Avec Patients, Grand Corps Malade revient sur sa convalescence et sur les forces qu’elle lui a données.
Debout !
Avant d’être un slammeur à succès, Grand Corps Malade a été un jeune homme sportif. Puis, il a été victime d’un grave et très bête accident de plongeon. Ce qui a littéralement changé sa vie. Adieu le basket et sa vocation de prof de gym. Et bonjour l’hôpital et sa longue convalescence dans un centre spécialisé. Ce qu’il a raconté dans un livre et désormais dans ce film.
Patients est un projet construit et cerné. Ce qui est un de ses points forts. Le film commence quand finit l’insouciance de Ben. Allongé sur un lit d’hôpital, il réalise peu à peu que son corps n’est que douleur et qu’il ne peut plus bouger. Or, Ben a 20 ans, il ne rêve que de sport et n’envisage pas de rester immobile le reste de sa vie.
Patients, la découverte d’une nouvelle vie
Il raconte donc par le menu comment il va apprendre à accepter son nouvel handicap, puis à bouger ce corps meurtri. et enfin, comment il reprend goût à la vie en côtoyant des collègues d’infortune à l’hôpital. Lui va y rester un an, le temps de sceller des amitiés solides, pas toujours durables toutefois.
Il y forgera aussi son goût pour la musique, le rap et le slam. Même si on ne le voit pas écrire. Et surtout la patience et la force de pouvoir remarcher et de vivre à nouveau debout.
Patients, l’union donne de la force
Entre les séances de kiné, les maladresses d’infirmière et le l’inquiétude de ses parents, il montre combien chaque étape est une conquête. Il s’attarde surtout sur les relations qu’il entretient avec les autres jeunes gens en convalescence comme lui, avec une réelle pudeur sur les causes de leur état.
Quand il commence à pouvoir se déplacer, il rencontre un groupe de jeunes gens avec qui il prend plaisir à fumer des joints, écouter du rap, picoler un peu, voire partir en piste… Mais, leur amitié doit souvent s’ajuster à leur santé et à celles de leurs émotions. C’est en tout pour elle que Ben opte, même quand il tombe amoureux de la belle Samia.
Patients, les femmes à distance
Le film s’achève quand Ben quitte ce lieu pour reprendre sa vie au dehors. Outre ce temps clos et défini, ce qui est très bien, la réalisation sans être originale est juste, modeste et mise sur le ressenti d’un jeune homme et d’une bande circonstanciée de potes, terrifier à l’idée qu’une jeune fille vienne mettre le boxon dans leur groupe.
Les femmes n’ont pas vraiment le beau rôle, pas le mauvais non plus. Elles font juste partie du paysage et sont maintenues à distance. Tel un élément perturbateur qu’on adorerait approcher mais dont les potes se méfient tant ils en ont peur. Si le film prôné justement la tolérance à l’égard des jeunes gens différents – c’est le message du film – pourquoi n’a-t-il pas la même bienveillance à l’égard des jeunes femmes?
De Grand Corps Malade et Mehdi Idir, avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Franck Falise, Yannick Rénier…
2016 – France – 1h50