Pedro Almodovar présidera le jury du 70e Festival de Cannes
C’est Pedro Almodovar qui sera le président du jury du 70e Festival de Cannes. Un honneur (très) tardif mais mérité.
Une réhabilitation tardive
Le Festival de Cannes peut reconnaître un vrai raté. Celui d’être passé complètement à côté de Pedro Almodovar et de son oeuvre majeure. Surtout dans les années 1980, à l’époque où il était innovant et diffusait la Movida dans le monde entier. Au contraire, la Berlinale, la Mostra Venise ou le Festival de Toronto l’ont sélectionné et récompensé dès sa Loi du désir en 1987 ou Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988.
Il n’a été retenu en sélection officielle à Cannes que très tardivement. En 1999, avec Tout sur ma mère, son treizième long métrage ! Il en était reparti avec le prix de la mise en scène et une certaine bouderie. Parle avec elle, son oeuvre suivante, oscarisée et son plus beau film, avait eu les honneurs du très médiocre festival de Paris, disparu depuis. Ce qui lui avait barré la sélection cannoise. Impossible de ne pas y voir un geste de mauvaise humeur ou de rébellion.
Pedro Almodovar à Cannes : un rendez-vous manqué
Après La mauvaise éducation en 2004, Volver lui a apporté un début de consécration cannoise. Pas la Palme d’or qu’il n’a jamais eu, mais un prix du scénario et un prix d’interprétation féminine collectif qui sent la négociation. Ses autres sélections officielles – Etreintes brisées en 2009, La piel que habito en 2011 et Julieta en 2016 – n’ont pas été récompensés. Comme si son heure était passée et la partie la plus décapante de son talent.
Belle réhabilitation (tardive certes) que de nommer Pedro Almodovar à la tête du jury du 70e Festival de Cannes qu’on annonce, comme pour chaque festival du début d’une décennie, comme exceptionnel. Au regard de sa filmographie, on ne peut qu’espérer qu’il fasse la part belle aux femmes comme il l’a fait tout au long de son oeuvre.
Encore un petit effort
Ce sera aussi l’occasion à l’organisation du Festival de Cannes de mettre à jour sa fiche sur le site internet. Il manque une grande partie de sa filmographie et on lui attribue comme réalisateur un film qu’il a produit… On y croit ! Rendez-vous du 17 au 28 mai 2017, sur la Croisette.
© El Deseo D.A S.L.U, photos Nico Buston