Promising young woman d’Emerald Fennell a déjoué les pronostics en s’invitant dans la short-list de l’Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation. C’est prometteur ! Ce premier film a finalement remporté l’Oscar du meilleur scénario original. Et là, on se demande bien pourquoi.
La vengeance d’une femme
Promising young woman commence fort. Une belle jeune femme est échouée apparemment plus que saoule sur le canapé d’une boîte de nuit. Parmi les jeunes hommes qui la regardent et commentent son comportement, l’un d’eux propose de la raccompagner. Elle accepte. Dans le taxi, il l’invite à un dernier verre qui se transforme vite en tentative de viol. Elle se réveille tout d’un coup. Et l’on comprend donc que c’était un piège.
Cassie poursuit sa quête, barrant le soir sur un cahier épais les tâches accomplies. En parcourant le nombre de bâtons cochés, elle nous montre que cette quête dure depuis longtemps, très longtemps. Et qu’elle lui a sacrifié sa vie.
Le destin brisé d’une Promising Young Woman
Cassie avait pourtant tout pour elle. Elle était brillante, ravissante. La Promising Young Woman (la prometteuse jeune femme ndlt), c’est elle évidemment. Étudiante en médecine, elle briguait toujours les premières places. Mais une soirée qui a mal fini en a décidé autrement.
Depuis, elle est serveuse dans un coffee shop minable. Et elle fomente sa vengeance jusqu’au jour où un ancien étudiant de sa promo la reconnaît. Le propre des revenge movies étant la qualité des twists des scénario, impossible d’en dire beaucoup plus.
La culture du viol dénoncée
Mais justement penchons un peu plus sur ce scénario. Sa première bonne idée est bien sûr de traiter de cette culture du viol pour en mesurer les dégâts et dommages sur les victimes. En cela, l’intrigue est formidable.
Dommage toutefois qu’on ne comprenne pas mieux, non pas ce qui s’est passé. C’est parfois bien de laisser à l’imagination toute sa place. Mais pourquoi la vengeance de Cassie est si vaste ? Pourquoi s’attaque-t-elle à n’importe qui ? Si le début du film peut-être jouissif dans sa forme, dans la mise en scène, dans le jeu extraordinaire de Carey Mulligan, difficile de faire le lien avec la suite. Celle de la vengeance viscérale qui la tient et qui, là, devient définie, rationnelle, organisée et vraiment tournée vers qui de droit.
Deux films en un
En résumé, le film se décompose donc en deux parties. La première sans réel enjeu n’a pas vraiment de sens mais elle est spectaculaire, formidablement bien jouée et bien mise en scène. La seconde est plus construite, mieux justifiée mais beaucoup plus banale. Et, cela, jusqu’à une dernière scène extrêmement punitive et d’une violence rare. Mais, peu judicieuse puisqu’elle va à l’encontre de ce qu’elle dénonce.
Restent un sujet, une mise en scène surtout au début, l’imparfaite justification de l’action de l’héroïne qui est intéressante, les fausses pistes aussi. Et surtout l’audace de cette jeune réalisatrice et scénariste anglaise Emerald Fennell. Enfin, il y a l’incroyable jeu et métamorphose de Carey Mulligan qui aurait 100 fois mérité l’Oscar pour sa prestation.