Jasmila Zbanic est une des voix les plus courageuses et les plus intéressantes du cinéma actuel. Et une des plus grandes cinéastes contemporaines. Son dernier film, La Voix d’Aïda, qui revient sur les massacres de Srebrenica en juillet 1995, le prouve une fois de plus. Entendez-là !
Depuis petite, Eva Husson rêvait d’être en compétition à Cannes. L’accueil des Filles du soleil , sur place, l’a refroidie. Elle peut pourtant se féliciter d’avoir réalisé un film de guerrière, vendu dans le monde entier.
Avec Les filles du soleil, Eva Husson signe un film de guerre pas tout à fait réussi. Mais, son actrice et son héroïne sont hors normes méritaient largement ce premier hommage.
Elles manient leurs armes avec précision et doigté. Elles, ce sont ces combattantes du Kurdistan qui partent en guerre contre Daech. Terre de roses raconte leur combat de l’intérieur.
Angelina Jolie est une guerrière. Dans ses films comme dans sa vie. Comme Lara Croft ou Mme Smith, qu’il s’agisse de se constituer une famille ou de prévenir un cancer du sein, pour elle, la meilleure défense est toujours l’attaque.
En guerre
Le premier long métrage qu’elle a réalisé, Au pays du sang et du miel, traitait de la relation impossible entre une bosniaque et un soldat serbe durant la guerre de Bosnie. Sous couvert d’une protection, la femme devenait la maîtresse d’un de ses ennemis. Et même si elle l’avait aimé avant guerre, les circonstances avaient rendu cet amour inconvenant, insupportable.
Invincible, Unbroken en VO, son deuxième film en tant que réalisatrice, raconte le destin à peine croyable de Louis Zamperini.
Une bonne et une mauvaise nouvelle
Beau jeune homme un poil rebelle, immigré italien de la deuxième génération, Louis remporte une médaille de bronze lors des JO de Berlin, en 1936, alors qu’il n’était même pas favori.
Son espoir d’enrichir son palmarès sportif aux prochains Jeux Olympiques, prévus à Tokyo, se heurte à la seconde guerre mondiale où il sévit comme bombardier sur le front pacifique. Une de ses missions échoue. Il se retrouve naufragé sur un canot pneumatique, dérive pendant 45 jours avant d’être finalement sauvé par l’armée japonaise.
Enfermé dans un camp de prisonniers qui relève plus du camp de redressement, il devient la bête noire d’un officier du camp. Tour à tour humilié, battu, laissé pour mort, il survit à tout miraculeusement. Libéré, il passera le reste de sa vie à pardonner.
Fascinée par l’ultra-violence
Le vrai Louis Zamperini est mort en 2014, non sans être retourné au Japon, pays de malédiction pour lui, et y avoir couru les 5000m à Tokyo, à l’âge de 88 ans.
Destin hors du commun, Louis Zamperini, homme peut-être pas invincible mais au tempérament en acier trempé, méritait sans doute un biopic. Mais celui qu’Angelina Jolie lui consacre pose question. Très démonstratif, il aborde sans subtilités mais avec au moins au début un art certain de l’ellipse, l’incroyable force mentale de cet homme, sans jamais essayer d’en expliquer les raisons.
Son film finit par devenir un succession de sévices et d’humiliations, tous montrés face caméra, dans un acharnement qui ne laisse place à aucun recul, aucune remise en cause. Comme si Angelina Jolie était littéralement fascinée par cette ultra-violence. Rien dans la réalisation ne cherche à éviter cette démonstration. Rien et surtout pas la musique assourdissante d’Alexandre Desplat, qui renforce encore cette surenchère inutilement.
La faiblesse du film n’est pas son manque de talent. Les frères Coen, Richard Lagravenese et Willam Nicholson ont écrit un scénario sérieux, documenté, à partir du livre de Laura Hillenbrad. Le jeune Jack O’Connel, à peine remarqué dans Les poings contre les murs et le dernier opus de 300, tient bien son rôle, jouant de son physique avantageux et sportif. Non c’est une question d’éthique et de volonté d’asséner qui choque, lasse et finalement va à l’encontre d’un personnage qui aurait mérité qu’on le traite avec tact et générosité.
D’Angelina Jolie, avec Jack O’Connall, Domhall Gleeson, Miyavi…
Le film commence avant même le générique, par des phrases critiques que s’adresse à elle-même une adolescente mal dans sa peau et mal-aimée.
Trouble adolescent
Daisy a 15 ans et les problèmes d’une américaine de son âge : ce qui compte au delà de tout, c’est son apparence physique qui lui impose un contrôle de soi hors norme, c’est de répondre au diktat de la mode et de l’apparence.
Son père l’a envoyée pour les vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Elle y arrive seule et se méfie. Mais, bientôt, leur style de vie bohême – leur mère est trop occupée pour les surveiller-, des souvenirs enfouis et surtout la présence envoûtante de son cousin Eddie vont avoir raison de ses angoisses et son égocentrisme.
Fin de monde
Quand la guerre éclate et qu’il leur faut fuir la maison, Daisy est armée pour se battre et survivre.
« How I live now » ou « Maintenant c’est ma vie », adapté du roman de Meg Rosoff, est un film initiatique assez déroutant. Parce que l’héroïne est une jeune femme peu aimable, confrontée non pas directement au monde des adultes mais à la survie d’un groupe d’enfants, que ce qui l’attend est vraiment hors norme et que la conclusion qu’elle en tirera est encore plus intemporelle.
Beau film initiatique
Formellement, le film est aussi étonnant : les images sont remarquablement cadrées et donne une impression complètement différentes au fur et à mesure que le récit se déroule. On commence par une séquence complètement contemporaine, avant de plonger dans une sorte de nostalgie bienheureuse mais menacée ; avant de plonger dans un futur apocalyptique mais qui reste familier.
Une belle découverte, si l’on excepte là toute fin, un peu cul-cul… même si c’est elle qui donne son sens au film et à son titre.
De Kevin Macdonald, avec Saoirse Ronan, George Mac Kay, Tom Holland, Harley Bird…
Juste avant la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne, Liesel, l’enfant d’une communiste, est adoptée par un couple d’allemands, peu favorables à Hitler mais discrets sur leur opposition. Ils vivent dans un village où tout le monde se connaît et où la vie est déjà bien réglée par le nazisme.
Lire lie
Liesel ne sait pas lire mais elle adore les livres. Elle est profondément choquée quand sur la place de son village, les gens sont sommés d’apporter leurs bouquins et de les brûler. Elle s’arrange pour en récupérer un qu’elle garde soigneusement. Bientôt, sa famille recueille un jeune juif qu’elle cache et c’est par la lecture que Max et Liesel s’appréhenderont mutuellement.
De facture très classique, ce film tiré d’un best-seller australien, vaut avant tout pour son histoire, magnifique et la manière dont elle aborde une période archi-connue et filmée en en proposant une nouvelle approche. Dommage que la réalisation et la mise en scène ne soient pas du tout à la hauteur du récit, ni du talent de l’actrice principale, le jeune Sophie Nélisse, excellente du début jusqu’à la fin du film.
De Brian Percival, avec Sophie Nélisse, Geoffrey Rush, Emily Watson…
Ce film triste, dur s’inspire d’une nouvelle autobiographique de Friedrich Gorenstein, un écrivain russe marquée par son enfance durant la Seconde Guerre Mondiale. Gorestein est le fils d’utopistes convaincus que le communisme s’étendrait au monde entier. Son père fut pourtant fusillé car juif sans autre forme de procès. Sans nouvelles de lui, sa mère se rend à Moscou et quand elle découvre la vérité, décide de repartir en Ukraine par le train. Mais, elle tombe malade durant le trajet.
Se débrouiller et survivre
C’est là que le film commence, quand la mère est emmenée à l’hôpital. Son fils, 9 ans, a la charge de leurs affaires, d’alerter son grand-père. Il doit aussi retrouver sa mère. Il parvient à tout faire, sachant à peine lire et écrire, et même à poursuivre son voyage. Mais, on est en hiver 1944 et l’époque est plus à la survie et à l’individualisme qu’à l’entraide.
Dans un noir et blanc un peu nostalgique, qui livre de belles images sur la vie désolée en URSS, ce film difficile repose sur la justesse de l’acteur très sensible qu’est le jeune Dmitriy Kobetskoy, un jeune orphelin d’Odessa découvert après un long casting. Katerina Golubeva qui joue est sa mère signe à ses côtés sa dernière performance.
D’Eva Neymann, avec Dmitriy Kobetskoy, Katerina Golubeva, Mikhai Pvekksla…
C’est la première image du tournage de « Unbroken », le film qu’est en train de réaliser Angelina Jolie. Après un documentaire « A place in time » et la touchante histoire d’amour hors norme et en pleine guerre d’ex-Yougoslavie racontée dans « Au pays du sang et du miel », elle se concentre cette fois sur un héros américain : Louis « Louie » Zamperini.
Vivre à tout prix
Adapté du livre de Laura Hillenbrand, » Unbroken : A World War II Story of Survival, Resilience, and Redemption », paru en 2010, le film retrace le parcours à peine croyable de cet américain d’origine italienne. Ancien délinquant, il retrouve le droit chemin par le sport. Coureur de fond, il a fini 8ème aux JO de Berlin en 1936.
Quand la guerre est déclarée, il entre dans l’US Air Force. Son avion bombardé se crashe en mer. Louis Zamperini dérive alors 47 jours durant sur un radeau. Il fait fait prisonnier par les Japonais et deviendra la bête noire e son geôlier qui le torture plus que de raison pendant 27 mois. Il survit par miracle, est libéré après la capitulation de l’Empereur.
Résilience
De retour aux Etats-Unis, complètement traumatisé, il sombre dans l’alcoolisme puis rencontre le prêcheur Billy Graham et rencontre Dieu et repart pardonner à ses bourreaux au Japon. A plus de 90 ans, Louis Zamperini fait toujours du sport (du skate et du ski paraît-il) et a toujours la foi.
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