Lili, une poule pondeuse s’échappe de sa batterie dans l’espoir de vivre au grand air. Un colvert la prend sous son aile mais il est bientôt tué par une belette, laissant derrière lui un caneton prêt à éclore. Lili décide de le couver puis de l’élever. Mais, un canard peut-il avoir une poule comme maman ?
Adapté d’un livre très célèbre en Corée, cette histoire n’est pas très éloignée de celle du vilain petit canard et prône de la même manière la tolérance et l’altruisme. En rupture avec cette quête d’harmonie, les dessins sont anguleux et les couleurs parfois criardes. Un peu comme les voix utilisées pour le doublage. Il faut s’habituer pour apprécier au mieux cette généreuse leçon de vie, portée par des personnages pétillants.
« T’as aimé Amour ? » « Euh… disons que ça ne se pose pas en ces termes là. C’est difficile d’aimer Amour ». Amour, le nouveau film du réalisateur autrichien Michael Haneke, la Palme d’or du dernier festival de Cannes, n’est pas un film aimable. Ni au sens propre, ni au sens figuré.
C’est l’histoire d’Anne, une ancienne professeur de piano, mariée à Georges depuis la nuit des temps qui, suite à un accident vasculaire, perd peu à peu ses sens, son autonomie, sa vivacité intellectuelle pour ne plus devenir qu’un légume, une déchéance charnelle et spirituelle, un poids qui, malgré elle, va pourrir la vie et la vieillesse de son bien-aimé. Au-delà du supportable. Et c’est cette longue descente vers la mort qu’Haneke filme au plus près, crûment, quasiment comme un documentaire.
Si vous ne l’êtes pas vous-même, la salle autour de vous est généralement en pleurs, en assistant à cette fin de vie à la fois singulière et pourtant si banale de cette femme qui fut brillante et raffinée. Car rien ou presque ne nous est épargné. Conçu comme un quasi huis clos, le film quitte rarement le lit où Anne s’étiole, la suivant pas à pas vers une fin qui tarde, malgré tout, à venir. Et ce n’est pas sa fille, qui vit à l’étranger et a les problèmes de son âge (40/50 ans) et de son temps, qui, à coup de « faut qu’on » ou de « y’a qu’à », va alléger le fardeau d’un père bien éprouvé.
Comme souvent et une fois la thématique du sujet expliquée, le film d’Haneke vaut surtout pour ses acteurs. Jean-Louis Trintignant est au delà de l’excellence, toujours juste et inquiet pour celle qui fut la compagne de sa vie, quand bien même elle délirerait, deviendrait agressive ou simplement inhumaine. Isabelle Huppert, qui joue la fille, trouve le ton et l’arrogance juste, la distance qui sans l’empêcher d’être concernée la préserve de trop d’implications. J’aime moins le jeu, un peu précieux d’Emmanuelle Riva, même s’il faut reconnaître que sa performance de grande malade est extraordinaire. C’est d’ailleurs elle, cette femme de 85 ans qui recueille tous els suffrages, tous les prix et même pour la première fois de sa vie, une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Mention spéciale à Alexandre Tharaud, pianiste de renom qui s’essaie à la comédie avec une aisance certaine.
Inutile de vous raconter la fin, elle est évidente même si la forme n’est pas écrite à l’avance.
Reste à savoir si Amour est un grand film. Impossible à dire, même si comme Emmanuelle Riva, il est en passe de marquer l’histoire de son palmarès. Palme d’Or à Cannes en 2012, citée cinq fois à l’Oscar, le film est vénéré par les critiques du monde entier – le film a raflé trois des plus importants Pirx Lumière le 18 janvier 2013 -. C’est incontestablement un choc, plus fort que les autres Haneke, plus fort que Funny Games ou Le ruban blanc, presqu’une démonstration naturaliste de ce que le cinéma peut apporter. A vous de voir…
Avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Alexandre Tharaud…
Dans une petite station balnéaire un peu ringarde de la côte picarde, une mère et sa fille ont loué un appartement pour passer une semaine de vacances. Dès leur premier séjour à la plage, elles se font brancher par des jeunes mecs du coin. La mère, la quarantaine sexy et séduisante, apprécie tandis que sa fille, adolescente évanescente mais apparemment plus mûre que sa mère, se méfie. Toute la semaine va se dérouler ainsi : la mère est quasiment prête à tout pour les bras d’un homme, sa fille reste plus discrète et plus exigeante. Sylvain, leur propriétaire, échangerait bien son quotidien pour partager quelques instants avec une femme. N’importe laquelle…
Un monde sans femmes, c’est d’abord et avant tout, l’incapacité d’un homme à partager l’amour. Le film (un moyen métrage) est d’ailleurs précédé d’un court-métrage, Le naufragé, bien meilleur, où l’un des personnages principaux interprété par le même Vincent Macaigne, joue le même rôle. Celui d’un homme mal dégrossi mais gentil, maladroit avec les femmes qui compense en bouffant, en jouant aux jeux vidéos… Mais, c’est aussi le désespoir d’une femme en permanence dans le registre de la séduction que consomme les hommes sans s’y attacher. Le constat est cruel, le film beaucoup moins. Sans la légèreté d’un Rohmer, il traite aussi de la ronde de l’amour sans pesanteur. On l’attend dans un prochain film sur la longueur… A noter: Vincent Macaigne, l’interprète des deux courts-métrages, vient de remporter le Grand prix du Festival International de Clermont-Ferrand, avec Ce qu’il restera de nous, dans un registre plus violent.
Avec Vincent Macaigne, Laure Calamy, Constance Rousseau, Laurent Papot
Un ami M., critique culturel dans un hebdo, m’avait donné rendez-vous, un sourire au coin des lèvres, pour venir avec lui à la projection de La femme qui aimait les hommes. En anglais, le film s’appelle The Slut, ce qui est autrement plus évocateur, plus alléchant. The Slut, la traînée, la salope qui devient en français politiquement correct, La femme qui aimait les hommes.
La gourmandise de M. m’amusait. Car, plusieurs indices me disait qu’il avait fait fausse route. L’attachée de presse, d’abord, qui a plutôt en catalogue des films d’auteurs ultra-pointus, jamais racoleurs. Le fait que le film ait été projeté à la Semaine de la Critique en 2011 et enfin que le projet soit un pur produit de la Cinéfondation, ce laboratoire de futurs talents cannois généralement peu portés sur la chose… enfin si, mais jamais de façon publique, et surtout jamais en faisant des films sulfureux, porno sur les bords ou sensuellement torrides. Et cela, d’autant mois que derrière le nom ambigu du metteur en scène, Hagar Ben Asher, se cache une actrice israélienne.
J’avais raison. Pour faire court, cette femme qui aime les hommes est effectivement une femme à la sexualité libérée, qui couche avec tout un tas de types à condition qu’ils ne s’attachent pas mais peine à se satisfaire d’un seul homme qui l’aime.
Sauf que la fameuse croqueuse d’hommes est une fermière, vendeuse d’oeufs à la campagne, qu’elle se balade en vélo, en bottes en caoutchouc.. et est donc assez éloignée du stéréotype de la bombe sexuelle!!! Sans compter que le film est un peu ennuyant, malgré quelques belles scènes de sexe.
M. est donc reparti avec le sentiment de s’être fait avoir! Beau joueur, il l’a même écrit sur Facebook!
Le film n’a évidemment pas l’ambition de « défoncer » le box-office de l’été. Mais, sur un malentendu, on ne sait jamais, ça peut marcher…
Tout avait très bien commencé. Marie avait convaincu Dimitri Speranski de l’embaucher dans sa société et elle était immédiatement tombée amoureuse de Paul, son fils. Pourtant, quand elle se réveille le jour de ses 40 ans, Marie a tout oublié… ou presque. Elle ne se souvient que de sa rencontre avec Paul mais absolument pas des 15 années qui ont suivi. C’est à peine si elle reconnaît Adam, son fils, l’appartement majestueux où elle habite, le bureau de Paul, son poste prestigieux à la tête de la société Speranski, ses collaborateurs, sa vie…
Pour son premier film en tant que réalisatrice, Sylvie Testud a choisi d’adapter le livre éponyme de Frédérique Deghelt mais n’a pas opté pour la facilité. Car, rien ne semblait moins cinématographique que cette brutale amnésie qui pousse cette femme fatiguée à remettre en cause son existence passée. C’est d’ailleurs une des limites de la première partie du film. Quand Marie, interprétée par une Juliette Binoche qui en fait des tonnes (et c’est dommage), se réveille ce matin-là, quand elle découvre son fils (beaucoup trop parfait, quasiment tête à claques!) et se rend compte de sa vie quotidienne d’alors, le film est vraiment poussif. On traîne dans une interminable succession de scènes pseudo-comiques qui sont d’un bien faible intérêt. En revanche, dès que l’on comprend que ce choc traumatique est aussi et surtout le fait de sa rupture amoureuse d’avec son mari, le dessinateur Paul, brillamment et sobrement interprété par Mathieu Kassovitz (quel acteur! ), le fait qu’elle lui ait imposé le divorce dans l’exigence d’efficacité qu’est devenue sa vie, quand elle chancelle en comprenant la nouvelle de la mort de son père, le film prend alors une dimension dramatique, juste, touchante, émouvante même. On délaisse alors les à-priori négatifs qui nous avaient fait rejeter cette Juliette Binoche à contre temps, pour prendre en empathie cette femme brusquement usée, sans repère… Impossible alors de ne pas s’identifier à cette battante qui a brûlé sa vie par désir de réussir et qui s’aperçoit que celle-ci a un prix, fort, très fort même et qu’elle aurait sans doute dû avoir la sagesse de prendre du recul pour ne pas gâcher ce qui, finalement, lui était le plus cher.
Voilà bien plus que 3 ans que l’on attendait que Frédéric Beigbeder s’exprime sur grand écran. Certes, il avait déjà signé l’adaptation de 99 francs, quelques apparitions, des scénarios et un paquet de pubs. Cette fois, il passe aux commandes.
On lui sait gré d’ailleurs de ne pas s’être précipité sur le premier miroir aux alouettes venu. A 46 ans, un peu calmé sans être complètement rangé des voitures, le trublion du monde littéraire français, le dépoussiéreur de talents, le fêtard invétéré, le maître de la frustration maîtrisée, l’amoureux de l’amour revendiqué saute le pas. Sans trop de risques puisqu’il adapte un roman qu’il connaît bien pour l’avoir écrit. Et vécu.
Dévasté par son divorce après 3 ans d’amour, Marc Marronnier, un critique littéraire et chroniqueur nocturne qui ressemble en tout point à Beigbeder, rencontre sans s’y attendre une tourbillonnante créature, Alice. Autant lui est désabusé par la vie, mais surtout par le mariage ou les amours ratées, autant elle est belle, virevoltante… vivante. Bref, et alors qu’il vient d’écrire un best-seller sur ses doutes, il commence une passion. De trois ans, sans doute.
Beigbeder avait raison de se méfier de ce cadeau empoisonné que lui offre sa notoriété, ses réseaux etc… Mais, comme il est bien plus intelligent que ça, il a réussi à déjouer quasiment tous les pièges pour signer un premier film dont il peut légitiment être fier. Il est inventif quand il met en scène ses propres citations dans une ronde séduisante, perspicace quand il traite l’amour en sujet scientifique, surprenant quand il revendique ses goûts cinématographiques et tête à claques quand il médite ou cite un peu trop ses références (nous aussi on adore Michel Legrand mais bon) … Non content de savoir nous toucher avec son héros bancal, il organise des joutes verbales avec un talent comique qu’on lui reconnait volontiers et un art du dosage pertinent. Bref, ce galop d’essai est une réussite. La sienne surtout.
avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust, Joey Starr, Jonathan Lambert, Frédérique Bel, Nicolas Bedos, Bernard Menez, Annie Duperey, Valérie Lemercier
La guerre est déclarée, c’est celle que Valérie Donzelli et son compagnon déclarent à la maladie de leur fils. A moins que ce ne soit la maladie qui leur donne cette urgence à vivre.
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