Pauvres créatures
Avec Pauvres créatures, Yorgos Lanthimos signe un film baroque sur une émancipation féminine (encore ? Oui!). Fantastique ? Certes, mais la forme prime sur le fond.
Avec Pauvres créatures, Yorgos Lanthimos signe un film baroque sur une émancipation féminine (encore ? Oui!). Fantastique ? Certes, mais la forme prime sur le fond.
La peintre Paula Modersohn-Becker était encore inconnue en France en 2015. Mais Marie Darrieussecq lui a consacré un livre Etre ici est une splendeur et le musée d’arts moderne de la Ville de Paris une exposition. Et voilà le film.
Chez les Bélier, on ne s’entend pas ! Et pourtant, personne ne parle… ou presque. A part Paula, la fille, tout le monde est sourd, mais ce n’est pas une raison pour ne pas communiquer. Et Paula est chargée d’échanger avec le monde extérieur.
Même si l’ambiance de la ferme où ils habitent est chaleureuse, enjouée, lourde aussi parfois, Paula a les préoccupations de son âge : le lycée, les garçons et sa nouvelle passion, le chant chorale.
Mais, comment faire comprendre à sa famille sourde qu’elle a une voix extraordinaire ? Et que si elle veut essayer de construire son avenir avec, c’est à Paris que cela se joue, c’est-à-dire loin des siens qui ont tant besoin d’elle ?
Avec un enjeu pareil, on pouvait s’attendre au pire et pourtant, c’est le meilleur qui surgit à l’écran. La Famille Bélier est un de ces très belles surprises qui va enjoliver la période des Fêtes. C’est avant tout une comédie très forte en émotions, où l’on passe sans cesse du rire aux larmes.
Ce film, qui mixte langue de signes et paroles, a, en plus, la chance d’être porté par de merveilleux acteurs, Karine Viard, François Damiens, qui ne disent pas un mot, Eric Elmosnino qui, lui, parle trop et la magnifique Louane Emera, à la voix sublime révélée par The Voice et au charme un peu bourru touchant. Et rythmé par des répliques efficaces comme « quand il n’y a plus aucun espoir, il reste Michel Sardou ». Joyeux !
2014 – France – 1h 45
En partenariat avec Grains de Sel
Un vent de fraîcheur souffle sur le jeune cinéma français. Est-ce parce que Lola Bessis et Ruben Amar, couple à la ville et co-réalisateurs, ont pris le large à New York et eu la bonne idée de réaliser leur premier film là-bas? En partie. Leur petite fable a un charme fou, la liberté des vrais films indies américains et sans les défauts, ni l’arrogance habituels des premières oeuvres françaises.
Sur le papier, le récit semble pourtant déjà vu et pas très profond. Lilas (Lola Bessis) se rêve artiste. Elle est jeune, naïve, pas tout à fait sûre de ses talents et complètement sous la coupe d’une mère autoritaire et castratrice, très reconnue dans le milieu de l’art contemporain. Mais, Lilas a décidé de lui dire non. Pour la première fois, et donc de rester à New York quoiqu’il lui en coûte.
Sans argent, elle erre avec sa valise et ses créations en cours à New York et tombe au hasard de ses rencontres chez Leeward et Mary, un couple en crise. Mary en a marre de se crever à faire bouillir la marmite et faire vivre la famille (ils ont une petite fille baptisée Rainbow ou Maggie, tout dépend) tandis que son musicien de mari est en plein doute existentiel et créatif.
Parviendra-t-il à enfin enregistrer une de ses oeuvres composées sur les jouets de sa fille et autres instruments minuscules et bizarres? Lilas arrivera-t-elle à s’émanciper de sa mère et à créer son propre univers créatif?
Que leurs objectifs soient atteints ou pas, n’a finalement pas d’importance. C’est leur rencontre qui est intéressante, charmante, captivante. Lilas et Leeward se comprennent illico, sans ambiguité et de leur fusion spirituelle, naîtra l’énergie créatrice dont ils avaient tant besoin. Celle qui leur permettra d’affronter leurs peurs et leurs doutes et d’assumer ce qu’ils sont.
Dans un univers qui n’appartient qu’à eux, avec une foule de personnages improbables et de scènes amusantes qui donnent un relief singulier à cette histoire, avec aussi un rythme particulier, ce film est une véritable bulle de légèreté, une sorte de feel good movie d’un genre nouveau, des plus agréables à regarder. A découvrir sans tarder…
2013 – France – 1h35