Faut-il sauver les autres pour se sauver soi-même ? Sur un thème souvent rabattu, Julie Navarro mène avec intelligence Quelques jours pas plus, un premier film intéressant et pas convenu. On y court !
Mains tendues
Un critique de rock borderline est puni par son journal. Arthur Berthier (Benjamin Biolay) est rapatrié aux infos générales et envoyé dans un camp de migrants en train d’être évacué par la police. Dans la pagaille, il est frappé et touché à la tête. L’association qui assistait les migrants sur place prend soin de lui tout en lui confiant un afghan à accueillir chez lui. Sans en faire trop, Arthur héberge Daoud et finit par prendre soin de lui. Progressivement, le journaliste s’intéresse de plus en plus à cette association humanitaire qui se démène nuit et jour pour apporter de l’aide aux migrants. Il faut dire que l’une des responsables, Mathilde (Camille Cottin), le fascine complètement.
Dit comme ça, une romance sur fond d’humanitaire, Quelques jours pas plus pourrait faire peur. À tort. Le scénario est si finement écrit, les personnages si bien définis que le tout se tient en un parfait équilibre entre le sujet, fort, impactant, la bonne conscience forcément et la surprise.
Quelques jours pas plus, un premier film percutant
Aux commandes de ce premier film, une distribution hors pair. Il faut dire que la réalisatrice, Julie Navarro, faisait du casting auparavant. Mais, sur ce coup, elle ne s’est pas loupée. L’inédit duo Benjamin Biolay et Camille Cottin fonctionne à merveille, lui en lymphatique égoïste qui finit par retrouver goût en la vie en laissant de côté ses démons, elle, en inépuisable humaniste qui ne cède devant aucun obstacle mais sait s’adoucir aux contacts des autres. Et tous les autres rôles sont aussi judicieusement pourvus.
Mais c’est avant tout l’écriture qui frappe : convaincante, drôle, subtile, elle ose autant la romance que le discours politique ou humanitaire, avec leurs conventions et leurs personnages prévisibles dont le scénario sait aussi se moquer à l’occasion. Tout en restant juste quand il s’égare dans la rédaction de journal ou dans un centre d’aide aux migrants. Quelques jours pas plus est une excellente surprise, la bonne facture d’un cinéma français sincère mais pas donneur de leçon tel qu’on aimerait le croiser plus souvent.