Donner la vie, c’est aussi adoucir la mort. Voilà le propos de Sage femme de Martin Provost. Un film étrange avec Catherine Frot et Catherine Deneuve.
A la vie, à la mort
Toutes les fées ne se sont pas penchées sur le berceau du nouveau film de Martin Provost (Séraphine). Loin de là. Surtout sur son scénario d’ailleurs.
Claire (Catherine Frot) a dédié sa vie à son métier. Elle est sage femme et réagit parfaitement quand on lui balance le cliché « ça doit être génial de voir naître tous ses bébés ». Claire a aussi un fils qui sera, elle l’espère, chirurgien. Sinon, elle s’occupe de son jardin en bord de Seine et sa vie s’écoule sans surprise.
Sage femme, femme sage ?
Jusqu’au jour où une certaine Béatrice s’invite dans sa vie, ou plutôt se ré-invite. Béatrice (Catherine Deneuve) est l’opposée de Claire. Fantasque, sans attaches, elle brûle la vie par tous les bouts. Et encore plus aujourd’hui qu’elle a peur de mourir. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à reprendre contact avec Claire qu’elle avait bien connue il y a longtemps.
Tout le film consistera donc à revenir sur ces liens lointains qui ont unis Claire et Béatrice et sur ce qui va nourrir leur relation aujourd’hui. À vrai dire, on comprend mal ce qui motive Claire à renouer mais on saisit vite l’effet que cela produira elle.
Deux Catherine, un Olivier
Tout le film tient sur la confrontation entre les deux Catherine. Elles sont deux des actrices les plus populaires du cinéma français mais leur popularité est différente. Ce qui peut justifier l’envie de les réussir.
Ici, ça devient presque une faute de goût tant les personnages et les situations manquent de subtilités. Le scénario est truffé de clichés et de fausses bonnes idée. Du coup, on finit par avoir un peu pitié des actrices qui les incarnent. Toutes deux sont parfaites pourtant. Quasi intouchables.
Au regard de ce que le réalisateur leur demande de jouer – l’une s’éveille aux sens, l’autre conduit un poids lourd jaune (!)- on se félicite que ce soient elles qui jouent. Sans elles, le film serait ridicule. A leurs côtés, Olivier Gourmet défend un personnage, dans un registre un poil plus original. A l’inverse, le jeune Quentin Lemaire, si intense dans le film de Desplechin, n’a ici rien à jouer.
Sage-femme et sans finesse
Si ce n’est pour son casting, Sage femme manque si cruellement d’audace et de fonds qu’il ne devrait pas rester dans les annales du cinéma.
De Martin Provost avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet, Quentin Lemaire…
2016 – France – 1h57
Sage femme de Martin Provost était présenté à la Berlinale 2017.
© Michaël Crotto