J10 – 75e Festival de Cannes
Ça sent la fin. J10 – 75e Festival de Cannes soit le dernier jour avant le palmarès. Au menu, ultimes films, fêtes et fatigue.
Ça sent la fin. J10 – 75e Festival de Cannes soit le dernier jour avant le palmarès. Au menu, ultimes films, fêtes et fatigue.
Attention, ce film mi-documentaire, mi-comédie musicale est un petit miracle !
David André, le réalisateur, part à Boulogne sur Mer avec l’idée de s’intéresser aux rêves des adolescents. Il tombe sur une bande de cinq lycéens, 3 filles et deux garçons qui préparent le bac et décide de les suivre tout au long de l’année scolaire.
Gaëlle veut être artiste, Rachel est sûre d’elle, Caroline sûre de rien, Nico est fantasque, original et Alex amusant et bon vivant, mais il doit redoubler sa Première.
Au fil d’une année scolaire aussi compliquée que porteuse de désillusions et d’espoirs, le réalisateur dresse un portrait tout en nuances d’une jeunesse à l’avenir plutôt gris. A Boulogne, plus qu’ailleurs, le travail manque, les salaires sont bas, les parents inquiets.
Mais, pour ces 5 jeunes, ce ne sont évidemment pas des raisons suffisantes pour renoncer à leurs rêves, à leurs envies… Bien au contraire. Suivant l’adage de Georges Bernanos que « l’espérance est un risque à courir », ils chantent et content leurs angoisses et leurs projets, conscients qu’ils ne se réaliseront pas tous, mais que renoncer serait déjà vieillir. Bien vu et joliment chanté.
2013 – France – 1h22
En partenariat avec Grains de Sel
De l’engagement politique, un changement radical d’époque, une course poursuite inégale, des secrets enfouis, un passé qu’il ne fait pas bon découvrir, une sorte de chasse à l’homme à travers tous les Etats-Unis… tous les ingrédients réunis dans ce film donnent envie de le voir, comme on reverrait avec plaisir un film des années 70. Et pourtant…
Le film commence par un acte suicidaire. Sharon Solarz (Susan Sarandon, fait tout pour se faire arrêter par la police. Elle a fait partie d’un groupe de militants radicaux dans les années 1960, les Weather Underground, qui a revendiqué des attentats pour protester contre la guerre du Vietnam, puis vécu dans la clandestinité sous une fausse identité depuis tout ce temps.
Son arrestation va provoquer des effets en cascade. Jim Grant (Robert Redford), qui vivait tranquille avec sa fille, va soudainement devoir régler un vieux contentieux, révélé un vieux secret, et pour cela repartir sur la piste de ces anciens amis militants qu’ils n’avaient plus revu depuis 40 ans. Pour cela, il va mettre sa vie en danger, le FBI étant à ses trousses ainsi qu’un journaliste local qui a absolument besoin d’un scoop pour continuer à travailler.
Basé sur des faits historiques, le film est inspiré d’un roman de Neil Gordon. Contrairement au livre qui adoptait le point de vue de la fille de Grant, le scénario est raconté du point de vue du journaliste sans ampleur qui s’enthousiasme pour cette enquête.
C’est sa première faiblesse, car ce pauvre type, même s’il a des intuitions, n’a aucun moyen pour poursuivre un tel enjeu seul, au nez et à la barbe du FBI. On comprend à peine sa détermination (il risque de perdre son job, ok) et encore moins son obstination. En plus, il est joué par Shia Labeouf qui a le charisme d’une chaussette sale et une palette d’émotions des plus réduites. S’il avait été porté par le regard de la fille Grant, tout eut été changé. Impliquée involontairement dans cette embrouille historique, elle avait effectivement un besoin vital de connaître la vérité. Le journaliste, non.
Lancé sur la piste de Jim Grant, qu’on suit à la semelle, on perd en 10 minutes la situation initiale pour une course-poursuite toute à la faveur de Robert Redford. Certes, il n’a pas perdu grand-chose de sa splendeur. Il sait tenir un film… comme acteur. Comme acteur et réalisateur, c’est beaucoup plus contestable. Du coup, le film vire assez vite dans la caricature (le FBI est à pleurer) mais est régulièrement sauvé par des scènes ou des rencontres d’anthologie qui remettent le niveau hors d’eau. Celle avec Julie Christie, par exemple, ou encore la manière dont Redford échappe au FBI à l’hôtel de New York.
D’un film qui disposait de nombreux ingrédients ainsi que de la nostalgie pour ce qu’il a représenté, Redford ne tire que quelques moments à partager, mais pas un film de grande envergure. Insuffisant !
2012 – Etats-Unis – 2h01
©Susie Allnutt
Sous la pression internationale, le dictateur Augusto Pinochet est contraint, en 1988, d’organiser un referendum sur sa présidence. Pour la première fois, il offre une partie des écrans de la télévision chilienne à ses opposants politiques. Sûr de gagner ou bien de pouvoir manipuler les résultats, le clan Pinochet ne me méfie pas de René Saavreda, un jeune publicitaire brillant que l’opposition a engagé. Grâce à une campagne électorale innovante et super efficace, le NO l’emportera. Et cela, malgré la surveillance constante de la dictature militaire.
Il suffisait d’un NO, mais d’un No bien senti, pour qu’un dictateur au lourd passif vacille. Refusant de jouer sur son bilan atroce, René Saavreda a eu l’intelligence de miser sur le futur, sur l’avenir que voulait se donner le Chili. De comprendre qu’à ce moment-là, en 1988, il pouvait jouer de la guerre entre les anciens et les modernes. C’est ce que montre le film de Pablo Larrain qui choisit, lui en douceur, de régler ses comptes à un passé douloureux. En douceur et surtout de manière très positive, puisque son héros que sa caméra quitte très peu est un homme certes impliqué mais pas un militant, plutôt un opportuniste doué, toujours avec deux coups d’avance en fin stratège social qu’il est.
Gael Garcia Bernal donne une fragilité intéressante à ce héros des temps modernes, publicitaire brillant, qui a le pays à ses pieds, mais qui a perdu sa femme et doit élever seul son fils de 9 ans.
Un bémol pour ce nommé à l’Oscar du meilleur film étranger : l’image hyper années 1980 qui date résolument le film dans le passé sans lui donner une dimension ni actuelle, ni universelle.
2012 – Chili/USA – 1h57