L’amour dure 3 ans
La note Cine-Woman : 4/5
de Frédéric Beigbeder
Voilà bien plus que 3 ans que l’on attendait que Frédéric Beigbeder s’exprime sur grand écran. Certes, il avait déjà signé l’adaptation de 99 francs, quelques apparitions, des scénarios et un paquet de pubs. Cette fois, il passe aux commandes.
On lui sait gré d’ailleurs de ne pas s’être précipité sur le premier miroir aux alouettes venu. A 46 ans, un peu calmé sans être complètement rangé des voitures, le trublion du monde littéraire français, le dépoussiéreur de talents, le fêtard invétéré, le maître de la frustration maîtrisée, l’amoureux de l’amour revendiqué saute le pas. Sans trop de risques puisqu’il adapte un roman qu’il connaît bien pour l’avoir écrit. Et vécu.
Dévasté par son divorce après 3 ans d’amour, Marc Marronnier, un critique littéraire et chroniqueur nocturne qui ressemble en tout point à Beigbeder, rencontre sans s’y attendre une tourbillonnante créature, Alice. Autant lui est désabusé par la vie, mais surtout par le mariage ou les amours ratées, autant elle est belle, virevoltante… vivante. Bref, et alors qu’il vient d’écrire un best-seller sur ses doutes, il commence une passion. De trois ans, sans doute.
Beigbeder avait raison de se méfier de ce cadeau empoisonné que lui offre sa notoriété, ses réseaux etc… Mais, comme il est bien plus intelligent que ça, il a réussi à déjouer quasiment tous les pièges pour signer un premier film dont il peut légitiment être fier. Il est inventif quand il met en scène ses propres citations dans une ronde séduisante, perspicace quand il traite l’amour en sujet scientifique, surprenant quand il revendique ses goûts cinématographiques et tête à claques quand il médite ou cite un peu trop ses références (nous aussi on adore Michel Legrand mais bon) … Non content de savoir nous toucher avec son héros bancal, il organise des joutes verbales avec un talent comique qu’on lui reconnait volontiers et un art du dosage pertinent. Bref, ce galop d’essai est une réussite. La sienne surtout.
avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust, Joey Starr, Jonathan Lambert, Frédérique Bel, Nicolas Bedos, Bernard Menez, Annie Duperey, Valérie Lemercier
2010 – France – 1h38