Les BD (six tomes) ont été un vrai succès auprès des fillettes. Lou est une jeune fille de son époque, épanouie, un brin originale et élevée par une célibataire mère complètement loufoque.
Premier tome, premier film
Dans le premier tome, « Journal intime » qui est ici adapté au cinéma par son auteur et dessinateur, Julien Neel, Lou présente sa famille (notamment sa grand-mère revêche), sa vie quotidienne, se dispute avec Mina, sa meilleure amie, se lie avec une autre, est toujours amoureuse de Tristan à qui elle ose enfin parler et jette sa mère dans les bras de leur nouveau voisin.
Fidèle à son personnage, Julien Neel a pourtant opté, non pas pour un film animé, mais pour une fiction avec des acteurs bien vivants. Si la jeune inconnue Lola Lasseron est une charmante découverte, les autres acteurs forcent tous le trait et tombent dans une surenchère insupportable des travers de leurs personnages.
Trop barrée
Ludivine Sagnier est méconnaissable et complètement à l’ouest, Nathalie Baye, la grand-mère, trop austère, le voisin Kyan Khojandi insignifiant… Les décors, les situations sont tellement décrites sans nuances que le film devient vite un gâteau beaucoup trop sucré et donc indigeste.
De Julien Neel, avec Lola Lasseron, Ludivine Sagnier, Kyan khojandi, Nathalie Baye…
« Punk is not dead ! ». Voilà le credo de Bobo, Klara et leur nouvelle copine Hedvig, trois copines de 13 ans qui s’ennuient ferme dans leur petite vie de collégienne.
Punk attitude
A Stockholm, en 1982, plus qu’ailleurs peut-être à cause du succès d’ABBA, le disco s’était imposé avec ses couleurs fluo, sa boule à facettes et ses rythmes chaloupés.
Il n’en faut pas plus pour que Bobo et Klara les deux meilleurs amies du monde, entrent en résistance : les cheveux en crête (enfin presque), elles jouent la provoc’ à haute dose, jouent avec les nerfs de leurs parents trop occupés, découvrent les fêtes, le vin, la bière et finissent, contre toute attente, par monter un groupe de rock trash… sans savoir jouer d’aucun instrument.
So 1980’s
Adapté de la BD « Never goodnight », écrite par sa femme, le film de Lukas Moodysson est une tranche de vie de trois adolescentes en 1982, une époque sans portable, sans ordinateur, sans facebook, où pour se voir, on traînait ensemble dans la rues, dans les fêtes après avoir monopolisé le téléphone familial pendant des heures.
Une époque où l’autorité se contestait frontalement mais où l’espoir était encore de mise et la discussion (très présente ici), la meilleure façon d’exister, seul ou à plusieurs.
De Lukas Moodysson, avec Mira Barkhammar, Mira Grosin, Liv Lemoyne…
Mieux cerner les arcanes du pouvoir, arpenter les chemins de la prise de décision pour toute une nation, voilà des enjeux d’envergure que Cine-Woman ne peut, ne veut ignorer. Et quand c’est Bertrand Tavernier qui les balise, l’envie et la curiosité deviennent encore plus fortes.
Du vécu
C’est une BD à succès signée Abel Lanzac et Christophe Blain qui a inspiré le réalisateur de « Capitaine Conan ». Fidèle au récit vécu par l’un des auteurs, le film raconte l’arrivée d’un non-initié au sein d’un cabinet ministériel, celui des Affaires Etrangères sous Dominique de Villepin, puisque, même s’il n’est jamais nommé, tout le monde le reconnaît.
Ce débutant, dont on ne sait pas très bien ce qu’il a fait pour mériter ce nouveau poste, déboule donc un matin au Ministère pour passer un entretien d’embauche. Et déjà toute la rationalité qui devrait être au pouvoir disparaît. Entre deux portes, sans s’être jamais réellement présenté, Arthur Vlaminck, un jeune thésard joué par Raphaël Personnaz, va comprendre par lui-même qu’il est engagé pour écrire les discours du ministre. Or, celui-ci, rebaptisé ici Alexandre Taillard de Worms (Thierry Lhermitte), a une haute idée de sa personne, de sa fonction si tant est qu’elle lui permet de frayer parmi les grands de ce monde et de se révéler parmi les puissants. Ses discours se doivent donc d’être grandioses et de marquer leur époque, comme celui ultime qui clôture le film, le discours des Nations-Unies, applaudi par la salle, ce qui est rarissime.
Dé-co-der
Mais, trouver sa voie au milieu du labyrinthe géographique et décisionnel d’un cabinet ministériel n’est pas chose aisée. Non seulement rien ni personne ne vous attend, même pas un bureau et une chaise, évidemment pas un ordinateur en bon état de marche et surtout pas relié à Internet (secret défense oblige). Surtout le parcours est jonché d’obstacles, de rivalités, de coups bas qui peuvent surgir à tout moment. On ne peut se fier à personne et une alliance d’un jour est une entrave le lendemain.
Le film conte, par une succession de saynètes, la manière dont ce cabinet se débat dans des enjeux internationaux sérieux voire graves (tous les références sont masquées, les noms des personnages comme des pays inventés mais on comprend aisément qu’ils correspondent tous à des gens ou des événements réels). Il doit surtout jouer avec la personnalité d’un ministre flamboyant, ayant une haute idée de sa personne et de ce que la fonction peut lui apporter, mais complètement irrationnel et autocentré – la scène de la rencontre avec l’écrivain Molly Hutchinson (Jane Birkin) est à ce propos très éloquente-.
Lieu de pouvoirs
Le cabinet est lui-même composé de personnalités hétéroclites (une seule femme (Julie Gayet) aussitôt jugée sur la manière dont elle use, abuse de son pouvoir de séduction), souvent des brillants esprits plutôt connaisseurs de leurs dossiers mais qui passent leur temps à protéger leur parcelle de pouvoir et à se faire bien voir d’un ministre tout-puissant. Bref, des technocrates plus concernés aux-aussi par leur carrière que par leurs actions.
Une telle description du fonctionnement d’un cabinet ministériel est à la fois inédite et intéressante : contrairement à « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller qui offrait une vision dramatique et responsabilisante d’un tel cabinet, ici c’est la comédie du pouvoir qui est mise à l’image. Le film ne donne jamais l’impression d’une ligne de conduite forte, bref d’une politique guidée par un intérêt général ou bien d’une vision un tant peu soit peu stratégique des hautes sphères de l’Etat français. Non ici, on gère des situations, des coups, des tensions selon l’humeur du jour et selon surtout l’humeur du ministre.
Le fait du Prince
En renforçant constamment cet aspect, en soulignant les lubies du Ministre qui « stabilote » à tout va en se référant à Héraclite en permanence –dont les citations structurent le film – Tavernier appuie sur l’irrationalité et l’irresponsabilité totale du pouvoir en France. Il en dresse une critique grinçante mais qui reste superficielle. On a presque l’impression que lui-même n’en croit ni ses yeux, ni ses oreilles.
Certes, on comprend que la vie d’un cabinet ministériel est un tourbillon permanent, une lutte sempiternelle de chacun pour sa survie. Bref, un épiphénomène dans ce monde sans repères qu’une conjonction de circonstances amèneront à briller ou pas.
Caricatural?
La frustration du spectateur peut donc se résumer : « le pouvoir politique ne peut-il être que cela ? ». Si c’est le cas, l’abstention devrait légitimement battre de nouveaux records aux élections. Si ça ne l’est pas, ce film ne sera alors qu’une caricature assez enlevée, parfois amusante, d’autre fois consternante du pouvoir. Et le jeu des acteurs principaux, Thierry Lhermitte et Raphaël Personnaz, qui misent à la fois sur leur physique et sur leur comique, renforcent cet aspect. A l’inverse, la profondeur, le flegme de Niels Arestrup laissent à croire que certains ont conscience de l’impact de leurs choix et de leurs décisions. Mais, justement, en ne choisissant jamais entre ces deux options, le film de Tavernier laisse une drôle impression d’inachevé.
De Bertrand Tavernier, avec Raphaël Personnaz, Thierry Lhermitte, Niels Arestrup, Julie Gayet, Jane Birkin…
2013 – France – 1h53
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