Les dorayakis de Naomi Kawase
Voici la recette des dorayakis de Naomi Kawase.
Voici la recette des dorayakis de Naomi Kawase.
Naomi Kawase signe un film aussi délicat que gourmet : les délices de Tokyo. Succulent!
Le réalisateur japonais des Enfants-loups, revient avec Le garçon et la bête, encore un manga sur la confrontation des mondes humain et animal.
Tokyo fiancée est la troisième adaptation d’un livre de l’écrivaine belge. Amélie Nothomb est-elle soluble au cinéma? Ses livres peuvent-ils faire de bons de films?
Angelina Jolie est une guerrière. Dans ses films comme dans sa vie. Comme Lara Croft ou Mme Smith, qu’il s’agisse de se constituer une famille ou de prévenir un cancer du sein, pour elle, la meilleure défense est toujours l’attaque.
Le premier long métrage qu’elle a réalisé, Au pays du sang et du miel, traitait de la relation impossible entre une bosniaque et un soldat serbe durant la guerre de Bosnie. Sous couvert d’une protection, la femme devenait la maîtresse d’un de ses ennemis. Et même si elle l’avait aimé avant guerre, les circonstances avaient rendu cet amour inconvenant, insupportable.
Invincible, Unbroken en VO, son deuxième film en tant que réalisatrice, raconte le destin à peine croyable de Louis Zamperini.
Beau jeune homme un poil rebelle, immigré italien de la deuxième génération, Louis remporte une médaille de bronze lors des JO de Berlin, en 1936, alors qu’il n’était même pas favori.
Son espoir d’enrichir son palmarès sportif aux prochains Jeux Olympiques, prévus à Tokyo, se heurte à la seconde guerre mondiale où il sévit comme bombardier sur le front pacifique. Une de ses missions échoue. Il se retrouve naufragé sur un canot pneumatique, dérive pendant 45 jours avant d’être finalement sauvé par l’armée japonaise.
Enfermé dans un camp de prisonniers qui relève plus du camp de redressement, il devient la bête noire d’un officier du camp. Tour à tour humilié, battu, laissé pour mort, il survit à tout miraculeusement. Libéré, il passera le reste de sa vie à pardonner.
Le vrai Louis Zamperini est mort en 2014, non sans être retourné au Japon, pays de malédiction pour lui, et y avoir couru les 5000m à Tokyo, à l’âge de 88 ans.
Destin hors du commun, Louis Zamperini, homme peut-être pas invincible mais au tempérament en acier trempé, méritait sans doute un biopic. Mais celui qu’Angelina Jolie lui consacre pose question. Très démonstratif, il aborde sans subtilités mais avec au moins au début un art certain de l’ellipse, l’incroyable force mentale de cet homme, sans jamais essayer d’en expliquer les raisons.
Son film finit par devenir un succession de sévices et d’humiliations, tous montrés face caméra, dans un acharnement qui ne laisse place à aucun recul, aucune remise en cause. Comme si Angelina Jolie était littéralement fascinée par cette ultra-violence. Rien dans la réalisation ne cherche à éviter cette démonstration. Rien et surtout pas la musique assourdissante d’Alexandre Desplat, qui renforce encore cette surenchère inutilement.
La faiblesse du film n’est pas son manque de talent. Les frères Coen, Richard Lagravenese et Willam Nicholson ont écrit un scénario sérieux, documenté, à partir du livre de Laura Hillenbrad. Le jeune Jack O’Connel, à peine remarqué dans Les poings contre les murs et le dernier opus de 300, tient bien son rôle, jouant de son physique avantageux et sportif. Non c’est une question d’éthique et de volonté d’asséner qui choque, lasse et finalement va à l’encontre d’un personnage qui aurait mérité qu’on le traite avec tact et générosité.
2014 – USA – 2h18
Comment un film contemplatif japonais du XXième siècle peut-il avoir une telle résonance avec un poème français du XVIIe siècle de Pierre de Marbeuf (cf.ci-dessous)?
Naomi Kawase signe ici, dans un style pur et avec des images magnifiques, une véritable ode à l’amour et à la mer, à l’amer de l’amour, en mettant en scène une adolescente qui perd sa mère au moment où elle devient une femme et découvre la vie.
Still the water, comme son titre l’indique, parle de mer. Le film débute sur une plage où a échoué un cadavre, un homme au dos tatoué. A cause de lui, la plage est interdite le temps de l’enquête. Ce dont Kyoko se fout éperdument, elle qui a pris l’habitude de nager toute habillée en rentrant de l’école.
Qui est donc cet homme? On l’apprendra incidemment, et finalement, cela n’a pas grand importance, le film ne maniant absolument pas le suspens. Non, ce qui passionne Kawase, c’est justement comment cet événement, comme d’autres bien plus nombreux et encore plus signifiants, vont pousser Kyoko et son jeune amoureux Kaito à devenir adultes.
Et comme tous deux ont une lourde histoire – la mère de Kyoko est gravement malade et sa fille va l’accompagner jusqu’à son dernier souffle, les parents de Kaito sont divorcés et il a besoin de se confronter à son père, qui vit à Tokyo, pour mieux comprendre la vie de sa mère -, Naomi Kawase va prendre le temps de filmer (à la perfection) leurs errances, leurs efforts pour se comprendre, les obstacles qu’ils devront dépasser pour enfin accepter de s’aimer.
Navigant entre tradition millénaire et post-modernisme tokyoïte, la réalisatrice se complet dans une certaine contemplation un peu barbante avouons-le, malgré la rupture de rythme apportée par le segment filmé à Tokyo. La longue agonie de la mère est, elle, interminable, et cela, bien qu’on saisisse, à ce moment-là, toute l’ambition du cinéma de Kawase : celle de traiter de la mort, de la vie, de la mer et de la mère, et de l’amour aussi.
En revanche, la beauté des images et des acteurs, beauté qui n’est pas qu’esthétique mais dépasse largement le simple aspect physique, est à couper le souffle. Le contempler aujourd’hui à la lecture du poème de Marbeuf reste un délice voluptueux. Une expérience poétique de toute beauté.
2014 – Japon – 1h58
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
En 1945, alors que ses habitants croient que la guerre est finie, l’île de Shikotan, au nord du Japon, est soudain envahie par les Russes. Une fois les biens confisqués aux locaux, les deux communautés apprennent à cohabiter.
En 1947 toutefois, les habitants de l’île sont emmenés de force à Sakhaline, sur le continent , en Russie, et détenus dans une sorte de camp de réfugiés, avant de pouvoir enfin revenir au Japon.
C’est cet épisode historique inconnu en France que reprend en détail ce dessin animé, réalisé par Mizuho Nishikubo, réputé pour sa collaboration sur « Ghost in the Shell » 1 et 2.
L’histoire y est racontée du point de vue de Junpei Senô, un petit garçon d’une dizaine d’années qui subit les évènements, les disparitions avec le flegme de son âge. C’est aussi à cette époque qu’il connaîtra ses premiers émois amoureux, auprès de la jolie Tanya, la fille de l’officier russe qui a confisqué sa maison.
Inspiré de la vie d’un certain Hiroshi Tokuno, qui a aujourd’hui près de 80 ans, ce manga historique au récit chaotique et tragique est passionnant, mais il reste complexe et parsemé d’événements cruels qui ne pourraient être compris et supporté par des trop jeunes enfants. Pas avant 10 ans, donc.
L’île de Giovanni sera en compétition officielle au Festival International du film d’animation qui se déroulera du 9 au 14 juin 2014 à Annecy.
2013 – Japon – 1h42
En partenariat avec Grains de Sel
© 2014 jame
Une citation tronquée de Paul Valéry – « Le vent se lève, il faut tenter de vivre »- donne son titre au dernier Miyazaki, d’après ce qu’il a annoncé. Et finir sa carrière sur un tel film est osé et inattendu.
Le vent se lève est un hommage à Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais. Dès l’enfance, il n’a vécu que de ses rêves célestes puis a consacré sa vie à améliorer les performances des avions, sans enjeu militaire, ni affairiste. Il vit pour les avions et pour le vent qui les porte.
C’est grâce à un coup de vent qu’il a rencontré sa femme adorée au souffle malheureusement trop court. C’est aussi lui qui complique ses calculs mais qui le portera au sommet.
SI Miyazaki n’a rien perdu de sa poésie, ce film est surprenant. Il s’adresse à des enfants déjà très éveillés qui comprennent qu’on puisse vivre pour une passion. Ils doivent aussi assimiler le cheminement de cet ingénieur de haut vol qui passe par des étapes jamais explicitées mais qui définissent le contexte historique et politique de l’époque (la guerre, la course à l’armement..). D’où les doutes qui hantent Jiro.
Enfin, la seconde heure du film, est longue et répétitive et pénalise la magnifique première partie, celle où les talents du jeune homme se déploient et cela, malgré les difficultés qu’il rencontre (tremblement de terre, l’université brûlée etc…). Dommage car l’ensemble finit par devenir laborieux.
2013 – Japon – 2h06
En partenariat avec Grains de Sel
Un film d’horreur pour jeunes enfants ? En voilà une bonne idée pour Halloween. Cette création, qui ne ressemble à rien de connu jusqu’ici, est le premier long métrage d’un réalisateur japonais, Hitoshi Takekiyo.
L’histoire elle-même est originale : trois petites chipies qui n’ont peur de rien se glissent dans le laboratoire de sciences de leur nouvelle école.
Là, elles se moquent d’un mannequin, l’écorché, toujours flanqué d’un squelette. Pour se venger, il leur propose de participer à trois épreuves impossibles. Les petites décident de relever le défi…
Plus que le scénario alambiqué, c’est la forme qui fait tout l’attrait de ce film. Les décors reprennent les codes des films d’horreur traditionnels en les parodiant : l’école hantée ressemble à un pensionnat gothique, strié d’éclairs, les personnages évoluent sur fond noir, révélant ainsi leurs couleurs les plus vives, presque fluo, même les héros (le squelette et l’écorché) donnent la frousse…
Dommage que l’histoire soit un peu polluée par des messages parallèles (la machine à voyager dans le temps, par exemple) ou des pistes mal exploitées (le look punk d’une des fillettes) et qu’elle finisse dans un délire total, car sa construction proche de celle des jeux vidéo avait de quoi séduire les enfants. Au moins les plus kamikazes, ceux qui frissonnent à l’idée d’avoir peur. Attention, le film peut être terrifiant !
2012 – Japon -1h35
En partenariat avec Grains de Sel
Les autres sorties du 30 octobre traitées par cine-woman :
Après le décès de son père, Momo, une jeune fille d’une dizaine d’années, débarque à Shio, la petite île où a grandi sa mère. Momo regrette Tokyo, d’autant que sa maman, qui cherche du travail, la laisse très souvent seule dans la vieille maison où elles habitent désormais.
Isolée, sans amis, perdue dans cette nouvelle vie qu’elle refuse, Momo est complètement effrayée par les esprits (des yokaï) très gourmands qui hantent la maison et qu’elle semble la seule à voir. Mais, peut-être sont-ils là pour son bien.
Le deuxième film de Hiroyuki Okiura n’a rien à voir avec son premier long métrage, “Jin-Roh : la brigade des loups”. Il s’agit ici d’un conte fantastique très tendre sur le deuil d’un enfant vis-à-vis de son père.
Si le fond de l’histoire est très dur, l’environnement où évolue la jeune fille est au contraire très doux et très harmonieux. L’île de Shio semble de toute beauté et les traditions qui y ont encore cours vont aider Momo à passer ce cap très délicat de sa jeune existence. Les yokaï sont des figures grotesques amusantes et affectueuses, qui permettent ainsi à ce film très touchant de quitter l’hyperréalisme dans lequel il s’incrit pour s’envoler dans un univers drôle et fantaisiste plus que bienvenu.
2011 – Japon – 2h
En partenariat avec Grains de Sel
Les sorties du 25 sept sur cine-woman : Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson, Miele de Valeria Golino, La petite fabrique du monde (courts-métrages pour enfants), Blue Jasmine de Woody Allen et The way- la route ensemble d’Emilio Estevez.