Un château en Italie
Perdue en son royaume
Troisième (et on espère dernier) épisode de la pauvre petite famille riche de Mademoiselle Bruni-Tedeschi. Le récit s’échelonne sur trois saisons identifiées, l’hiver, le printemps et l’été et raconte pêle-mêle l’agonie puis la mort du frère atteint du sida, la vie sentimentale complexe de la sœur Louise (Valeria) qui n’a qu’une obsession avoir un enfant à 43 ans, l’étrangeté de leur mère, actrice d’un show permanent, les difficultés financières de cette famille industrielle italienne, qui possède beaucoup (un château en Italie notamment que le frère ne veut pas vendre, un Brueghel l’ancien etc) mais n’a plus les moyens de son train de vie…
Moi, moi, et encore moi
Valeria Bruni-Tedeschi prétend parler de l’intime, en fait, elle ne parle que d’elle-même sans se rendre vraiment compte d’autres individus existent, ni qu’ils méritent bien sûr la moindre attention.
Outre cet ultra-égocentrisme déjà malsain, l’autre aspect abject du film est son impudeur et son indécence permanentes. On ne sent aucune distance de la réalisatrice par rapport à ce qu’elle raconte et qui s’avère être sa vie. Et même si elle pratique un peu l’humour à ses dépends (quand elle est à l’hôpital pour sa FIV par ex ou à Naples pour s’asseoir sur un fauteuil qui favorise de fertilité), elle ne perçoit pas, semble-t-il, que ses démarches correspondent à des pulsions très égoïstes, à des caprices pour ne pas dire des passe-droits qu’elle s’arroge parce qu’elle est comme ça, issue d’un cocon gâté, richissime qui la coupe du monde et de la réalité.
En vase clos
On attendait plus de distance, plus d’intelligence aussi et beaucoup plus d’humour. Une des clés aurait été de confier les rôles de ses proches non pas à ceux (sa mère, elle, son mec Louis Garrel…) qui les ont tenu dans la vraie vie, mais à de vrais acteurs, qui, en se les appropriant, en auraient fait des personnages de fiction. La meilleure preuve en est que le seul personnage vraiment intéressant est Ludovic, le frère, évidemment confié à un acteur, Filippo Timi, mais dont le rôle n’est pas assez développé pour qu’on le comprenne au mieux. Non, ce qui compte c’est cette hystérie à vouloir un enfant à tout prix, thème déjà traité dans son film précédent, « Actrices » et cette complaisance à mettre en scène les disfonctionnements de cette grande famille en pleine dégénérescence.
D’autres, Visconti pour ne citer que lui, ont déjà traité le sujet de la faillite financière et morale de ces familles avec un autre pertinence, et cela bien qu’il en soit lui-même issu. Là, on la regarde le nez collé à la vitre d’un monde qui n’a aucune empathie pour nous, avec l’impression malsaine de les voir s’ébattre, se plaindre, dégénérer, parader aussi sans complexes. Comme si leur vie pouvait être plus intéressante que la nôtre. Mais non, elle est seulement pathétique et le regard de la réalisatrice, complaisant. Rien de plus.
Un bon point : la bande-son qui est à la fois touchante, nostalgique et originale. Ce film était le seul réalisé par une femme en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2013. Quelle déception!
De Valeria Bruno-Tedeschi, avec Valeria Bruno-Tedeschi, Louis Garrel, Filippo Timi, Xavier Beauvois…
2013 – France/Italie – 1h44
Les autres sorties du 30 octobre traitées par cine-woman :
- Afterschool Midnighters de Hitoshi Takekiyo, ovni d’horreur pour enfants
- Attila Marcel, premier fiction avec acteurs de Sylvain CHomet
- Jasmine, histoire d’amour franco-iranienne animée d’Alain Ughetto
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