Devoir de mémoire
Kim Vercoe est une actrice de théâtre australienne qui n’aime rien moins que sortir des sentiers battus. Une année, elle décide de venir passer ses vacances, seule, en Bosnie. Avertie, elle les prépare en lisant plusieurs livres dont un guide de voyage et se retrouve à séjourner quelques jours à Visegrad, un village qui ne semble pas avoir été affecté par la guerre : aucune trace de démolition, aucun mémorial ne sont apparents.
Hôtel hanté
Pourtant, les nuits qu’elle passe à l’hôtel recommandé par son guide, sont atroces. Kim finit par se renseigner et découvre avec horreur que 1757 personnes ont été assassinées à Visegrad et 200 femmes ont été violées et tuées dans l’hôtel où elle loge. Les meubles de chambres n’ont même pas été changés depuis.
Traumatisée, Kim rentre chez elle mais les fantômes de Visegrad la hantent tant qu’elle décide d’écrire une pièce de théâtre. C’est en découvrant la vidéo de Sept kilomètres Nord-Est que la réalisatrice Jasmila Zbanic, révélée par son film Sarajevo, mon amour, – Ours d’Or à Berlin en 2006, lui aussi sur la vie d’une femme et de la fille qu’elle a eut suite à un viol pendant la guerre de Bosnie-, la contacte.
Honorer les victimes
Ensemble, elles décident alors de revenir sur ce qui s’est passé à Visegrad et expriment la même nécessité à honorer la mémoire de toutes ces victimes. L’histoire est puissante, tellement troublante que ce film, mi-fiction, mi-documentaire, mériterait un fort impact.
Ce ne sera sans doute pas le cas –c’est une petite sortie- et pourtant, il mène une enquête salvatrice sur les difficultés de vivre après une guerre, en gardant vivace la mémoire de ce qui s’est passé, Sans déni, sans outrance, sans jugement même. Avec un regard juste, légitime et tout simplement humain pour les victimes et leurs mémoires. Ce qui est loin d’être facile mais reste indispensable.
De Jasmila Zbanic, avec Kim Vercoe, Boris Isakovic, Simon McBurney…
2013 – Bosnie-Herzégovine – 1h13
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