Chez les Bélier, on ne s’entend pas ! Et pourtant, personne ne parle… ou presque. A part Paula, la fille, tout le monde est sourd, mais ce n’est pas une raison pour ne pas communiquer. Et Paula est chargée d’échanger avec le monde extérieur.
Couper les ponts
Même si l’ambiance de la ferme où ils habitent est chaleureuse, enjouée, lourde aussi parfois, Paula a les préoccupations de son âge : le lycée, les garçons et sa nouvelle passion, le chant chorale.
Mais, comment faire comprendre à sa famille sourde qu’elle a une voix extraordinaire ? Et que si elle veut essayer de construire son avenir avec, c’est à Paris que cela se joue, c’est-à-dire loin des siens qui ont tant besoin d’elle ?
Peu de mots, beaucoup de notes
Avec un enjeu pareil, on pouvait s’attendre au pire et pourtant, c’est le meilleur qui surgit à l’écran. La Famille Bélier est un de ces très belles surprises qui va enjoliver la période des Fêtes. C’est avant tout une comédie très forte en émotions, où l’on passe sans cesse du rire aux larmes.
Ce film, qui mixte langue de signes et paroles, a, en plus, la chance d’être porté par de merveilleux acteurs, Karine Viard, François Damiens, qui ne disent pas un mot, Eric Elmosnino qui, lui, parle trop et la magnifique Louane Emera, à la voix sublime révélée par The Voice et au charme un peu bourru touchant. Et rythmé par des répliques efficaces comme « quand il n’y a plus aucun espoir, il reste Michel Sardou ». Joyeux !
D’Eric Lartigau, avec Karine Viard, François Damiens, Eric Elmosnino, Louane Emera…
S’il n’y avait qu’une bonne nouvelle pour le cinéma en ce début d’année –outre les nominations de Jane Campion et de Pierre Lescure à Cannes – , ce serait ce film des frères Larrieu.
Pour adultes
Chacun de leur opus est un petit événement en soi, rappelez-vous « Un homme, un vrai », « Peindre ou faire l’amour » et le sublime « Les derniers jours du monde », au titre toujours prometteur et à l’originalité non revendiquée mais pourtant affirmée.
Voir un film des Larrieu est une expérience, de celles qui vous grandissent et vous font mûrir, réfléchir un peu sur votre propre vie et surtout vous émouvoir. Car, encore plus qu’à l’intellect, c’est à votre capacité à ressentir qu’ils s’adressent à vous. En adulte, ce qui est rarissime ces temps-ci au cinéma.
Thriller dans la neige
« L’amour est un crime parfait » s’inscrit dans cette ligne. C’est un thriller qu’ils qualifient volontiers de suisse, adapté du roman « Incidences » de Philippe Djian. Mathieu Amalric, leur acteur fétiche, y joue Marc, un prof d’université au verbe haut qui passe son temps à séduire ses étudiantes en littérature. Pas toutes. L’homme, beau parleur, est conscient de la puissance de son langage et de son sex-appeal, moins de ses tourments qu’il a profondément enfouis.
Barbara, une de ses étudiantes a disparu sans laisser de traces. Une enquête est en cours. C’est alors que se présente Anna, la belle-mère de Barbara, qui veut comprendre cette disparition. Marc ne va pas rester longtemps indifférent au charme particulier d’Anna…
Réalisateurs de l’espace
Peintres des sentiments vrais, de l’amour et du sexe, qui n’est jamais absent de leur film, Jean-Marie et Arnaud Larrieu sont aussi et avant tout peut-être des cinéastes de l’espace. Le film se passe à Lausanne et ne pourrait s’imaginer nulle part ailleurs.
Ils filment avec une aisance inouïe des paysages et des bâtiments qui s’enchaînent avec une limpidité extraordinaire. L’université de Lausanne, tout d’abord, magnifique Rolex Learning Center réalisé par l’agence japonaise d’architecture SANAA, aux parois de verre et aux circulations fluides devient, grâce à eux, un personnage à part entière de l’histoire, celui de l’ambiguïté entre ce qui est montré et ce qui se cache. La mise ne scène de la prégnance des montages et du lac, lorsque Mathieu Amalric tire le rideau de la salle où il enseigne est à cet égard très révélatrice.
Un lieu, du sens
Le chalet de Megève ensuite et le long cheminement à travers des routes de montagne enneigées qui semble aboutir au bout d’un monde et de ce qui s’y joue, la maison de Denis Podalydès encore, architecture brute et froide, ou celle nouveau riche de la piscine de Sarah Forestier, et enfin, le magnifique hôtel du dénouement, bâtiment fragile en surplomb d’un lac qu’Amalric n’aurait jamais dû perdre de vue.
Il y aurait tant à dire sur ce polar suisse, riche d’ambivalences, de caractères complexes, d’acteurs géniaux, double ou triple, de scènes provocantes, de dialogues éloquents, de réflexe animal dans un monde qui se voudrait ultra-sophistiqué… que le mieux est encore de se limiter à deux mots : Allez-y ! Vous n’en reviendrez pas…
De Jean-Marie et Arnaud Larrieu, avec Mathieu Amalric, Karine Viard, Maïwenn, Denis Podalydès, Sarah Forestier…
2013 – France – 1h50
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