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Simple comme Sylvain

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Avec Simple comme Sylvain, Monia Chokri donne un coup de neuf à la comédie romantique. Bien écrite et bien jouée, elle interroge aussi les stéréotypes de classe et de genre avec beaucoup d’humour. 

D’amour et d’eau fraîche

Avec Xavier, Sophia mène une vie tranquille, si tranquille qu’ils investissent dans une résidence secondaire, un chalet comme on dit au Québec. Leur couple sans histoires, bien équilibré, composé de deux personnes qui se sont assemblées parce qu’elles se ressemblent, va pourtant voler en éclat à cause de ce fameux chalet. 

Magalie Lépine-Blondeau (Sophia) et Pierre-Yves Cardinal (Sylvain)

La maison est un peu rustique, et le couple décide d’y faire des travaux. Débarque alors Sylvain, sorte d’homme des bois à la séduction brute mais entière. Et, en moins de temps qu’il suffit pour refaire l’électricité, Sylvain conquiert Sophia. Habituée à n’être qu’un esprit, la prof de philo cérébrale prend enfin conscience qu’elle a aussi un corps. Ce que Sylvain va s’évertuer à lui rappeler aussi souvent possible. Sophia n’a jamais connu une tornade pareille. Sylvain est amoureux, simplement. Mais leur couple aussi amoureux soit-il peut-il survivre ? Leurs familles et amis respectifs vont se charger de leur rappeler à quel point ils sont mal assortis. 

Fi aux stéréotypes !

Monia Chokri réussit le tour de force d’une comédie aussi romantique que drôle. Dans la grande tradition du cinéma classique américain, sauf qu’elle le fait en se servant des travers de nos sociétés contemporaines, elle s’appuie sur le principe de deux personnages que tout oppose et qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Elle prend le soin de les caractériser finement alors qu’ils sont des stéréotypes de notre époque. 

Magalie Lépine-Blondeau (Sophia) et Pierre-Yves Cardinal (Sylvain)

Sophia campe ainsi une prof ambitieuse qui , dans ses cours, aborde l’amour par le prisme des grands philosophes. C’est riche d’enseignement et une fort belle idée de mise en scène et en perspective de ce qu’elle vit. Pour une fois, elle accepte de se laisser aller aux sentiments et aux sensations. Sylvain, lui, est primaire, mais intelligent et capable de tout ce qu’une femme d’aujourd’hui attend d’un homme amoureux : il est à la fois bon amant, généreux, convaincu de son amour, beau gosse et surtout ni égo-centré, ni dévoré par ses névroses. Entre eux, c’est l’étincelle. Sauf qu’un couple, en plus d’une intimité partagée, a aussi un rôle social, et qu’il est difficile de convaincre les autres de la force de ce qui unit deux amants. 

Simple comme Sylvain, compliqué comme un dîner de famille

A travers des scènes de dîners, de rencontres avec des amis ou la famille de l’un et l’autre, Mona Chokri s’intéresse à la manière dont cette relation pourtant idéale au départ va se déliter sur l’autel de leur entourage. Elle le fait habilement, sans jugement, ni cynisme, sans condamner aucun de ses personnages et ne se concentrant sur le point de vue féminin. C’est notamment le cas dans les scènes de sexe qui sont filmées à travers les yeux de Sophia, sans aucun male gaze donc.

Pierre-Yves Cardinal (Sylvain) et Magalie Lépine-Blondeau (Sophia)

Littéralement porté par ses interprètes – au premier rang desquels Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal qui campe le couple-phare, la moins performante étant sans doute Monia Chokri qui s’est donné un second rôle en restant fort concentrée sur la réalisation et le scénario-, Simple comme Sylvain se savoure comme un bonbon, parfois acidulé. Une vraie réussite !

De et avec Monia Chokri, Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume…
2023 – Canada-  1h50

Simple comme Sylvain de Monia Chokri était en Sélection officielle -section Un certain Regard au Festival de Cannes 2023.

©FredGervais
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