Sauvage
Plongée au cœur de la prostitution masculine, Sauvage de Camille Vidal-Naquet, ne l’est que par son sujet. Ce premier film est le seul français en compétition à la Semaine de Critique 2018 et en compétition au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2018. Son interprète principal, Felix Maritaud, est reparti à chaque fois avec le prix d’interprétation mérité.
Pas d’amour
Est-il donné d’aimer et d’être aimé quand on se prostitue ? Non répond Sauvage, le premier film du réalisateur Camille Vidal-Naquet. Il est le seul film français retenu à conquérir à la Semaine de la Critique 2018.
Son principe est simple. Suivre le parcours chaotique de Léo, un jeune drogué, accro au crack et à la santé vacillante, qui se prostitue. Pour survivre? Pour se payer sa dope? Ou parce qu’il ne sait rien faire d’autre ?
A la dérive
On ne saura pas vraiment même si plusieurs pistes sont évoquées. Autant les scènes de sexe sont filmées de manière relativement crue, autant la manière dont Léo vit n’est finalement jamais abordée : on ne sait rien de lui, ni d’où il vient, ni ce à quoi il aspire. A part cette quête démesurée d’amour qui l’entraîne toujours un peu plus bas.
On le voit comme si l’on était son client, à peine plus. Ce regard n’est pas dérangeant, il est juste inintéressant. Et les rares choses que l’on en apprend plus sur lui – sa quête d’amour, ses rendez-vous chez le médecin… – ne suffisent pas à mieux le cerner.
Absent plus que sauvage
Léo est un personnage vide -même le sujet de l’estime de soi est mal traité – sale (répugnant même – il ne se lave jamais, sauf dans un caniveau). Il est paumé mais pas déglingué, sdf mais pas toujours… Il n’a pas de passé et pas d’avenir. Et cette errance, malheureusement, vaine, ne permet jamais d’avoir de l’empathie pour lui. Il nous est indifférent, à peine bon à combler les défaillances affectives de certains.
Présent dans chaque plan, Félix Martinaud qui interprète Léo, se débat comme il peut pour donner corps à cette absence. Mais, son personnage évolue trop peu et trop mal pour qu’il s’impose. De plus, la réalisation trop modeste, coincée entre un volonté documentaire et la nécessité de suivre son héros, est sans relief.
Une seule scène est à sauver (mais vous en savez déjà trop) : la scène d’ouverture surprenante et qui contient par défaut tout le film en elle.
De Camille Vidal-Naquet, avec Felix Maritaud, Eric Bernard, Nicolas Dibla, Philippe Ohrel…
2017 – France – 1h37
Felix Maritaud a reçu le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation dans le cadre de la Semaine de la critique 2018 et le Valois Adami du meilleur acteur au Festival du Film Francophone d’Angoulême. Il sortira en salle le 29 août 2018.