La fabuleuse Gilly Hopkins
Un film tous publics mais pas mièvre sur l’adoption. Voila La fabuleuse Gilly Hopkins de Stephen Herek, qui révèle la jeune actrice canadienne Sophie Nélisse.
Un film tous publics mais pas mièvre sur l’adoption. Voila La fabuleuse Gilly Hopkins de Stephen Herek, qui révèle la jeune actrice canadienne Sophie Nélisse.
Il est étrange, Stephen Frears. Capable des meilleurs films comme des moins bons, surfant avec une boulimie rare d’un sujet à un autre sans qu’il y ait le moindre rapport entre eux comme s’il manquait de discernement.
« Philomena » est donc une production de basses eaux. Une page vite tournée, un sujet traité avec un certain sens de l’artisanat mais sans grande conviction. Au contraire de certaines perles qu’il a pu signée auparavant dont le merveilleux « Mme Henderson présente » avec déjà Judy Dench. Après avoir campé dans ce sublime hommage aux cabarets de l’entre deux guerres une veuve riche et audacieuse, Judi Dench joue ici une infirmière à la retraite, de condition fort modeste, hantée par un drame affreux.
Alors qu’elle était jeune fille, dans la très catholique Irlande des années 1950, elle a fauté et eut un enfant de cette union furtive. Emprisonnée dans un couvent – et l’on sait depuis « les Magdalene Sisters » de Peter Mullan quel enfer était réservé aux jeunes filles dans ces établissements-, Philomena est traitée en esclave, à la buanderie, et a le droit de voir son fils une heure par jour… jusqu’au jour il est adopté, sans son consentement à elle.
Voilà 50 ans que ce fils est né, et Philomena n’a plus eu la moindre nouvelle de lui depuis les années 1950. A la faveur d’une rencontre inattendue avec un journaliste désabusé et arrogant, elle va mener l’enquête et ce qu’elle va découvrir est particulièrement surprenant. A son contact, le journaliste va apprendre à la considérer, elle et ses convictions religieuses et terre-à-terre qui sont à mille lieues de son univers quotidien.
Si l’histoire de la quête est assez captivante, puisqu’avec Philomena, on va peu à peu découvrir qui était ce fils manquant (et elle a de la chance, il a eu un parcours hors du commun – le film est paraît-il tiré de faits réels), Frears rend ici le service minimum : la réalisation est banale, sans efforts, les personnages campés dans leurs attitudes et leur alliance de circonstances dégage juste ce qu’il faut pour rester polie.
Alors que les deux sujets majeurs (la quête du fils, l’atrocité religieuse) prêtaient autant à se poser des questions qu’à soulever des émotions, rien ne transparaît ici. Seul, le dandysme débonnaire de Steve Coogan, producteur, co-auteur et interprète du film, fait plaisir à voir. On attendait plus… même si le film a été récompensé du prix du scénario au Festival de Venise 2013 (une récompense étrange car le scénario n’a rien d’exceptionnel). Espérons, après ce passage à vide amorcé après « The Queen » en 2006, que Frears retrouve l’inspiration pour le biopic consacré à Lance Armstrong qu’il prépare actuellement. Wait & see…
2013 – Grande-Bretagne/ Etats-Unis – 1h38
Qu’il y a–t-il de pire qu’un comique que l’on a pu chérir, en manque totale d’inspiration ? Autant la médiocrité d’un drame suscite parfois l’indulgence, autant une comédie ratée, pas drôle, maladroite laisse un souvenir amer, une conclusion radicale du style « on ne m’y reprendra plus » !
Valérie Lermercier dont on aimait le sketchs, les apparitions et même les premiers pas (voire les suivants) au cinéma, n’a plus le feu sacré. Elle se met en scène ici, en rédactrice en chef du magazine Elle (une rumeur persistante prétend qu’elle en a toujours rêvé). Du début jusqu’à la fin du film, elle est tiré à 4 épingles, portant jusqu’au budget d’un film (un court-métrage, ok) sur le dos, partageant son luxueux appartement du 7e arrondissement de Paris avec un galeriste d’art contemporain, joué par Gilles Lellouche.
Tout irait pour le mieux dans leur vie ultra-privilégiée, s’ils n’avaient décidé d’adopter un petit russe, Aleksei, 7 ans. Sauf que la demie mondaine en Louboutin a beau avoir une horloge biologique qui la rappelle à l’ordre, on ne lui a donné ni le mode d’emploi pour s’occuper d’un enfant, ni l’instinct maternel. Que faire de ce gamin qui ne lui plait pas, dont elle ne veut plus et qui lui pourrit la vie et sa carrière ?
Raconté comme ça, le film paraît presque intéressant. Ce qu’il n’est jamais à l’exception d’une ou deux scènes gimmick rigolotes (la déception à l’aéroport, la traversée du défilé). C’est misérable d’autant que le film est une véritable faute de goût du début à la fin, une mondanité bling-bling complètement hors de propos, dépassé, démodé, caricatural… encore plombé par une absence totale de rythme dans les gags et les répartis. Pitoyable !
Seuls Gilles Lellouche et Bruno Podalydès défendent comme ils peuvent une partition plombée, terne, sans talent. Aussi mauvais et daté que les derniers Chatillez. C’est dire…
2013 – France – 1h38
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