La saison des femmes
La saison des femmes de Leena Yadav est un film féministe indien, réalisé par une femme qui plus est. Un phénomène suffisamment rare pour être mis en avant.
La saison des femmes de Leena Yadav est un film féministe indien, réalisé par une femme qui plus est. Un phénomène suffisamment rare pour être mis en avant.
Petit budget mais grande idée, ces filles au Moyen-âge dressent un portrait intelligent de la condition féminine à travers les âges. Sans moyen mais avec talent. Brillant!
Ce film est un exploit. Et un témoignage vivant de l’épouvantable condition de la femme en Arabie Saoudite. On sait déjà qu’une femme n’a pas le droit d’y conduire une voiture. On apprendra aussi qu’elle est donc dépendante, adulte, de la bonne volonté de son chauffeur et enfant, qu’elle n’a même pas le droit de faire du vélo!
Wadjda, elle, jeune fille pleine de vie de 12 ans, aimerait bien pouvoir envoyer toutes les règles idiotes et ultra-contraignantes qui régissent la vie des filles et des femmes là-bas. Une jeune fille bien élevée ne doit jamais rester dans la ligne de mire d’un homme mais vite se précipiter à l’intérieur, et cela, même si elle est couverte d’un voile noir qui le recouvre des pieds à la tête. Une jeune fille ne peut toucher le Coran lorsqu’elle est « impure », elle n’apparaît jamais dans un arbre généalogique, ne peut pas se mettre de vernis à ongles, porter un bracelet à l’école etc etc etc et bien sûr, elle sera mariée à peine adolescente à un homme qui pourra la répudier ou la remplacer comme il voudra, si elle ne lui donne pas le fils espéré.
Wadjda, donc du haut de ses 12 ans, va se rebeller à sa manière contre ce système, en souhaitant avoir un vélo pour pouvoir battre son copain Abdallah à la course. Et elle n’en démordra pas même si tout joue contre elle.
A travers la quête de Wadjda et la description de sa vie en famille, auprès de sa mère et de son père absent, Haïfaa Al Mansour offre le premier témoignage vivant, nourri de la vie en Arabie Saoudite, pays où le cinéma est proscrit, où il n’existe aucune salle de cinéma et où elle peut se vanter d’avoir tourné le premier long métrage de l’histoire. Sans démonstration et avec un sens aiguë de la narration, elle dresse ainsi un portrait très complet et tout à fait sensible de la place de la femme et de la petite fille dans ce pays, souvent ami des Occidentaux. Et la leçon est des plus terrifiantes mais des plus efficaces.
Encourageons-la, elle et ses futures consoeurs, à produire encore et encore de nouveaux témoignages aussi bien menés. Peut-être qu’alors le cinéma aura cette utilité sociale, provoquera l’avancée indispensable que méritent ces femmes là-bas ou ailleurs. Chapeau à elle, en attendant.
1h37 – Arabie Saoudite – 2012