Avec Les fantômes d’Ismaël, Arnaud Desplechin revient sur des territoires et ses personnages fétiches – la disparition, le couple, Dedalus, Mathieu Amalric. Mais il élargit son cercle intime à de nouvelles venues : Charlotte Gainsbourg et Marion Cotillard.
Trois ans après Intouchables (plus de 19 millions d’entrées en France), le trio Omar Sy, Eric Toledano et Olivier Nakache est de retour avec Samba. Avec de nouvelles têtes à leur côté et un sujet grinçant.
Joseph et Catherine (Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg) sont mari et femme et projettent d’avoir un enfant ensemble. Mais, le passé de l’un est trop lourd et le regard de l’autre trop violent.
Quête (ir)rationnelle
Soudain, Catherine disparaît. Joseph retrouve finalement sa trace en Inde, au sein de la communauté tamoule quand une de ses anciennes connaissances prétend être « possédée » par elle.
Film à cheval entre deux continents et deux cultures complètement différentes, « Son épouse » est l’histoire d’une quête, celle d’un mari qui cherche à retrouver sa femme, une quête à priori rationnelle mais qui bascule dans un monde fantasmagorique.
La fascination de l’Inde
Michel Spinosa, manifestement bouleversé par sa rencontre avec l’Inde et la manière dont on y traite les malades mentaux et ceux qui se disent possédés par des esprits, a donc cherché un moyen d’y faire un film qui respecte la culture indienne tout en ayant un écho ici. Il s’accroche donc à cette histoire d’un couple en souffrance dont la séparation brutale et radicale mène de la campagne française à la côte du Tamil Nadu.
Est-ce intéressant ? A part la partie quasi documentaire où Spinosa filme les centres où sont attachés et « traités » les malades – ce qu’il fait d’ailleurs très bien, sans jugement et avec un regard plutôt bienveillant- l’histoire d’amour de Joseph et Catherine est tellement ténue, sans émotion ni enthousiasme qu’il est très difficile de se sentier concerné par ce qui leur arrive.
Comment souvent chez lui, Spinosa part d’une idée intéressante – l’époque bénie où la pilule était autorisée et le sida inconnu dans « La Parenthèse enchantée » ou l’érotomanie d’une femme dans « Anna M. » – mais il traite le sujet platement, sans fougue, sans relief comme s’il refusait de se confronter à des émotions trop fortes, celles qui semblent l’intéresser pourtant au départ. Sauf qu’ici, le sujet, même s’il est étonnant, n’est pas forcément enthousiasmant. Un documentaire aurait sans doute été plus judicieux…
De Michel Spinosa, avec Yvan Attal, Charlotte Gainsbourg, Mahesh, Janagi…
Le monde serait-il différent s’il été dirigé par des femmes ? Riad Sattouf (Les beaux gosses) prétend que non, mais en s’amusant à détourner le rôle traditionnel que jouent les deux sexes, il livre une parodie acerbe du pouvoir dans les pays musulmans et du sexisme culturel (donc ordinaire).
Homme au foyer et à touiller
Jacky (Vincent Lacoste) est comme tous les garçons de son âge. Il est cantonné au foyer à touiller la bouillie. Son rêve ? Aller au grand bal de la Bubunerie pour rencontrer l’héritière dont il est amoureux depuis toujours. Mais, l’accès au bal n’est pas donné à tous et lui a un casier particulièrement chargé : il est pauvre, sa mère meurt, son oncle est le pire ennemi du régime et ses cousins lui volent le précieux sésame qui lui aurait ouvert les portes du palais.
Cendrillon un peu modernisé (quoique) et plongé au cœur d’une dictature tenue d’une main de fer et depuis des générations par des femmes, « Jacky » est une satire courageuse et bien pensée du monde actuel et en particulier des régimes dictatoriaux des pays d’islam (mais pas que), de ceux qui vantent leur conscience de la démocratie pour mieux y interdire les libertés publiques, notamment celle d’expression.
Parodie réjouissante
Riad Sattouf est mi-syrien, mi breton, ce qui lui donne une liberté de vision et de ton inégalée dans notre cinéma français. Une crédibilité aussi. Sa tentative de décrire ainsi une réalité sordide et sur laquelle on ferme les yeux n’en est que plus inquiétante.
En faisant la fine bouche, sa parodie n’est pas complètement exempte de défauts (la toute fin par exemple est maladroite). Il n’empêche qu’elle a le mérite de monter l’ignominie de ces dictatures et la manière dont elles fonctionnent toutes : en s’appuyant sur des croyances idiotes (celle du chevalin), sur une armée solide (arbitraire et corrompue), sur la peur des populations et sur leur abrutissement.
Il était des fois…
Il montre aussi le formatage des contes de fées (celui de Cendrillon, ici) et la manière dont ils prédéterminent le rôle de chacun et de chacune. En le glorifiant, bêtement et sans aucune imagination, ni esprit de rébellion.
Finalement, avec sa comédie quasi moyenâgeuse (le vocabulaire inventé et la manière de parler sont à cet égard une trouvaille), Riad Sattouf vise en plein dans le mil : en pleine folie suicidaire syrienne et en plein retournement réactionnaire de la société française, contaminée par toutes les théories de repli les plus relou, la fameuse théorie du genre n’étant pas la moindre. Difficile d’être plus en phase… Réjouissant !
De Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Michel Hazanavicius, Charlotte Gainsbourg, Anémone, Noémie Lvovstky…
2013 – France – 1h30
A venir une interview d’Anne-Dominique Toussaint, la productrice de Riad Sattouf.
Quand Jeff débarque dans la vie de son meilleur pote, en pleine une nuit, Ben est fort occupé à essayer de faire un enfant à sa femme. Qu’importe ! Les retrouvailles de deux copains sont les plus fortes et très vite, Jeff dévie Ben de sa petite routine familiale. Il l’amène dans une soirée interlope où ils font le pari stupide de tourner ensemble un porno pour Hump, le célèbre festival de films amateurs. Rendez-vous est pris à l’hôtel quelques jours plus tard…
Remake mou
Yvan Attal ne s’en cache pas : son troisième film est une commande, celle d’un remake de Humpday, signé de l’américaine Lynn Shelton, qui a connu son heure de gloire en étant sélectionné à Sundance et à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Il s’en cache tellement pas que c’est non seulement la même histoire, mais évidemment les mêmes situations et à peu près les mêmes dialogues (quasiment les mêmes costumes).
Outre le fait qu’il ne semblait pas indispensable de faire un remake de Humpday aussi vite (le premier date de 2009), Yvan Attal n’apporte finalement pas grand chose qui puisse vraiment nous accrocher. L’intrigue n’est pas passionnante, on se doute assez vite de ce qui va se passer (et en plus, on s’en fout !). Sa manière de filmer, avec flou et mise au point sur certaines parties des plans seulement, est plutôt insupportable. Enfin, la régression de deux hommes d’âge mûr en pleine crise post-adolescente n’est jamais séduisante (surtout pour une femme). Certains hommes s’y retrouveront sans doute. Mais qu’ils sachent quand même que le film n’est pas très drôle (le brief d’Attal était de réaliser une comédie), que les acteurs ne décoiffent non plus… sauf dans la scène de fête destroy où Asia Argento et Charlotte Gainsbourg, en couple lesbo libéré, s’en donnent à cœur joie. C’est un peu court…
Avec François Cluzet, Yvan Attal, Laetitia Casta, Charlotte Gainsbourg, Asia Argento…
2012– France- 1h28
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