Happily ever after
Retrouver ses ex pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné? Tatjana Bozic l’a fait et l’a filmé. Et ça donne Happily ever after.
Retrouver ses ex pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné? Tatjana Bozic l’a fait et l’a filmé. Et ça donne Happily ever after.
Pas facile de refaire sa vie à 40 ans passés. Eva (Julia Louis-Dreyfus), masseuse à domicile de son état, redoute autant de se retrouver seule, le jour où sa fille partira pour l’université, que de se remettre en couple.
Lors d’une soirée, elle va faire la connaissance d’une poétesse (Catherine Keener) qui aura recours à ses mains expertes et d’Albert (James Gandolfini), un homme chaleureux. Même s’il ne répond pas aux canons habituels de la beauté (il est gros), Albert est adorable, attentionné, bourré d’humour.
Eva et Albert tombent vite amoureux l’un de l’autre, jusqu’au jour où Eva comprend que Marianne, la poétesse, est son ex. Et elle dresse un portrait horrible de son ancien compagnon.
Si l’intrigue est parfaitement téléphonée (on devine tout de suite ce qui va se passer), l’intérêt de cette comédie sentimentale gentillette est ailleurs. Tout d’abord, les acteurs sont au diapason et c’est une idée très rafraichissante de donner le premier rôle à la moins connue de la troupe, Julia Louis-Dreyfus. Elle est parfaitement entourée de James Gandolfini dont c’est la dernière prestation à l’écran, de Catherine Keener, de Toni Collette…
Ensuite, le film s’attarde sur deux étapes de la vie peu traitées au cinéma : l’angoisse des parents au moment où les enfants quittent le foyer, la nécessité de reconstruire sa vie après l’échec d’un mariage et de longues années de solitude. Eva est dans ce cas précis.
Elle va, de plus, se laisser complètement influencée par l’ex-femme de son nouvel amoureux par simple peur d’un changement de vie, d’un nouvel échec, d’un nouveau bonheur et par un manque profond de confiance en elle. Et plutôt que de juger l’homme qu’elle aime par elle-même, elle va reprendre à son compte les reproches d’une autre personne, sans distance, sans recul, sans s’apercevoir que ce qui ne convient pas à l’une conviendra peut-être à l’autre.
Partant de cet état de fait, le film aurait pu être grinçant, faire un peu mal. Là, tout est trop gentillet et d’une humeur trop égale, trop superficielle finalement pour qu’on apprenne beaucoup plus sur la vie de couple et sur la complexité des sentiments. Dommage…
2013 – Etats-Unis – 1h 33
Il est excessif, exécrable et exquis. Elle est excédée, exclusive et extraordinaire. C’est du moins ce que prétend l’affiche. Vous l’avez compris : ce sont des EX qui pourraient bien se remettre ensemble.
Lui, c’est Nicolas Bedos, beau gosse intelligent mais insupportable qui s’est écrit un rôle sur-mesure (il a beaucoup participé à l’écriture des dialogues). Antoine (donc Nicolas Bedos) est un avocat installé à New-York qui vient passer un entretien d’embauche à Paris, alors qu’il vit dans un appartement somptueux entouré d’une pléthore de jeunes femmes qu’il n’arrive pas à garder dans son lit, ni dans sa vie plus de 15 jours. (Là, Nicolas tu aurais pu trouver un argument plus crédible pour ton retour à Paris, car on a peine à croire que tu es au chômage au début du film, même si on comprend très bien que ta vie est dissolue).
Elle, c’est Julie (Ludivine Sagnier), une jeune femme qui rentre à Paris pour se marier. Elle est jolie, un peu rangée pour ne pas dire parfois coincée, maniaque, pas super dégourdie non plus même si son caractère s’affirme au cours du film. Très structurée, même un peu psychorigide, elle est pourtant sculptrice et fabrique des statues ou objets à partir de photos géantes. (Ce qui peut faire rêver mais colle assez mal à son caractère).
Le hasard les met l’un à côté de l’autre dans un avion New-York/Paris. Ils ont chacun 7h, elle pour ne pas craquer, lui pour la reconquérir et nous 1h30 pour comprendre ce qui les a unit et désunit.
Ceux-là ont un passé commun et on sait déjà qu’ils étaient faits l’un pour l’autre… si les circonstances de la vie ne les avaient pas éloignés. A rebours des comédies romantiques habituelles, on va donc apprendre ce qui a détricoté leur entente plutôt que de s’intéresser à la manière dont leur union s’est construite (même si on revient aussi sur la rencontre). Le principe est plutôt bienvenu et le suspense bien mené, d’autant que chaque épisode de leur vie commune est raconté, analysé par chacune de deux parties tour à tour. On a donc les deux versants de l’histoire ce qui équilibre les torts de l’un et de l’autre.
Des bémols ? Les dialogues sont de niveau très variables mais s’améliorent nettement au fil du film, certains personnages secondaires sont insignifiants donc un peu inutiles (les voisins de l’avion, le steward etc…) tandis que d’autres, la mère de Julie, le pote d’Antoine ont eu une partition à défendre. La mise en place est un peu longue et rébarbative mais le film prend son envol quand on en est débarrassé.
En renouvelant (un peu) la forme, Amour et turbulences s’affirme comme une comédie romantique très agréable à voir qui confirme le talent d’un nouveau venu au cinéma : Nicolas Bedos, dont c’est le troisième film en tant qu’acteur et le second en tant que co-scénariste après Les Infidèles. Et qu’on a manifestement pas fini de voir…
2013 – France – 1h36