Mud
De Jeff Nicholas
Sur une île du Mississipi, où ils aiment se promener, jouer et rêver, Ellis et Neckborne, tous les deux 14 ans, repèrent, un jour un personnage étrange. Mud a une allure différente mais attirante : il ne vit de rien, armé seulement de son pistolet et d’une chemise qui le protège. Il fascine tant les deux ados qu’ils commencent à lui apporter à manger. Bientôt, il se confie à eux.
Mud prétend avoir tué un homme pour les beaux yeux de Juniper, qui vient justement de débarquer en ville. Des tueurs seraient à ses trousses. Avec l’aide des deux ados, Mud va remettre en marche un bateau que les deux jeunes lorgnaient. Mais Mud dit-il vrai ? Est-il aussi amoureux de Juniper qu’il le prétend ? Comment connaît-il tout ce monde sans que personne ne lui vienne en aide ?
Déjà vu
Inutile d’attendre trop de réponses de ce film qui en pose plus qu’il n’en apporte. Mud est certes un personnage atypique, mais le cinéma est plein de ces figures marginales attachantes, de ces rencontres improbables qui aident à grandir ou à changer de destin. Qu’importe finalement ce qu’il a fait ou non, il est du genre à retomber toujours sur ses pattes, à sauver sa peau in extremis sans grande conviction, ni ambition toutefois.
La réaction des deux gamins est un peu plus intéressante, surtout celle d’Ellis qui subit tous les jours la mésentente de ses parents alors que lui ne rêve que d’amour et qu’il interprète tout à cette aune.
Pour le reste, et malgré l’enthousiasme qu’il semble susciter, ce film à la mode laisse vraiment sur sa faim : on peine à s’intéresser à cette Amérique profonde, régie par la loi du Talion, parce que sa présentation est trop biaisée et irréaliste. Encore plus quand arrive le final aussi explosif, maladroit que malvenu et d’une violence complètement démesurée pour être crédible, alors que le film tente justement de décrire une certaine réalité sociale.
Mud est encore plus décevant que Les Bêtes du sud sauvage, film dans la même veine qui défendait un univers semblable, typique du Mississipi et de l’influence que sa nature a nécessairement sur le comportement de ses habitants. Mais, alors que l’autre film défendait un propos, le vide de celui-ci n’en est que plus sidérant. Même le jeu des acteurs vedettes semble artificiel : Matthew McConaughey n’est jamais subtil et parfois même grotesque, Reese Witherspoon n’a rien à défendre. Seuls les gamins (Tye Sheridan en tête) tirent dignement leur épingle du jeu. C’est peu.
Avec Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Tye Sheridan, Jacob Lofland, Sam Shepard
2012 – Etats-Unis – 2h10