D’Arnaud des Pallières
Michael Kohlhaas est un puriste, un marchand de chevaux fort respecté qui n’accepte pas que l’on se moque de lui. Sûr de son bon droit, il va tout faire pour le faire appliquer, quitte à le payer au prix fort.
Mais, il vit au XVIème siècle dans les Cévennes, un pays où l’arbitraire règne alors et où la justice est d’application variable. Pourtant, son combat restera à bien des égards un exemple à suivre. Sans sciller.
Une morale à toute épreuve
C’est un film rugueux dont le message est d’une réelle modernité et d’une rigueur morale parfaite. Michael Kohlhaas a beau être marchand riche, c’est un homme d’intégrité totale. Il est toujours prêt à tout pour la défendre. Peut-être parce qu’il est très pieu. Il vit heureux auprès de sa femme et de sa fille, mais l’arrogance d’un jeune seigneur qui lui impose un passe-droit quand il conduit ses chevaux au marché, va ébranler sa vie. L’argument semble au départ anecdotique mais il déclenchera pourtant une série de malheurs, de morts, et même une guerre.
Si le récit est, au départ, très maîtrisé, dominé par la figure imposante et idéale de Mads Mikkelsen, la seconde partie (la deuxième heure) est moins intéressante, plus ennuyante. Sans doute parce que la rectitude morale du héros, soudainement contestée, est moins défendue par le réalisateur lui-même… avant un final très fort, très émouvant.
Quoiqu’il en soit, ce film pas très féminin, adapté du roman de l’allemand Heinrich von Kleist, reste une belle prouesse, un moment de vie ténu, historique, d’un parti pris très intellectuel, qui lui a valu de représenter la France en sélection officielle au Festival de Cannes 2013.
D’Arnaud des Pallières , avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance, Delphine Chuillot, Bruno Ganz, Denis Lavant ? Sergi Lopez, Amira Casar, Jacques Nolot…
2013 – France – 2h02.