37e Festival de Créteil
Le 37e Festival de Créteil, dédié aux films de femmes, ouvre ce vendredi 13 mars 2015 pour s’achever dans dix jours. Cine-Woman animera le colloque du 19 mars 2015 sur Les Ecritures.
Le 37e Festival de Créteil, dédié aux films de femmes, ouvre ce vendredi 13 mars 2015 pour s’achever dans dix jours. Cine-Woman animera le colloque du 19 mars 2015 sur Les Ecritures.
Kim Vercoe est une actrice de théâtre australienne qui n’aime rien moins que sortir des sentiers battus. Une année, elle décide de venir passer ses vacances, seule, en Bosnie. Avertie, elle les prépare en lisant plusieurs livres dont un guide de voyage et se retrouve à séjourner quelques jours à Visegrad, un village qui ne semble pas avoir été affecté par la guerre : aucune trace de démolition, aucun mémorial ne sont apparents.
Pourtant, les nuits qu’elle passe à l’hôtel recommandé par son guide, sont atroces. Kim finit par se renseigner et découvre avec horreur que 1757 personnes ont été assassinées à Visegrad et 200 femmes ont été violées et tuées dans l’hôtel où elle loge. Les meubles de chambres n’ont même pas été changés depuis.
Traumatisée, Kim rentre chez elle mais les fantômes de Visegrad la hantent tant qu’elle décide d’écrire une pièce de théâtre. C’est en découvrant la vidéo de Sept kilomètres Nord-Est que la réalisatrice Jasmila Zbanic, révélée par son film Sarajevo, mon amour, – Ours d’Or à Berlin en 2006, lui aussi sur la vie d’une femme et de la fille qu’elle a eut suite à un viol pendant la guerre de Bosnie-, la contacte.
Ensemble, elles décident alors de revenir sur ce qui s’est passé à Visegrad et expriment la même nécessité à honorer la mémoire de toutes ces victimes. L’histoire est puissante, tellement troublante que ce film, mi-fiction, mi-documentaire, mériterait un fort impact.
Ce ne sera sans doute pas le cas –c’est une petite sortie- et pourtant, il mène une enquête salvatrice sur les difficultés de vivre après une guerre, en gardant vivace la mémoire de ce qui s’est passé, Sans déni, sans outrance, sans jugement même. Avec un regard juste, légitime et tout simplement humain pour les victimes et leurs mémoires. Ce qui est loin d’être facile mais reste indispensable.
2013 – Bosnie-Herzégovine – 1h13
© DEBLOKADA1
Fille de botaniste, Tante Hilda, une écolo-bobo un peu folle, vit dans un petit paradis, une sorte de forteresse haut perchée sertie par un vaste écrin de fleurs et de verdure.
Une équipe de chercheurs vient de mettre au point une nouvelle céréale, qui se cultive avec peu d’eau et sans engrais. Au départ, tout le monde s’en réjouit. Grâce à cette plante, la faim dans le monde pourrait être éradiquée et son énergie remplacerait le pétrole. Mais, sa prolifération devient incontrôlable. Que va devenir la serre d’Hilda ? Et notre planète ?
Tante Hilda, la dernière création de Jacques-Rémy Girerd, s’inscrit dans la droite ligne de ses productions précédentes « Ma petite planète chérie », « Mia et le migou » ou « La prophétie de grenouilles », le message écologique n’étant plus un alibi mais bien le thème central du film.
Dommage qu’il soit porté par des adultes fantasques, loufoques, à la limite de la caricature. Comme le trait du dessin, qui joue en permanence sur l’outrance et le vide.
Tout cela empêche l’identification des jeunes spectateurs et enlève de la crédibilité à une cause à laquelle ils sont sensibles et qu’ils devraient apprendre à défendre immédiatement et sans compromis !
2013 – France – 1h29
En partenariat avec Grains de Sel
Wajma a 20 ans, elle est étudiante en droit et belle comme un coeur. Mustafa lui fait une cour appuyée. Elle finit par se laisser faire, tombe enceinte. Il refuse de l’épouser. Rien de bien grave, en apparence. Mais, Wajma habite à Kaboul en 2013. Qu’elle ait eu une attitude « aussi irresponsable » va sceller à jamais son destin.
Pour son deuxième film, Barmak Akram, afghan de naissance et français d’adoption, diplômé de la prestigieuse école de cinéma, la Femis, choisit un sujet difficile, révoltant. Mais, il choisit de le traiter d’abord avec une certaine légèreté – le flirt est d’ailleurs vraiment bien filmé, mettant en scène autant le trouble suscité chez Wajma par les sentiments affichés de Mustafa et la manière dont elle cédera à leur désir-. Puis, dès que le père de la jeune fille intervient, la caméra devient plus lourde, plus attendue aussi et donc moins intéressante.
Le réalisateur parvient toutefois à montrer toute la violence subie par cette jeune femme de la part des hommes, qu’il s’agisse de son père ou de son petit ami. Ce que vit Wajma est évidemment intolérable, inacceptable et pourtant, son destin ne semble offusquer personne. Même pas sa mère, qui a averti le père en sachant probablement comme il se comporterait, à peine sa grand-mère qui finit par lui apporter à manger et un peu de chaleur quand la jeune femme sera mis au ban, de sa famille, comme de la société.
Au nom de l’honneur, tout est accepté et paradoxalement, c’est la police, la force de la loi qui finira par protéger une famille régie par des traditions occultes alors qu’elle semblait vivre avec son temps, puisque Wajma est autorisée à suivre des études ou à utiliser un téléphone portable par exemple.
Outre son sujet, crucial aujourd’hui, l’autre intérêt du film, c’est qu’il a été financé et tourné entièrement en Afghanistan. On observe donc comme s’organise la vie d’une famille afghane derrière les murs et les portes fermées de la maison, conçue en plusieurs petits bâtiments qui ont chacun leur fonction et qui sont répartis autour d’une courette.
A d’autres moments, on perçoit comment s’organise la vie sociale afghane, qui mixte les traditions les plus fortes et une certaine modernité. Enfin, on y perçoit l’extrême rigueur du climat hivernal, la neige, ainsi que la magnifique localisation de Kaboul, ville rarement filmée à part dans les JT, au pied d’une majestueuse chaîne de montagnes, enneigées en hiver. magnifique.
Ce film a eu les honneurs de l’Acid, à Cannes 2013, et du Festival de Sundance 2013 où il a remporté le prix du meilleur scénario.
2013 – Afghanistan/France – 1h26
Les autres sorties 27 novembre critiquées par cine-woman :
Ca n’aurait dû être q’une petite coupure, une pause cigarette tout au plus. Un court besoin d’air, de reprendre ses sens, de se remettre vite fait les idées en place.
Mais, Bettie ne fait jamais les choses à moitié. Du coup, quand elle apprend que son amant la délaisse pour une femme plus jeune, elle plaque son restaurant en plein service du dimanche midi. De fil en aiguille, de rencontre en coup du sort, Bettie quitte Concarneau et ses environs, pour le Limousin, puis le lac d’Annecy et enfin l’Ain.
En chemin, Bettie va (en vrac) renouer avec sa fille (hystérique, interprétée par la boudeuse chanteuse, Camille), s(attacher à son petit-fils, prendre ses distances avec sa mère, s’égarer dans le lit d’un homme jeune, participer à une réunion d’ex-miss France et (re)découvrir l’amour.
Ecrit et réalisé tout à l’honneur de Catherine Deneuve, ce road-movie au propos réaliste, du moins au départ, devient vite une suite pas très cohérente de rencontres improbables. Les faits se succèdent sans plus d’explications et si certaines scènes sont réellement attachantes, comme celle du vieux monsieur qui roule une cigarette à Catherine Deneuve avec une lenteur et une application magnifiques, elles deviennent de moins en moins intéressantes au fur et à mesure que le film avance.
Celle de la photo des ex-miss est d’une cruauté pathétique, celle de la colère idiote de sa fille aussi. Comme si Emmanuelle Bercot (et c’est un reproche qu’on peut souvent lui faire) perdait progressivement l’attrait pour ses personnages. Du coup, le cheminement de Bettie/Deneuve semble interminable et bien peu enrichissant, tant la réconciliation familiale devient artificielle. Dommage, Catherine Deneuve était sûrement capable de défendre un personnage plus complexe et plus profond jusqu’au bout. Là, ce n’est pas le cas.
2013 – France – 1h57
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
La 62e Berlinale ouvre ses portes aujourd’hui et jusqu’au 19 février prochain. Au programme ce soir : Les Adieux à la reine, le film que le français Benoît Jacquot consacre à la Reine Marie-Antoinette avec Diane Kruger, en reine de France, Léa Seydoux, en confidente, Virginie Ledoyen et Noémie Lvovsky en dames de Cour.
Pour tout dire, j’aime beaucoup le Festival de Berlin où je suis allée quelquefois.Parce qu’il se passe à Berlin, dans tout Berlin et que c’est une ville exceptionnelle. Parce que son QG est sur la fameuse Postdamer Platz, le nouveau centre névralgique de la ville réunifiée, qui fut, du temps de la partition, un no man’s land glaçant, inimaginable aujourd’hui.Parce que l’ambiance est à priori beaucoup plus froide qu’à Cannes (là, il y fait – 9°c, comme à Paris en somme!, une température idéale pour remplir les salles de cinéma), mais qu’en fait, c’est beaucoup plus chaleureux. Parce que le Festival est remarquablement organisé, qu’on y côtoie autant de stars que du « vrai » public (pas de notables qui ne vont au cinéma qu’une fois l’an pour sortir la robe longue) et qu’on réussit à parler aux uns et aux autres. Parce que la sélection est généralement accessible et parfois même décevante… Qu’attendre justement de cette édition 2012?
Quelques bonnes surprises : celle de découvrir Isabelle Huppert, Captive chez Brillante Mendoza, Léa Seydoux dans deux films de la compétition, chez Jacquot et aussi chez Ursula Meier dans L’enfant d’en haut, comme Noémie Lvovsky à l’affiche des Adieux à la reine et d’A moi seule de Frédéric Videau, aux côtés d’Agathe Bonitzer et d’Hélène Fillières ou encore Aïssa Maïga dans Aujourd’hui d’Alain Gomis, autre compétiteur. Sinon, il y a aussi Kristin Scott Thomas dans Bel Ami, présenté hors compèt, Juliette Binoche pour Elles, section panorama… Voilà le tableau côté actrices… Mais, justement, à part elles, où seront les femmes à Berlin, cette année?
Une seule réalisatrice est en lice pour l’Ours d’Or : la suisse Ursula Meier. décevant pour un festival qui détient pourtant le record de récompenses suprêmes accordées à des réalisatrices. En moins d’une décennie, deux femmes ont obtenu cette reconnaissance. Jasmila Zbanic, en 2006, pour Sarajevo, mon amour, et Claudia Llosa, en 2009, pour Fausta. Pour mémoire, seule Kathryn Bigelow a remporté l’Oscar du meilleur réalisateur et Jane Campion, une Palme d’Or.
Il y a bien aussi Phyllida Lloyd pour La Dame de fer, mais le film est présenté en séance spéciale, qui vaut, c’est vrai, un Ours d’honneur à sa principale interprète, Meryl Streep.
Même la composition du jury est décevante: 2 femmes sur 8 membres, Charlotte Gainsbourg et Barbara Sukowa, soit 25% du total, mais Berlin nous avait toujours habituées à mieux.
On se rattrapera comme souvent en reconnaissant que les femmes seront souvent le principal sujet des films, qu’il s’agisse de Jayne Manfield, de Barbara, de Tabu ou même de Rebelle de Kim Nguyen qui va clore la compétition. Parce que c’est l’histoire incroyable et sordide d’une enfante soldate été slave et que c’est mon ami Pierre, producteur québécois, qui l’a produit, qui va pour la première fois à Berlin et que selon lui, le film est une tuerie!
Réponse le samedi 18 février au soir.