Loin de mon père
Loin de mon père, le nouveau film de Keren Yedaya traite d’un inceste père-fille de manière frontale. En analysant aussi les inévitables conséquences. Glaçant mais indispensable.
Loin de mon père, le nouveau film de Keren Yedaya traite d’un inceste père-fille de manière frontale. En analysant aussi les inévitables conséquences. Glaçant mais indispensable.
La Duchesse de Varsovie étonne plus par son dispositif scénique étrange mais raté que par son propos. Il y est question d’une grand-mère qui se raconte à son petit-fils et le sort ainsi de sa léthargie créative.
Avec Les merveilles, la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher remporte le Grand prix du Festival de Cannes 2014. Et s’impose comme une des figures à suivre du cinéma italien naturaliste et féministe.
Inspiré du poète Heinrich von Kleist, Amour fou est le projet radical d’une réalisatrice douée. Jessica Haussner maîtrise son sujet avec brio.
Dans 3 coeurs, centré sur 3 femmes liées par le sang et un homme, Benoît Jacquot filme la passion comme une bombe à retardement. Tentant.
Grand critique de cinéma espagnol, Diego Galan signe un premier long métrage puissant. Con la pata quebrada est un documentaire constitué d’extraits de films sur l’évolution du statut de la femme en Espagne. Rencontre avec ce brillant connaisseur, féministe à sa façon.
Difficile d’y échapper tant la promo du premier film d’Audrey Dana réalisatrice à été intense. Alors qu’attendre de cette énième film de femme, annoncé et revendiqué comme tel?
Rien, ou pas grand chose. Car, le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’y apprend rien, ni sur le comportement des femmes, ni sur celui des hommes (particulièrement falots ici).
Le principe est simple. En onze personnages (une équipe de foot!) qui s’entrecroisent plus ou moins, chacun étant porté par une star d’Isabelle Adjani à Vanessa Paradis en passant par Sylvie Testud ou Alice Taglioni -, Audrey Dana, elle aussi au casting mais pas dans le rôle le plus sympathique, pense dresser un portrait de la femme d’aujourd’hui, dans lequel on devrait se reconnaître AB-SO-LU-MENT.
Premier écueil : : va-t-on au cinéma pour retrouver sa vie sur grand écran? Pas sûr.
Deuxio : les caractères de ces personnages sont dessinés à tellement gros traits qu’il est impossible de s’identifier. Que dire de la mère de famille débordée qui plaque son mari et ses gosses pour vivre une passion avec la baby-sitter? Ou alors les diarrhées répétitives de Laetitia Casta dès qu’elle tombe amoureuse? Sans parler de l’idylle de la plouc du coin avec la méga-star interplanétaire?
Si le film avait été réalisé par un homme, on l’aurait sans doute traiter de mizogyne. On passera élégamment sur l’humour même pas potache mais carrément vulgaire, niveau pipa-caca de nombreuses scènes.
Avec un casting et une promo pareils et surtout une telle promesse, on était en droit d’attendre que ce film révolutionne justement la comédie de femmes pour les femmes. Au contraire, il enfile les clichés, les conventions, les maladresses et le mauvais goût. Et ce sont pas les quelques audaces – la scène du tampon en ouverture – ou le guilleret flashmob de la fin qui sauvent la mise.
2014 – France – 1h58
© Luc Roux
Rarement un titre aura été si bien choisi. Pas de doute ici, il va s’agir d’une prédatrice auxquels peu d’hommes résistent.
Jézabel (Mylène Jampanoï) est une jeune fille de très bonne famille. Peintre à succès, elle mène une vie de débauche totale : sexe à outrance, alcool et drogues en tout genre, tout est bon pour se perdre à haute dose. Et surtout pour se dégoûter de soi-même.
A l’enterrement de son père avec lequel elle ne s’entendait pas, elle est séduite par David, le curé, un bel homme particulièrement ouverte et bienveillant. La vie de Jézabel n’aura plus alors qu’un objectif : le mettre dans son lit, à tout prix.
David est rebelle et il est entièrement dévoué à Dieu. Il va donc s’évertuer à remettre Jézabel, cette Marie-madeleine d’aujourd’hui, dans le droit chemin. Enfin, tout serait plus simple, s’ils tombaient amoureux l’un de l’autre.
Autant ne pas se le cacher, cette mante religieuse est typiquement le genre de film qu’on sait, par avance, détester. Parce qu’il n’est pas très bien réalisé, pas très bien joué, pas très bien écrit non plus. L’histoire est linéaire, évidente, on se doute à peu près de ce qui va arriver (quoique).
Mais, à y regarder de plus près, si le projet avait bénéficier de plus de moyens, de meilleurs conseils, il aurait très bien pu tout à fait tenir la route (sans jeu de mots car la réalisatrice Nathalie Saracco dit l’avoir écrit d’un jet après un très grave accident de voiture).
Ecrit avec plus de distance et d’esprit, joué avec une intensité moins feinte, cette rencontre improbable du vice et de la vertu a de quoi parler à certain(e)s, sans avoir l’arrogance de vouloir parler à tous. On lui tend la main donc…
2013 – France – 1h28
Bien sûr que le prolétariat est un terrain inépuisable. Mais, qu’est-ce que les frères Dardenne qui le filment depuis des décennies, ont-ils encore à dire de neuf sur le sujet ? C’est l’un des enjeux de leur neuvième long métrage de fiction : Deux jours, une nuit. Avec une nouveauté de taille. Pour une fois, ils confient le premier rôle à un star internationale confirmée (et non à une actrice en devenir) : Marion Cotillard, qui joue Sandra.
Après Harry Potter, Twilight, voici la nouvelle saga qui va s’imposer auprès des adolescentes! Ecrits par Veronica Roth, les livres étaient déjà des best-sellers aux Etats-Unis (pas en France) avant que le premier épisode en s’installe en tête du box-office US dès sa sortie. Est-ce mérité? Plutôt oui, parce que l’intrigue est intéressante, intelligente même, riche en rebondissements et portée par une héroïne pleine de ressources.
Après une guerre particulièrement destructrice, la vie à Chicago a complètement changé. Sa population est désormais organisée en 5 factions qui se répartissent la gestion et le gouvernement de la cité. Pour Béatrice, c’est le grand jour. A 16 ans, elle va choisir demain la faction à laquelle elle appartiendra.
Elevée chez les Altruistes, elle se vit comme une Audacieuse, cette sorte de milice interne qui doit protéger tous les habitants de Chicago. Elle rompra alors définitivement avec sa famille…
Pourtant, les tests auxquels on la soumet sont loin d’être concluants : elle est une Divergente, une espèce qu’aucune faction ne reconnaît et dont tous se méfient. Mieux vaut donc que personne ne le sache… mais combien de temps pourra-t-elle dissimuler sa vraie nature ?
La force de « Divergente » est de mêler l’aventure personnelle de cette jeune femme avec le destin de la cité où elle habite. Du coup, on est immédiatement plongé au cœur d’une ville familière mais si meurtrie qu’elle s’est dotée d’une organisation ultra-rationnelle pour renaître de ses cendres.
Ce mélange entre réalité et légère anticipation fait rapidement prendre conscience du danger de la déviance. Mais aussi de sa nécessité. Portée avec brio par la jeune Shailene Woodley, ce véritable film d’action portée par une intrigue judicieuse et une histoire d’amour intense se laisse regarder avec intérêt malgré quelques incohérences de scénario. Mais, on attend même la suite avec impatience…
2014 – Etats-Unis – 2h06