Rosalie Blum
Pourquoi cette Rosalie Blum fait-elle tant de bien? Comédie du quotidien, le premier film de Julien Rappeneau a l’effet d’un bonbon à la sève de pin. Rassurant, sans prétention, mais un peu trop nostalgique pour susciter un réel enthousiasme.
Choisir enfin sa vie
A Nevers où il coule des jours qui ressemblent aux précédents, Vincent Machot, un coiffeur de son état, étouffe. Oppressé par une mère dominatrice, sans petite amie et avec pour seule compagnie un vieux chat à qui il se confie, il va faire d’un banal hasard le rayon de soleil de sa vie et de tous ceux qui se trouveront engagés dans cette histoire, plus ou moins malgré eux.
Rosalie Blum est précédée une belle forte réputation, captée dans tous les festivals où il a été présenté. On compare même son effet feel good movie à celui d’Amelie Poulain. C’est dire.Sans doute parce qu’il semble emprunt du même parfum de nostalgie ou plutôt d’une sorte d’intemporalité française, puisqu’il se passe de nos jours. Mais loin de notre monde actif, survolté, hyper-connecté.
L’aura magique de Rosalie Blum
Rosalie Blum, interprétée par Noémie Lvovsky qui s’affirme une fois de plus comme un des tempéraments les plus intéressants du cinéma français en tant actrice et réalisatrice, a cet effet positif sur ceux qu’elle croise, même si elle a connu aussi son lot de déconvenues. Une sorte d’aura magique qu’elle n’encourage jamais mais qui a pour effet d’embellir la vie de ceux qu’elle croise. Sans doute parce qu’elle ne cherche rien, qu’elle est un peu revenue de tout sans être blasée ni amère.
Vincent ( Kyan Khojandi) lui, a de quoi être amer. Coincé dans une vie que sa mère (Anémone) a décidé pour lui et dont il n’arrive pas à s’extirper, il perçoit en Rosalie Blum le moyen de se réapproprier son existence.
Un film moyen mais qui fait du bien
Si l’intrigue qui nait de cette situation, adaptée de la BD de Camille Jourdy est inattendue, osée et intéressante- on reconnaît à Julien Rappeneau, fils de Jean-Paul, un talent à raconter des histoires et à décrire l’ennui, la banalité du quotidien sans nous ennuyer, il n’est pas (encore) un grand cinéaste. Avant tout scénariste de Largo Winch, de Faubourg 36 ou de Cloclo, il n’a pas d’univers visuel à lui comme l’aurait un Jean-Pierre Jeunet.
Son filmage est classique, banal comme sa mise en scène, sans relief, il s’en aperçoit d’ailleurs et comble par une musique répétitive bouche-trou les scènes les moins denses. Ce qui pénalise beaucoup son sujet qui tient sur un fil. Mais son succès public annoncé devrait l’encourager à s’améliorer sur ce point pour son prochain opus.
De Julien Rappeneau, avec Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky, Anémone, Alice Isaaz, Sara Giraudeau…
2015 – France – 1h35