglas et Matt Damon.
Au hasard d’une de ses liaisons amoureuses, Scott, un petit gars de Wisconsin très beau garçon, rencontre Liberace, un pianiste, une star spectaculaire qui se produit à Las Vegas. Liberace est richissime, extraverti, homosexuel (non revendiqué officiellement même si cela semble difficilement à croire aujourd’hui) à la libido épanouie. Scott est plus réservé mais il finit par se laisser séduire par l’homme, par sa vie fastueuse et par tomber très amoureux. Mais, évidemment la belle romance finit par se gâter… et après plusieurs tempêtes les deux hommes se séparent. Liberace tombe malade et meurt du sida en 1987.
Numéro d’acteurs
Que dire de cette passion déçue sinon que la grandiloquence des décors lui donne la forme d’un grand spectacle kitsch à ravir, au mauvais goût revendiqué, sauvé par un duo d’acteurs exceptionnel ? Michael Douglas revient sur le devant de la scène avec un rôle à sa démesure, dans lequel il prend manifestement « son pied ». Sans être caricaturale mais toutefois très démonstrative, sa prestation est impeccable depuis ses débuts flamboyants à sa déchéance due à la maladie. Matt Damon, dans une interprétation moins spectaculaire, parvient à garder toute sa place. Liberace est avant tout un numéro d‘acteurs donc.
On attendait plus de Soderbergh pour la fin de sa carrière, un film plus surprenant, plus époustouflant, plus innovant aussi et de facture moins classique.… Un sujet qui parle plus de son époque, qui manie avec plus d’intensité une mise en scène impeccable avec un thème déroutant. Peut-être le prochain.
De Steven Soderbergh, Avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd…
2013 – USA – 1h58
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. La bataille de Solferino de Justine Triet, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, L’oeil du cyclonede Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros