ADN
Que Maïwenn a-t-elle à dire de neuf sur sa famille et ses origines ? Qu’elle se sent aussi algérienne. Voilà le propos d’ADN, son cinquième long métrage. Bon…
Que Maïwenn a-t-elle à dire de neuf sur sa famille et ses origines ? Qu’elle se sent aussi algérienne. Voilà le propos d’ADN, son cinquième long métrage. Bon…
Pas facile de faire un film sur un couple après la disparition de leur enfant. C’est pourtant le sujet de Chorus que le réalisateur québécois François Delisle traite avec beaucoup d’élégance.
Comment aborder les sujets les plus durs, et notamment le deuil dans les films animés pour enfants ? Certainement pas à la manière de Esben Toft Jacobsen, le réalisateur de L’Ours Montagne, qui se risque ici sur une pente dangereuse.
Retrouver sa mère morte
Johan est un jeune lapin qui vit avec son père sur un bateau, au milieu de l’océan, depuis que le Roi Plumes a emporté sa maman. Alors qu’il est seul à bord, Johan capte un mystérieux message et décide de partir retrouver sa mère.
Jusqu’ici, tout va bien, mais une fois qu’il arrive au royaume du Roi Plumes, le récit se gâte. Non seulement Johan finit par retrouver sa mère et par se serrer dans ses bras, mais l’histoire laisse entendre qu’il pourra continuer à converser avec elle, une fois revenu parmi les vivants.
Le sujet est trop grave pour être traité ainsi, à la légère. Les psychologues nous ont appris à ne jamais mentir aux enfants. Prétendre qu’ils peuvent, en se jetant à la mer (sans même savoir nager !), repartir embrasser des êtres aimés disparus, semble complètement irresponsable et peut-être même traumatique.
Pour ceux que cela ne rebuterait pas, le graphisme est agréable sans être extraordinaire et les voix des personnages agaçantes.
Durée : 1 h18
En partenariat avec Grains de Sel
Bao est en CM2 à Taïpei (Taïwan) et ses résultats scolaires laissent à désirer. Il faut dire que ses parents très occupés par leur travail envisagent de divorcer, que sa petite sœur Algue l’insupporte. Enfant taiseux, renfermé sur lui-même, il ne s’intéresse qu’aux jeux vidéo.
On l’envoie chez son grand-père veuf à la campagne pour l’été. Le premier contact est rude, les règles de vie trop strictes.
Il s’y résout et commence même à s’y plaire quand il intègre l’école du village où il est accueilli chaleureusement et quand il se lie d’amitié avec Mingchuan. Un bonheur de courte durée, car si la vie est plus douce à Quchi quà Taïpei, elle va aussi avec son lot de drames, de deuils.
Film initiatique qui oppose la culture traditionnelle à la frénétique vie moderne des villes, « Un été à Quchi » est une chronique à la fois délicate et très dure de la vie d’un enfant asiatique aujourd’hui.
Délaissés par leur famille proche, obnubilée par la performance économique, les jeunes chinois, taïwanais ou coréens ont grandi loin de leurs racines et des valeurs ancestrales, dans un confort acquis mais qui ne suffit pas à leur épanouissement. Une génération sacrifiée qui va nourrir pendant plusieurs décennies l’inspiration des cinéastes de leur pays. A suivre donc…
2013 – Taïwan – 1h49
En partenariat avec Grains de Sel
Elise a perdu son mari; Léo, 10 ans, son papa. La vie à deux a retrouvé son équilibre jusqu’à ce que Paul arrive dans cette relation. Mais finalement, le bouleverse-t-il ou l’enrichit-il ce « couple hors normes »?
Inspirée de l’expérience de la réalisatrice, Marilyne Canto -très bonne et très juste comédienne -, « Le sens de l’humour » est le prolongement d’un court-métrage, « Fais de beaux rêves » qu’elle avait réalisé il y a sept ans et qui traitait du deuil d’une femme après la mort brutale de son mari.
Ici, le deuil est plus ou moins consommé. Elise est à l’étape suivante, celle de (l’impossible?) reconstruction. Et c’est Paul qui en fait les frais.
Autant il est amoureux – même si on se demande bien pourquoi et comment il a été séduit, vu comment elle le malmène – autant elle est contradictoire appréciant l’amant, moins l’homme. « Elle n’est pas toujours aimable, mais elle est aimante », prétend la réalisatrice. Ah bon! Mais cela n’apparaît tellement pas à l’écran qu’il devient difficile de s’accrocher à cette histoire, comme le fait Paul.
Du coup, on regrette donc qu’Elise revendique tant son sens de l’humour (absent du film, d’ailleurs à moins que nous n’ayons pas le même) et si peu son sens de l’amour, qui lui fait singulièrement défaut ici. Dommage…
Au crédit de Marilyne Canto, toutefois, les lieux qu’elle a choisis de filmer et qui le sont très peu habituellement : le musée de l’Orangerie et la salle des Nymphéas de Monet, les grandes galeries du Louvre, le quartier autour de la rue de Charenton dans le XIe à Paris… Et le fait qu’elle n’ait pas cherché à lisser son personnage, froid, en lutte constante contre ses émotions. Mais, cela ne suffit pas.
2013 – France – 1h28
©Ivan Mathie
Ce film triste, dur s’inspire d’une nouvelle autobiographique de Friedrich Gorenstein, un écrivain russe marquée par son enfance durant la Seconde Guerre Mondiale. Gorestein est le fils d’utopistes convaincus que le communisme s’étendrait au monde entier. Son père fut pourtant fusillé car juif sans autre forme de procès. Sans nouvelles de lui, sa mère se rend à Moscou et quand elle découvre la vérité, décide de repartir en Ukraine par le train. Mais, elle tombe malade durant le trajet.
C’est là que le film commence, quand la mère est emmenée à l’hôpital. Son fils, 9 ans, a la charge de leurs affaires, d’alerter son grand-père. Il doit aussi retrouver sa mère. Il parvient à tout faire, sachant à peine lire et écrire, et même à poursuivre son voyage. Mais, on est en hiver 1944 et l’époque est plus à la survie et à l’individualisme qu’à l’entraide.
Dans un noir et blanc un peu nostalgique, qui livre de belles images sur la vie désolée en URSS, ce film difficile repose sur la justesse de l’acteur très sensible qu’est le jeune Dmitriy Kobetskoy, un jeune orphelin d’Odessa découvert après un long casting. Katerina Golubeva qui joue est sa mère signe à ses côtés sa dernière performance.
2012 – Ukraine – 1h20
En partenariat avec Grains de Sel
Les autres sorties du 20 novembre traitées par cine-woman :
La note Cine-Woman : 4/5
« Mes amis du continent s’imaginent que habiter Hawaï, c’est vivre au paradis. Comme si on passait nos journées à siroter des cocktails et surfer. Et puis quoi encore? Qu’est-ce qu’ils croient, qu’on est immunisé contre la vie? Je suis pas monté sur un planche depuis… je sais pas, quinze ans? » La voix suave et arythmique de George Clooney survole en ouverture l’île de Hawaï, où Matt King, son personnage, est avocat et heureux héritier des terrains âprement disputés. Il est aussi le mari d’Elisabeth, plongée dans un coma très profond suite à un douteux accident en mer. Matt King n’est pas un homme parfait. Loin de là. Mari et père lointain, il s’est investi dans son travail et a finalement peu pris part à la vie de sa famille. L’accident de sa femme va le mettre face à ses responsabilités et lui ouvrir les yeux. En grand! Ses filles ont besoin de lui, sa femme le trompait, l’héritage de sa famille représente ses racines. En perdant pied, il va enfin prendre conscience et devenir un homme.
Alexander Payne a un talent énorme : celui d’être constamment sur le fil et de savoir y rester, de s’y maintenir, sans jamais jamais tomber. Sur le papier, l’histoire semble décourageante, anachronique même. Mais, il en fait un cheminement intérieur tellement fort, une révélation de vie si puissante qu’il évite écueils, clichés et gagne constamment en intérêt.
Au départ, rien n’est séduisant. Clooney est sapé comme un beauf, avec des chemises à fleurs délavées. Sa femme est un légume sur un lit d’hôpital. Son univers, comme tous les plans très cadrés où il évolue, sont étriqués: bref, il est aussi moche que sa vie! Au contact de ses filles (formidables découvertes que sont Shailene Woodley et la jeune Amara Miller) il s’épanouit; en acceptant ses devoirs, son environnement lui sourit, nous sourit… D’un seul coup, l’image s’embellit et laisse à découvrir un homme en reconquête et des îles de beauté. Le rejet primaire qu’on avait d’Hawaï s’estime peu à peu pour donner à voir un univers attachant à défaut d’être paradisiaque, presque jamais filmé.
Paradoxalement, et malgré tout le bien que l’on pense de lui, Georges Clooney n’est pas l’élément fort du film: son rôle, lui, est extra, son jeu un peu moins mais son contre-emploi total. Ce qui peut suffire à courir voir le film.
Qu’importe la raison, mais The Descendants est assurément ce qui se fait de mieux, en ce début 2012.
2011 – USA – 1h50