Un pays en flammes
Filmer la pyrotechnie. C’est le projet ambitieux et maladroitement réussi de la réalisatrice Mona Convert avec ce film aussi documentaire qu’expérimental : un Pays en flammes. A l’ACID.
Filmer la pyrotechnie. C’est le projet ambitieux et maladroitement réussi de la réalisatrice Mona Convert avec ce film aussi documentaire qu’expérimental : un Pays en flammes. A l’ACID.
Elles sont un peu bizarres, Marie et Marie, ces deux colocs d’une vingtaine d’années. Elles s’ennuient tellement qu’elles se font inviter à dîner par de riches hommes âgés, forcément. Elles en profitent pour se baffrer, sans limite, puis elles les éconduisent de la plus amusante des façons en les mettant dans un train et en disparaissant par la porte arrière. Qu’importe… Ne sachant pas quoi faire de leurs dix doigts, elles en profitent donc pour faire n’importe quoi… Et finalement, ça n’a aucune importance.
A leur âge, la réalisatrice Vera Chytilva, une des figures de la Nouvelle Vague tchèque auprès de Milos Forman et de Jiri Menzel, faisait, de son propre aveu, « n’importe quoi avec la fille avec qui j’habitais. Mon idée de départ était donc de capter le style de vie de ces jeunes filles tant que j’en savais quelque chose ». Et si son ambition était celle-là, de ce point de vue, le film est complètement réussi. Il ne raconte rien, sinon leur ennui et ce que leur imagination leur offre pour pouvoir en sortir.
C’est donc débridé, foutraque, dingo, joyeux, inattendu, surprenant, déstabilisant… et très expérimental. Allez savoir pourquoi cette scène est d’abord filmé au travers d’un filtre jaune, puis vert, puis rouge, puis bleu, pourquoi celle-ci commence en noir et blanc et fini en couleur, pourquoi celle-là précède l’autre, pourquoi elles sont habillées de robes graphiques ou de papier journal…
En fait, on s’en fout. Ce film, difficile à regarder de bout en bout aujourd’hui, qui se déguste mieux par morceau, pour l’esthétisme raffinée de ses compositions, Il est avant tout le témoignage de la vitalité créative d’une époque, celle de la nouvelle vague tchèque qui s’est épanouie au début des années 1960 et jusqu’au Printemps de Prague en 1968 et la prise de parole d’une réalisatrice iconoclaste et féministe – le reste de son oeuvre le prouvera, sans dogmatisme aucun -. En tout cas, il donne surtout l’envie de se plonger plus en avant dans l’oeuvre de cette réalisatrice étrange, à la vie contrastée entre succès et censure dure, qui a tourné une cinquantaine de films, courts-métrages et documentaires compris, entre 1960 et 2011.
1966 – Tchéquie – 1h16