J6- 75e Festival de Cannes
En ce J6- 75e Festival de Cannes, les femmes, devant ou derrière l’écran et la caméra, sont à nouveau sur le devant de la scène.
En ce J6- 75e Festival de Cannes, les femmes, devant ou derrière l’écran et la caméra, sont à nouveau sur le devant de la scène.
Voici le 10e rôle d’Adèle Exarchopoulos au cinéma, celui qu’elle a endossé juste après celui de La Vie d’Adèle qui l’a révélée au monde entier. Mais, autant chez Abdellatif Kéchiche, c’était elle la vedette, autant, ici, elle n’a qu’un rôle extrêmement secondaire qui se résume à quatre ou cinq séquences. Difficile donc de la juger sur la suite de sa carrière.
Le premier rôle est celui de Chérif, tenu par l’impeccable Reda Kateb, qui s’est en train de s’offrir une des carrières les plus intéressantes du jeune cinéma français. On vient de le voir dans Guillaume et les garçons à table de Guillaume Galienne, dans Hippocrate de Thomas Lilti, dans Loin des hommes aux côtés de Viggo Mortensen… Révélé dans Un prophète de Jacques Audiard, consacré dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, il sera à l’affiche de Lost river de Ryan Gosling qui sortira en France en février 2015. Des bons choix donc, pour un acteur qui continue à affirmer son talent avec la même constance des deux côtés de l’Atlantique.
Reda Kateb est donc Chérif, un jeune trentenaire grandi dans le Zup-Sud de Rennes. Après un échec en fac de médecine, il tente pour la quatrième fois le concours d’infirmier. Pour s’y préparer, en secret, il est revenu vivre chez ses parents, dans son quartier d’enfance et vient d’accepter un boulot de vigile au supermarché du coin. Ses copains se moquent de lui, leurs petits frères encore plus, le cherchant constamment quand il est à son poste. Rien de grave mais leur provoc’ est incessante.
Alors que le ciel semble s’éclaircir au-dessus de sa tête – il tombe même amoureux de la belle Jenny (Adèle Exarchopoulos) – , il est mêlé à une embrouille avec un pote d’enfance peu recommandable. S’en sortira-t-il ?
Ce premier film de Marianne Tardieu prend le temps de poser le décor, lentement. On suit donc à la trace (et c’est un peu étouffant) Chérif dans le moindre de ses déplacements, dans ses trajets, dans sa solitude et dans sa détermination… sans pourtant, que ces séquences soient riches de sens et convaincantes, et cela même si ce parti pris fini par se justifier à la toute fin. Il est cerné.
Certes, mais il aurait été tout aussi intéressant d’en savoir plus sur lui, sur ce qu’il ressent dans ses interactions, non pas seulement avec ses potes d’enfance, dont il commence malgré tout à s‘éloigner, mais avec sa famille chez qui il est revenu vivre ou avec ses nouveaux collègues. Et à ne jamais vouloir quitter cette perspective, le film ne laisse pas beaucoup de respiration : comme il est court, cela reste un atout.
Quant au sujet, peut-on s’extirper de son environnement social, culturel ? Pas sans y laisser de plumes, répond Marianne Tardieu. Ce qui est sans doute vrai, mais pas très original non plus. Malgré tout, ne serait-ce que pour Reda Khateb, ce portrait filmé vaut le détour. Un bon début donc…
2014 –France – 1h23